J'ai rencontré Valérie via Internet d'abord, via ma formation en ligne "Vivre sa Nature", puis en présentiel, pendant l'Atelier de 3 jours des "Leaders inpirés"...
Valérie comme toutes les personnes que j'accompagne ont un parcours de vie inspirant
qui peuvent impacter le monde...
C'est tout naturellement que je lui ai demandé d'apporter son témoignage, dans mon magazine...

Il m’aura juste fallu du temps pour le comprendre…

Un soir de mars 2006. Je rebute à aller me coucher alors que je dois me lever aux aurores le lendemain pour me présenter à un concours de la fonction publique territoriale pour, enfin, faire reconnaître ma légitimité à ce poste que l’on m’a pourtant confié, et me faire rémunérer en conséquence.

Finalement, me voici allongée dans mon lit, le père de mes filles à mes côtés. Je me sens mal, très mal. Une sorte de liste à la Prévert commence à se dérouler dans ma tête… à l’exception de mes filles, tout y est négatif, oppressant. Je me sens mal dans ma vie professionnelle, mal dans ma vie personnelle, mal dans mon corps que je maltraite depuis tellement longtemps…

Et en sourdine, dans un coin de ma tête, la voix de ma petite de 6 ans : « Bon, papa, tu te tiens bien, hein ! Tu nous fais pas honte ! » C’en est trop ! Je n’en peux plus !!! Sans m’en rendre compte, j’éclate en sanglots, bruyamment. Et quand le père de mes filles se réveille et me demande ce qu’il se passe, je craque et je lui dis que c’est fini, que je m’en vais !

Je passe finalement une bonne partie de la nuit à pleurer – en réalisant que j’avais passé la majorité de ma vie ainsi, 40 ans de tsunami – et au matin, j’appelle ma supérieure pour lui dire que j’ai été malade cette nuit, que je n’irai pas au concours et que je resterai chez moi la journée.

J’ai effectivement divorcé. Je suis partie vivre avec mes deux filles et, à partir de ce jour-là, a commencé pour moi un très long chemin de recherche, de (re)constitution de moi-même.

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Je m’appelle Valérie Guillermet. Ce nom est celui de mon grand-père maternel, car je suis née de ce que l’on appelait à l’époque une fille-mère. Cette position, au milieu des années 60, n’était pas vraiment des plus confortables… Et il m’aura fallu de nombreuses années avant d’en mesurer les cicatrices tatouées sur ma vie.

Fille unique, plutôt timide, qualifiée de « tête en l’air », en réalité grande rêveuse, j’ai passé les premières années de ma vie entre une mère gentille mais peu communicante et peu expansive, un grand-père copie conforme de ma mère – ou plutôt l’inverse, une mère copie conforme de son père – et une grand-mère toujours présente, débordante d’attention et d’amour !

Elle me racontait sa vie, ses épreuves ; la vie d’une façon générale. Elle me couvrait de bisous et me prodiguait les câlins les plus réconfortants du monde ! En me retournant aujourd’hui sur mon enfance, je sais que c’est elle qui m’a tout appris, y compris l’amour et la force. Je lui dois énormément. Elle aura été mon phare, ma mère-veilleuse ! Et elle l’est toujours aujourd’hui. Au-delà de toute croyance, depuis son départ il y a 22 ans, je la sens en permanence présente à mes côtés.

Jusqu’à l’âge de 48 ans, je n’ai rien su sur mon père. Ni qui il était, ni pourquoi il n’était pas là pour moi. Enfant, j’ai posé maintes fois des questions auxquelles je n’obtenais pas de réponse – hormis un jour, à force d’une persévérance usante, qu’il était marié et avait des enfants.

À l’âge de 7 ans, en CE1, alors que je n’avais qu’une seule signature en bas de mon relevé de notes trimestriel quand les autres en avaient deux, mes camarades de classe m’ont pressée de justifier, de fournir des explications. Je pense que je pourrais revivre cet instant jusqu’à la fin de mes jours. Je me suis sentie aculée, comme une bête sauvage. Et comme elle, j’ai attaqué, pour survivre ! Alors, je leur ai expliqué que mon père était pilote de course automobile, et qu’il ne pouvait pas être là pour signer parce qu’il était sur les circuits. Et à cet instant précis, la douleur de son absence a été tellement énorme en moi – comme un gouffre sans fond – que je me suis mise à croire à cette histoire !

