Denis a participé à l’atelier des Leaders inspirés de 3 jours en Mars dernier, sur Marseille…
Son travail qui révèle l’intime et l’âme d’une personne à travers la photographie m’a touchée…

Du concept de la photogénie à l’importance du vocabulaire

La définition du dictionnaire informe sur le mot photogénie féminin (Arts) : « Qualité d’une personne révélée et amplifiée par le cinéma ou la photographie ». On ne se juge donc pas photogénique sur la simple impression de ne pas apprécier son image et encore moins si nos seules références sont les instantanés que nos proches nous produisent, avec ou sans notre consentement, dans des conditions souvent peu propices… Et ce n’est pas tant qu’une histoire d’image de soi que l’on propose aux autres mais surtout une acceptation de notre propre image.

L’histoire de l’art et plus particulièrement l’histoire de la photographie nous a laissé un vocabulaire assez désastreux de mon point de vue : Tirer le portrait, prendre un portrait, braquer son appareil photo, viser, déclencher, shooter… Rien de bien agréable et, surtout, aux antipodes d’une démarche de portraitiste ! Pour ma part, je réalise des photographies ; nous réalisons ensemble un portrait. C’est un projet d’échanges pour un but commun de mieux-être.

Nous vivons dans un monde d’images. L’internet et les réseaux sociaux exacerbent le besoin de se présenter aux autres, se montrer voire de se livrer. Or, quasiment 95 % des personnes que je rencontre m’affirment, dans la première minute de notre rencontre, qu’ils ne sont pas photogéniques !
Et vous, comment vous percevez-vous ?
Quelle posture tenez-vous lorsqu’un photographe envisage de vous photographier ?

 

De l’enfance au début de la réalisation

Je m’appelle Denis Dalmasso. J’ai quarante-trois ans et je suis photographe professionnel depuis plus de dix ans. Et aujourd’hui, je m’affirme comme spécialiste du portrait. Je suis portraitiste !

Fils unique, j’ai vécu une enfance heureuse, rangée. Bon élève, bien élevé, j’ai toujours été la fierté de mes parents. Cependant, face à ce père travailleur incessant et cette mère dévouée à la famille, j’ai aussi, dès mon adolescence, travaillé pour m’extraire du schéma d’une réussite standard, d’une croissance conventionnelle. J’ai donc suivi des études jusqu’à plus soif, soucieux de trouver un confort vital sans travailler trop et pour assouvir des plaisirs ordinaires. Un diplôme d’ingénieur en poche, j’exerce alors un métier sans conviction aucune mais j’avais atteint l’objectif d’un niveau de rémunération qui me permettait de « vivre » sans inquiétude. Quatre années de vie professionnelle sans saveur… jusqu’à ce je trouve dans la photographie, un véritable exutoire à mes désirs de liberté d’expression. Cette passion naissance dévore petit à petit mes journées pour prendre une place imposante. Pourtant, j’avais déjà ressenti cette émotion, au travers de la musique que je pratiquais quotidiennement et qui m’avait offert des moments d’une rare intensité. Mais avec un appareil photo en main, je retrouvais, de façon presque systématique, ce plaisir de créer en toute liberté. Vint alors le début d’une transformation, celle de quitter le métier d’ingénieur pour créer ma propre activité de photographe indépendant. Oh, ce ne fut pas si simple de s’affranchir des regards et des critiques de l’entourage, mais la vibration était telle que rien ne pouvait enfreindre ce désir de travailler avec plaisir et d’en générer des revenus.

 

De l’accès à l’intimité à l’accueil des émotions

Le portrait a été la première intention et m’a apporté mes premiers questionnements sur l’identité.

Comment nous représentons-nous ? Au fil des séances que j’organisais avec mon proche entourage, j’ai compris que l’action de capter un regard était loin d’être facile ni pour le modèle, ni pour le photographe. Mais il était passionnant d’en apprendre les techniques et les subtilités pour y parvenir. De la peinture à la photographie, j’ai nourri mon regard de cadrages, de postures, d’attitudes, de placements des mains, de distances et d’environnements pour affiner mon approche.

