J’ai 33 ans…
Je souffre…

De quoi ?
De l’attente…

Car oui… elle est ma blessure la plus profonde.

Attendre que l’on m’aime, attendre que l’on me regarde, attendre que l’on me sauve, attendre que l’on m’entretienne, attendre que l’univers me donne enfin une belle vie… celle qu’on montre dans les médias… attendre d’avoir la même vie que ceux d’à côtés : voisins, amis…

Je veux tout sauf ma vie !!!

Mais d’où vient cette attente qui ne me lâche pas, qui me prend les tripes depuis si longtemps !

Aussi loin que je me souvienne, j’attends depuis toujours…

J’attends mon père qui n’est pas là dès le démarrage… pas là, à ma naissance, pas là, le soir pour me border, pas là, à mon adolescence… Le seul moment où il a été là, a probablement été les 10 minutes qu’il a dû passer pour ma conception.

Savez-vous ce que cela fait à un enfant de 2 ans qui attend son père qui ne vient pas ?

On a le souffle coupé, le plexus qui se serre…  On a l’impression que son cœur est bouffé de l’intérieur à la petite cuillère

Alors on porte les émotions de sa mère qui souffre de l’abandon du Père. On attend qu’elle sourît, qu’elle soit heureuse, car c’est la seule personne sur qui on peut compter. Et elle, elle travaille beaucoup, prend des gardes la nuit… et s’écroule. Alors on attend qu’elle aille mieux.

Et à 33 ans, on reproduit le scénario…

On attend son mari, qu’il soit là pour soi. Pour ses enfants…

Et Y’a personne… encore. Alors on attend la pension alimentaire qui ne vient pas…  on attend qu’il prenne un peu les enfants pendant les vacances… ou même juste 2 jours pour souffler. Mais il ne vient jamais.

Il promet mais il n’est pas là…

Des mots… pas d’actes.

Rien ne vient… jamais.

On a le souffle coupé, le plexus qui se serre…  On a l’impression que son cœur est bouffé de l’intérieur à la petite cuillère

Encore. Et on attend… TOUJOURS

On attend de l’aide à l’extérieur… mais tout le monde a sa vie… tout le monde s’en fout… Et on plonge dans l’aigreur et la plainte pour éviter de sentir le vide béant de l’attente. Il faut bien un coupable, non ?

Qui se reconnait dans pareil scénario de destruction ?

Celui-là c’était le mien… et je ne voulais pas le lâcher. Même s’il me détruisait de l’intérieur ?

Dès mon plus jeune âge, j’ai été condamnée à attendre de recevoir mon dû…
J’ai été programmée à vivre penchée sur les autres plutôt que dans moi-même, à cause de cette putain d’attente-là.

Mes cellules se souviennent de cette attente longue, lancinante, qui me tord les tripes… et elles attirent comme une vielle mémoire tout ce qui peut me refaire vivre le même scénario !! Mes cellules ont besoin de leurs doses D’ATTENTE !!
C’est comme une drogue !!!

Et cette ATTENTE se transforme en Syndromes :

Le syndrome de la perfection… : Si je suis parfaite alors on m’aimera… on me regardera !

Le syndrome du sauveur :  Si j’aide les autres, que je fais ce qu’on attend de moi et que je fais plaisir, alors on m’aimera !

Et voilà, comment je bascule depuis toujours dans la fuite de moi-même…

Et j’attends encore… et rien ne se pointe à l’horizon si ce n’est mon compagnon de route : L’attente

Je deviens Victime des Autres, bourreau de moi-même, sauveuse de pervers narcissiques.

Je tombe sur des hommes qui me ravivent cette blessure profonde de l’attente.

Je prends ma dose de promesses, des mots… mais dans les actes il n’y a que de l’absence, de la trahison, des déceptions…

Alors Je me donne corps et âme, à mes études, à mon travail… Parfaite…

Major de promotion, gros poste… ET j’attends toujours… j’attends d’être plus riche… J’attends que l’univers me donne un compte plus garni… plus de fringues…

Je suis comme un PAC MAN qui bouffe tout ce qu’il trouve… Car je suis VIDE DEDANS…

Et rien n’est dans la vie comme je l’attends… Cette douleur sourde de l’attente persiste comme une seconde nature, un second vêtement.

Pourquoi !! ?
A cause de cette putain de blessure de l’abandon… Blessure qui conduit à s’abandonner soi-même


CES SYNDROMES VOUS PARLENT ?