Par la suite, les seules BD que j’ai lues – dévorées – ont été celles de Michel Vaillant. Que je possède toujours dans ma bibliothèque.

Mon premier mari était journaliste automobile ; j’ai côtoyé de vrais pilotes automobiles, dont un qui m’a appris à freiner du pied gauche, tout en continuant à accélérer du droi,t pour garder la voiture en ligne droite ; et c’est ce qui m’a permis, un soir d’août 1997, sur la rocade de Toulouse, de sauver la vie de ma première fille, de son père et la mienne, et de donner l’occasion à ma seconde fille de venir au monde. Je t’aime la vie !

Quand un homme colérique, exclusif, qui ne supportait pas qu’on lui résiste et que l’on puisse penser différemment de lui entre dans la vie de ma mère, les choses se compliquent encore. Et quand, en plus, il me demande de l’appeler « papa », moi qui suis incapable de prononcer ce mot, qui suis sans réponses sur le mien et qui en ai fait un mythique pilote de course automobile… Nous aurons vécu ensemble près de 40 ans d’affrontements et de résistance. Lorsqu’il est décédé, j’ai eu besoin d’aller le voir à la morgue, pour vérifier qu’il était bien parti, que c’était bien fini.

Mon parcours scolaire a été plutôt chaotique. Grande rêveuse, je l’ai dit, je ne rentrais pas dans les cases prévues par l’Éducation nationale. Avec le recul, je comprends que tout simplement je ne trouvais pas à l’école ce que je venais y chercher. Et encore plus, formatée par toutes les réflexions et moqueries entendues depuis ma plus tendre enfance – « mais qu’est-ce que tu peux être tête en l’air ? » ; « mais qu’est-ce qu’on va pouvoir faire de toi ? » ; « un enfant né d’une union illégitime est un bâtard »… Propos d’une institutrice pendant une leçon d’histoire ! Et autres… – J’ai rencontré mon plus fidèle ami, totalement infaillible : le syndrome de l’imposteur !

Et pourtant, en dehors de l’école, fille unique avec un parent seul, il m’a bien fallu me débrouiller. Et à ce jeu, j’étais plutôt bonne. Cela m’a même valu, en son temps, dans une de mes expériences professionnelles, le surnom de McGyver, et de résister à 3 réductions salariales successives, suite à une fusion de mon entreprise avec une autre ; juste parce que j’étais la seule à savoir dépanner le fax, les ordinateurs et les imprimantes, à me servir du gros photocopieur/relieur, et qui trouvais toujours des solutions aux situations les plus diverses que l’on rencontre en cas de réduction des effectifs mais pas des missions.

Mon corps… enfant, je mangeais peu, et pourtant j’étais déjà rondelette. Malgré une adolescence très sportive, j’étais ronde. Avec un grand tronc et des petits membres. Avec la sensation de ne pas avoir grandi jusqu’au bout. Passionnée de danse, j’ai toujours souffert de ne pas avoir eu le corps pour.

Comme beaucoup dans mon cas, j’ai expérimenté à peu près tous les régimes. J’ai même par trois fois perdu un nombre relativement important de kilos et de tailles (18, 24, puis 12 kg). J’ai réussi à ne jamais remonter au poids – horrible, et à la fois protecteur et destructeur – atteint avant mon divorce, mais je n’ai jamais pu me maintenir à mon poids de forme, celui auquel je me sens bien et en pleine forme !

J’ai également testé différentes thérapies brèves à ce sujet. Certaines m’ont permis de prendre conscience d’un certain nombre de choses. Mais pas suffisamment pour résoudre mes disfonctionnements pondéral et surtout morphologique. J’ai principalement compris qu’à chaque fois que j’allais mal dans ma vie, je prenais du poids. Un véritable baromètre !

Après mon divorce donc, j’ai commencé à faire le point sur ma vie, sur mes blocages ; ce qui me plaisait et ce qui ne me plaisait pas ou plus ; ce que je ne pouvais plus supporter ; ce sur quoi je ne pouvais plus transiger ; et les réponses à mes questions qui, à ce stade, me devenaient indispensables, vitales.

Je me suis mise à lire tous les livres de développement personnel et de psycho qui me passaient dans les mains et qui m’inspiraient un tant soit peu. Merci les résumés ou extraits des 4e de couverture. Merci aux copains qui ont eu le nez fin, surtout un. Et merci à la vie pour les coups de pouce aussi.

