Véronique fait partie de ces personnes pour qui il est essentiel de retrouver un sens à sa vie…
Elle aussi a osé passer le pas…
Elle aussi s’est lancée dans ce pari fou de croire que c’est possible…
Voici son témoignage

 

Si un jour, on m’avait dit que je partirais pendant plusieurs mois marcher seule et parcourir plus de 2400km, avec pour seul bagage, mon sac sur le dos, jamais, je ne vous aurais cru !

Si un jour, on m’avait dit que, de cette expérience, j’en écrirais un livre, jamais, je ne vous aurais cru !

Et puis voilà, la vie est ainsi faite de surprises qu’on accueille, de douleurs qu’on traverse, d’opportunités qu’on saisit ou pas.

Le jour où j’ai décidé de me lancer sur les chemins de Compostelle, je me suis sentie vivante, j’ai senti que je n’allais pas « subir » l’épreuve que je traversais, subir la vie mais que j’allais vivre MA vie, que j’allais me reconnecter à l’essence même de mon être caché au plus profond et qui n’attendait que ça !

Mais toute histoire a un début alors je vais essayer de commencer par là…

J’ai eu une belle enfance dans une famille paisible, normale. La dernière d’une fratrie de 6 enfants. A la tête, un couple solide comme un chêne, bâti sur du roc. Rien dans mon univers d’enfant ne pouvait imaginer autre chose qu’une stabilité solide. J’ai grandi à la campagne, à côté d’un bois où nous construisions nos cabanes et, à côté du cimetière du village, où nous trouvions amusant d’essayer d’apercevoir les enterrements, en se balançant très fort sur la balançoire ! Tout est une question de point de vue !

Une mère énergique, infatigable, toujours occupée à cuisiner, repasser, coudre, jardiner.

Un père calme, posé, silencieux, la force tranquille.

L’adolescence fut moins drôle. On constate que j’ai une double scoliose suffisamment importante pour m’imposer 2 à 3 séances de kiné par semaine, un corset de jour, une coquille de nuit et de la natation sur le dos, une fois par semaine.  Le tout, pendant 5 ans. Autant dire que j’avais une colère noire dirigée vers tous ceux qui prenaient des soi-disant bonnes décisions pour mon dos ou pour moi. Je me souviens de certains épisodes où tout bouillonnait à l’intérieur de moi-même alors que je gardais tout en moi. J’ai mis le couvercle. J’ai souvent avalé cette grosse boule coincée dans la gorge.

A cette époque, outre le piano que je jouais, je me suis tournée vers des activités artistiques. Comme le théâtre, au grand dam de ma maman qui n’y voyait que de gens de mauvaise fréquentation (je lui ai pardonné depuis lors !). Je dessinais dès que je pouvais sans n’avoir jamais suivi de cours.

Bref, au sortir de cette période que je qualifie de noire, me voilà jeune adulte. Je rencontre le père de mes enfants avec qui j’aurais 4 garçons. Le bonheur.

Le bonheur ? Je me suis épanouie dans la maternité. J’ai adoré être disponible pendant cette période où les enfants sont petits et grandissent. J’ai eu l’impression de savourer ces années comme si j’étais consciente que ça ne durerait pas.

Il y a eu un premier « tsunami » !

Alors que je m’épuisais entre un travail à temps plein, la gestion de la maisonnée, les 4 enfants, le mari absorbé dans son travail… Je découvre que celui-ci me trompe, je découvre l’infidélité. Le sol se dérobe sous mes pieds, mes jambes sont coupées, mon cœur bat à tout rompre, j’ai l’impression qu’il va exploser. Puis c’est le trou noir. Je suis anéantie. Il ne m’en fallait pas plus pour sombrer. Me voilà en congé maladie pour burn-out. C’était en 2011. Je ne révèle à personne les véritables raisons.

Tout événement négatif, destructeur a des aspects positifs. Mon tempérament optimiste de nature ne passe pas à côté. J’ai la chance d’être bien conseillée par mon médecin. Elle me fait rencontrer les bonnes personnes. Je découvre le monde du massage. C’est par ce biais que, petit à petit, j’entame un chemin de développement personnel.  Je rencontre de belles personnes. Je découvre la bienveillance, la médiation. Je découvre l’importance du toucher que notre civilisation occidentale a banni pendant des siècles. Forte de ce cheminement, je lance mon activité d’indépendante en parallèle de mon boulot que j’ai repris à temps partiel.