Discipline reine de la photographie, j’accédais petit à petit à un domaine que je liais au développement personnel. Que prendre et que donner dans une séance de portrait ? Son âme, sa personnalité ? Son intimité, c’est certain ! Les indiens d’Amérique craignaient qu’on leur vole leur âme quand un photographe souhaitait les photographier. Cela pouvait-il être vrai ?

Et c’est là que le portrait photographique, tel que je le conçois, apporte de véritables résultats forts en émotions. Mais cela m’a demandé de vivre la posture du « photographié » pour ressentir et vivre les émotions de peur, de rejet de l’acte photographique. Et ce n’est qu’au moment où j’ai accepté d’accueillir ces émotions que j’ai pu proposer de réaliser le portrait de personnes en difficulté avec leur propre image. Là, se situe l’art du portrait photographique, s’abandonner à l’accueil de l’émotion de chacun pour aller chercher l’intimité d’une personne au travers de son regard, son sourire, sa posture.

Ceci étant, je demeurais le possesseur d’une véritable armure de protection anti-émotions me laissant de marbre face à l’expression des émotions des personnes en face de moi, voire même de mes propres émotions… Jusqu’à ce que je vive une véritable renaissance au cœur de mon couple.

Quatorze ans de mariage, trois enfants, une activité indépendante, plusieurs postures en un seul être : l’homme, le mari, le père, le photographe, l’amant, l’ami… Un véritable jeu d’équilibriste ! Et il advient un événement sans précédent qui m’amène à toucher mon âme au plus profond. Je ressens alors comme un tsunami. Des émotions venues des tréfonds se manifestent. Impossible de les retenir, plus possible de les ranger. Les masques tombent et il devient de ma responsabilité de retrouver le bien-être par le mieux-vivre son véritable « soi ».

Ma pratique de la photographie s’en ressent instantanément et je me surprends à m’intéresser plus profondément aux personnes que je photographie, au point d’amener le dialogue sur des chemins inexplorés et surtout rarement évoqués lors d’une première rencontre. J’accueille alors des ressentis nouveaux, et les expressions corporelles, guidées par mon approche du portrait, se présentent naturellement pour réaliser des portraits d’une intensité que je n’avais jamais rencontrés jusque-là.

 

De l’importance de l’échange et de l’ambiance du lieu.

Peu importe l’outil ou la lumière, c’est l’échange qui importe et l’intensité du rapport humain qui va déterminer la qualité du résultat. Il est maintenant évident que mon expérience de photographe va amener les ingrédients nécessaires pour atteindre plus rapidement de bons résultats. Donner pour recevoir, telle devrait être la devise de tout portraitiste. Mais que donner ? J’en avais compris l’essence : mon enthousiasme à recevoir une personne qui a déjà franchi la barrière du chemin vers soi, ma joie à réaliser ensemble le portrait qui va apporter la transformation, ma bienveillance sur la lecture des premières épreuves et les défauts qui sautent aux yeux de la seule personne qui pense les avoir…

Outre l’aspect fondamental d’instaurer la confiance et la douceur dans l’échange bienveillant, le choix du lieu de prise de vue est aussi important pour deux points.

Le premier point est l’ambiance dans laquelle va se dérouler la séance. Elle doit permettre d’assurer la confiance et le lâcher-prise. Un espace chaleureux et réconfortant dans lequel, ensemble, nous pourrons donner le meilleur de nous-même.

Le second point est ce que cela va apporter à la lecture de l’image et les informations que le lieu va donner au lecteur, sur la personne photographiée. J’attache donc aux formes et aux lignes suggérées, en arrière-plan, une place indispensable pour amener le lecteur à découvrir non seulement le visage de la personne mais aussi son caractère, ses valeurs.

 

Et à partir de maintenant…

Aujourd’hui, j’exerce mon métier avec un sens que je n’avais pas su trouver avant. Outre laisser une trace de mon passage sur terre avec des images témoins, d’une courte période de l’humanité, j’ai pour mission de redonner confiance aux gens, les aider à véhiculer leurs valeurs au travers de leur image, les apaiser par le regard bienveillant que je porte sur leur visage, sur leur corps. Tout le monde est beau, j’en suis convaincu ! Alors si je peux, le temps d’une prise de vue, révéler cette beauté de chacun, ce sera ma plus belle réussite !

 

Denis Dalmasso

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