Heureusement UN JOUR…. TOUT BASCULE

Un JOUR quand tout devient trop douloureux, je comprends que c’est à moi de me ré-axer… que c’est à moi d’arrêter d’attendre les autres pour plonger enfin en moi-même : pour me regarder, me donner, me prendre dans les bras, m’aimer… pour regarder ce vide béant qui n’attend que moi !!! qui attend d’être être enfin vu et senti pour se transmuter.

Mon vide m’attend MOI !!!

Ce n’est pas l’extérieur qui va m’aider, mais bel et bien moi-même !!!

J’arrête de courir, de lutter et d’attendre…

Je plonge dans le silence et dans la profondeur de mes blessures… qui avaient besoin d’être embrassées…  J’écoute mes besoins plutôt que d’attendre que les autres les comblent.

Et vous savez quoi ?

Ma vie se transforme à tout jamais comme par magie…

Cela fait 15 ans que je n’attends plus…

Je me nourris, je crée, j’écris et l’univers me comble…

Et dans ma vie, bel et bien plus de crapauds… que de la beauté et de la créativité

Voici ce texte spécial sur la beauté du silence et de ses bienfaits :

Elle avait toujours fui la chose la plus impensable pour elle :
Le fait qu’il n’y avait eu personne pour prendre soin d’elle.
Elle tournait donc toujours en rond depuis,
Pour ne pas faire face à ce qu’elle avait enfoui.

 Elle comblait ce vide par des palliatifs nombreux et variés,
Et avait fait de sa vie une mascarade digne d’une mauvaise série B.
Tout était bon pour éviter de sentir ce qui était caché,
 Et pour se faire croire que tout était parfait.

Elle avait donc beaucoup entassé de nombreux signes extérieurs de richesse,
Pour masquer son immense faiblesse.
Elle enfermait même tous les hommes qui l’approchaient
Pour éviter de se sentir de nouveau délaissée.
Et, ces derniers finissaient tous irrémédiablement par partir et par fuir,
Car il ne pouvait réussir à la chérir.

Elle mendiait ce qu’elle n’arrivait pas à se donner.
Et plus elle amassait hommes et argent,
Pour ne pas faire face à son vide béant ;
Et plus elle déprimait,
Car rien de cela vraiment ne la nourrissait.
Rien ne pouvait donc venir rassasier les démons de son ventre qui l’avaient squatté.

Elle finit un beau jour, déprimée,
Affalée sur son canapé.
Il y avait forcément quelque chose à changer, Cela ne pouvait plus durer !
Elle arrêta donc toute action,
Et plongea dans son gouffre profond …
Elle se laissa glisser et arrêta de lutter.

À sa grande surprise ce qu’elle comprit, c’est qu’il y avait toujours eu quelqu’un pour l’accompagner et l’aider.
Mais elle n’avait pas pris le temps de le sentir et de le regarder.
Ce qui avait toujours était là depuis le début, c’était quoi vous croyez ?
C’était elle qui était à ses côtés !

Sa douce présence,
Qu’elle se mit enfin à sentir dans le silence.
Jusqu’à présent, elle n’avait juste pas eu le temps de s’arrêter,
Pour l’écouter ce silence immaculé…

 Et comme un paradoxe, dans son vide qu’elle croyait être chagrin,
Elle sentit du plein !
Dans cet espace où plus rien ne bougeait,
Elle entrevit le sacré…

Et elle se mit tous les jours à écouter l’espace de silence entre les notes, entre son inspir et son expir, entre son état de veille et de sommeil, entre la nuit et le matin,
Pour entrevoir le souffle divin.
Elle comprit que, sans ce silence habité,
Il n’y aurait pas de lumière dans ses journées.
Sans ce silence à ses côtés, elle resterait possédée.
 Car c’était lui qui la nourrissait.

Sans la conscience et sa douce présence,
Elle resterait ce qu’elle avait été : un objet.
L’objet de son manque et de ses désirs inhabités,
L’objet de ses impatiences et de ses vides à combler.

Sa présence consciente grâce au silence et à ses pauses répétées
 L’avait maintenant délivrée.
Elle était aujourd’hui pleine et entière de son silence immaculé
Qui la nourrissait quand elle marchait.

Elle n’attendait plus
Elle avait retrouvé la vue…
Elle n’était plus aveugle et marchait éclairée
Sur le chemin de sa créativité

 

CAROLINE GAUTHIER

Roman initiatique « Au Nom du Corps » : Cliquez ici

Le poème « Femme sauvage  » et sa vidéo Cliquez ici