Je me suis tournée vers des psychologues pour m’aider à avancer. Mais seuls des psychologues au fonctionnement « hors cadre » m’ont permis d’ouvrir des portes. Alors naturellement, j’ai éprouvé le besoin d’aller chercher ailleurs.

Et notamment, j’ai commencé à écouter les vidéos motivantes de David Laroche. Puis, d’autres, de motivation, de développement personnel, de neurosciences, de quantique, de leadership ; et des webinaires en tous genres. Et j’ai découvert Caroline Gauthier lors de l’une de ses webconférences.

Entre temps, j’ai rencontré un autre homme, avec qui j’ai quitté la région parisienne pour m’installer au bord de la méditerranée. Lors de ce changement de vie, il m’a paru évident que je ne pouvais plus exercer une activité salariée. Il m’a fallu quelques années de plus, pour percevoir également que j’exerçais un métier qui ne me correspondait pas, et que j’avais au fond de moi un besoin vital de trouver quelle était ma mission de vie !

J’avais un besoin viscéral de donner du sens à ma vie ! Mais pour cela, il faut se connaître. Et moi, en fin de compte, je ne me connaissais pas. Ou plus exactement, je n’avais pas le sentiment d’exister. Et déjà d’être entière. Je me sentais morcelée, en mille morceaux… façon puzzle (à prononcer ‘pUzzle’ et non ‘pezzle’, en référence aux Tontons flingueurs). J’ai compris depuis peu pourquoi cette phrase avait toujours résonné en moi à chaque fois que je l’entendais.

En 2017, je suis épuisée de toutes ces recherches. J’ai beaucoup appris déjà, collecté beaucoup d’indices, mais je ne sais pas toujours quoi en faire. Je sens qu’il me manque quelque chose.

Ma vie de couple bat de l’aile. Je sais que la dépendance affective a été à l’origine de notre rencontre. Je sais aussi que la vie nous a placés sur le chemin de l’autre pour nous faire évoluer mutuellement. Je ne sais pas exactement encore, mais je commence à sentir que nous arrivons à la fin de notre chemin commun.

Ma vie professionnelle est bouchée, ma vie personnelle est vide de sens, ma vie de couple s’émiette irrémédiablement. Je sens bien que je ne « rentre pas dans les cases ». Je me sens différente, j’ai souvent la sensation de venir d’une autre planète, de ne pas être « câblée » comme la majorité des gens. Pas d’être mieux ou moins bien – quoi que, finalement, j’ai beaucoup dansé avec « moins bien » – mais juste d’être différente.

Je sens en moi un besoin viscéral de donner du sens à ma vie, de contribuer à quelque chose de grand ; mais comment pourrais-je trouver à quoi ? Moi qui n’arrive déjà pas à trouver qui je suis !

Bref, ça y est, j’y arrive. J’en ai marre d’en avoir marre ! Suffisamment marre d’en avoir marre pour enfin me décider à bouger et à chercher des solutions.

Lors d’une webconférence, Caroline nous présente sa formation Vivre sa Nature. Ce n’est pourtant pas la première fois que je l’entends en parler, mais, ce soir-là, ses explications font écho. Quelque chose s’allume à l’intérieur de moi et je sens comme une évidence que je dois y aller. Que les réponses que je cherche désespérément passent par ce chemin. Alors, sans hésiter une seule seconde, je m’inscris.

Depuis, ma vie s’est littéralement transformée. Guidée par Caroline, j’ai visité tour à tour les strates de mon être ; celle des croyances ; celle des émotions ; et enfin celle de ma graine. Là, tout au fond, dans ma terre, dans mes tripes. Là où se trouvent les asticots, là où ça grouille, comme dit si justement Caroline. Mais quelle richesse à cet endroit-là ! Quelles révélations j’ai pu y trouver.

Ce véritable parcours initiatique m’a permis de faire le tri entre ce qui était moi et ce qui ne m’appartenait pas. Ce qui, à un moment donné m’a aidée, a été le bienvenu ; mais qui ne l’est plus aujourd’hui. Et de poser sur le bord du chemin ce sac à dos, surchargé par d’autres, et qui m’empêchait d’être moi-même et d’avancer.

J’ai compris que je ne pouvais pas faire pousser ce figuier et lui demander de produire des figues. Puisque, en définitive, ma graine est une graine de pomme !

Aujourd’hui, j’ai mis en terre cette belle graine de pomme. Dans une terre riche, à laquelle je fais attention, et que j’arrose bien régulièrement. Et un bel arbre est en train de pousser. Et tandis qu’il sort de terre, je perçois enfin tous les signes de ce pommier qui tentait avec obstination de pousser à l’intérieur de moi.