J’ai appris le pardon et crois en notre couple encore et toujours. Durant toutes ces années, j’essaye de « gérer » les crises. Jusqu’à la dernière. Je la vois arriver. Je ne me sens plus la force de l’affronter seule. Je veux qu’on se fasse aider. Il accepte de rencontrer un thérapeute de couple. Je suis encore pleine d’espoir… jusqu’à ce qu’il annonce qu’il me quitte, qu’il ne veut plus que je fasse partie de sa vie, pour la suite de ses années à vivre ! Je suis jetée comme un vieux Kleenex.

Voilà ce 2ème tsunami.

Encore toute ébranlée, envahie par des peurs énormes, je ne réalise pas que ça sera une libération. C’était en 2017.

Au lendemain de cette annonce, je participe à une médiation collective. J’en ai besoin pour calmer mes angoisses. Et là, le flash. Compostelle vient me traverser l’esprit comme un éclair. Je sens tout de suite que c’est ça qui va me sauver. Ce sera ma bouée de sauvetage qui m’empêchera de me noyer. Car cette fois-ci, je ne veux plus sombrer. Il ne m’aura pas deux fois !

Je m’accroche à cette idée pendant les deux mois de silence imposé. D’un commun accord, nous avions décidé de ne rien dire aux enfants en pleine préparation des examens de fin d’année.

J’ai, à nouveau, l’occasion de vivre de belles choses positives. Mes amis m’ouvrent leur porte, ma famille me soutient. Le jour du départ approche. Ce sera une journée marquée d’une pierre blanche que jamais je n’oublierai.

Et me voilà partie, seule, remplie de peurs mais avec la certitude, ancrée au plus profond, que ce choix est juste. Que cette transhumance est nécessaire pour me rendre plus forte, pour retrouver de la confiance en moi, pour m’aimer pour ce que je suis.

Je me suis lancée avec le besoin de marcher peu importe où j’arriverais. C’est de la marche dont j’avais besoin. Au milieu de la nature. Reconnectée à elle. J’en ai découvert tous les bienfaits et son pouvoir de guérison.  Ça n’a pas été facile tous les jours, j’ai eu des hauts, j’ai eu des bas. J’ai pleuré, mon corps a souffert. Mais je dis toujours que cela a été la meilleure idée que j’ai eue de ma vie. Seule, seule avec moi-même ! Je me suis découverte bien plus forte que je ne l’imaginais. Finalement, après 100 jours, je suis arrivée à St-Jacques-de-Compostelle. Et en suis revenue transformée.

Au retour, je me suis lancée dans des « petites » conférences, dans ma région, face à un public curieux, intéressé et admiratif. J’ai du plaisir à raconter mon expérience. Je me suis attelée à l’écriture de mon livre intitulé « OSE ! » où sont repris aussi mes dessins.

Mon chemin n’est pas fini. Je suis face à une nouvelle vie, à devoir assumer beaucoup de choses toute seule. Et ce n’est pas facile tous les jours. Comme beaucoup de femmes, je ne suis pas la première à être « abandonnée » par son mari après de « bons et loyaux services » et je ne serai pas la dernière malheureusement. Mais je n’ai plus peur. Je reste ouverte plus que jamais à ce que la vie va encore m’apporter. J’accueille les hauts comme les bas. Je découvre l’impermanence. Tout se traverse, même les émotions les plus difficiles. Je suis en vie et pleine d’envies. J’ai des projets plein la tête et je souris ! Pour la première fois, je perçois, de la part de mes proches, l’appellation d’artiste. Il aura fallu attendre presque 50 ans pour qu’on dise de moi que je suis une artiste. Ou est-ce moi qui l’entend enfin ? C’est peut-être un pas de plus vers ma libération. Moi qui n’ai pas suivi un parcours d’école artistique, je ne me suis jamais sentie dans la légitimité de pouvoir dire que j’en suis une. Voilà une des traces que Compostelle me laisse parce que j’ai osé me lancer. Mon chemin d’évolution, de développement personnel, de découverte est loin d’être fini et c’est formidable !

J’ai écrit ce livre pour toutes les femmes qui hésite encore à se lancer. Que ce soit sur Compostelle ou pour autre chose. Pour les aider à croire en elle. S’il pouvait en aider, ne fut-ce qu’une seule, je serais déjà la plus heureuse.

VÉRONIQUE DE HALLEUX

 

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-son livre : https://www.publier-un-livre.com/fr/le-livre-en-papier/763-ose

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