Je comprends enfin pourquoi, pendant toutes ces années, j’avais l’impression d’avoir en moi un feu d’artifice que l’on tirait dans une pièce hermétiquement fermée (un sacré clin d’œil de la vie pour quelqu’un né un 13 juillet !)

Depuis, la porte, les fenêtres et même le toit de cette pièce se sont ouverts en grand, révélant au grand jour tout ce qui existait déjà au fond de moi. Je sais enfin qui je suis, ce qui me fait vibrer et ce qui fait sens dans ma vie. En mettant bout à bout tous les indices, en assemblant toutes les pièces du puzzle, j’ai enfin constitué ma personne entière. Et par cet acte, je me suis tout simplement enfin autorisée à naître, et, par voie de conséquence, à vivre !

Dans ma quête de mission de vie, une personne m’a demandé ce que j’aimais faire quand j’étais petite, en me précisant que c’était ça que je voulais faire aujourd’hui…

J’aimais lire, j’aimais les mots, leurs sens, leurs subtilités. Ado, les livres qui m’ont le plus marquée ont été ceux écrits par Patrick Segal – livres autobiographiques d’un paraplégique, d’un homme cassé, en morceaux. Je voulais être kiné… pour réparer les gens cassés. Et j’adorais faire des puzzles… J’étais capable de rester devant un puzzle pendant une journée entière, jusqu’à ce que j’aie réussi à reconstituer l’image.

Dis-moi la vie, t’as un sacré sens de l’humour !

Et en revenant sur mon passé, j’ai réalisé qu’en fait, naturellement, sans m’en rendre compte, c’était déjà ce que je faisais. J’aidais, j’accompagnais, je soutenais des amis, ou juste des personnes que la vie mettait sur mon chemin. Je me servais de tout ce que la vie m’avait fait traverser pour aider les autres, et ça me nourrissait. D’un seul coup, c’est devenu une évidence, je devais en faire mon métier.

Mais ce n’était pas complet. Je sentais qu’une autre donnée manquait à l’équation.

Et là encore, la vie a semé sur mon chemin trois petites pierres blanches :

- elle m’a permis de côtoyer pendant trois ans des urbanistes d’études qui me disaient toujours : « quelle est ta problématique ? », « reviens à ta problématique. », « dézoome ! » ;

- un livre (encore un) d’Edgar Morin qui m’a initiée à la pensée complexe. Qui faisait écho à la pensée globale inhérente à mon « multi-câblage » ;

- et enfin la culture de la médecine traditionnelle chinoise, où toute chose est complexe et ne peut être envisagée que dans sa globalité, et non par un seul aspect. De plus, toute chose a deux faces, le jour et la nuit, le bien et le mal, etc. Et la solution réside toujours dans l’équilibre entre ces deux faces. Dans la 3e voie, la voie du milieu. Dans le gagnant/gagnant.

Je suis profondément convaincue que notre société, l’espèce humaine pour sa survie, devront emprunter ce chemin dans ses rapports entre individus.

À force d’observer les gens dans tous types de situations, des plus anodines aux plus importantes, personnellement, socialement ou professionnellement, j’ai pu constater que la solution résidait toujours dans ce mode de pensée. Alors qu’il ne nous est appris nulle part.

Aujourd’hui, je souhaite transmettre ce mode de pensée et de communication interrelationnelle. Et faire découvrir à quel point il peut être source d’entente, de compréhension, de déblocage de situations. De rouages indispensables pour atteindre les performances aussi.

Apprendre à percevoir les situations et les rapports humains par ce prisme me semble correspondre à la première strate des rapports humains.

La seconde étant de comprendre comment fonctionnent les émotions et à quel point elles peuvent régir notre vie si nous ne les connaissons pas. De comprendre également que nous sommes tous différents, et que nous avons tous des besoins différents, et un potentiel différent à offrir.

Et enfin, se connaître soi-même, pour pouvoir connaître les autres.

Aujourd’hui, je sais que c’est là qu’est ma place, que c’est là que je pourrai contribuer – à mon humble niveau – à faire avancer le monde.

Que comme le colibri, je fais ma part.

Alors pour ce parcours chaotique, tumultueux mais tellement riche, infiniment merci la vie !

Et merci à toi, Caroline.

VALÉRIE GUILLERMET