Poignant récit de Lucie que j’ai rencontrée à Berlin.
Blogueuse et rédactrice web reconnue, elle a connu un succès fulgurant.
Mais derrière ce succès, se cache une histoire hallucinante qu’encore trop femmes, comme elle, vivent.

Elle se dévoile ici…
Et montre que l’on peut tout dépasser.

Merci à elle !

J’ai rencontré B. lorsque j’avais 24 ans. À cette époque, je venais de reprendre des études et j’étais en internat dans les monts du Lyonnais. Mes journées étaient bien remplies, car je n’ai jamais réussi à ne faire qu’une seule chose à la fois. Je travaillais en résidence de tourisme, je suivais un BTS en alternance et je travaillais pour une agence de tourisme réceptif au Japon (je gérais le site internet et les salons). Cet emploi du temps surchargé m’empêchait de rencontrer quelqu’un et j’ai terminé sur un site de rencontres. Pas le temps de valider mon profil, j’avais déjà un rendez-vous avec B. et je me désinscrivais du site. Très vite, nous avons entamé une relation amoureuse. Ce que j’aimais chez lui, c’était sa curiosité, son humour et ses valeurs. Avec lui, j’étais certaine de ne jamais m’ennuyer : il avait de la conversation, on riait souvent, il était séduisant, il était sportif et nous avions de nombreux projets ensemble.

Rapidement, j’ai tout quitté pour le suivre en Guyane. Ma nièce était encore un bébé et cela me fendait le cœur, mais j’étais amoureuse et j’avais besoin d’aventure. La Guyane et sa forêt amazonienne m’attirait, j’ai voulu tenter l’expérience, après tout, on ne partait que pour deux ans.
B. s’est installé à Cayenne avant moi, il a donc trouvé un appartement et l’a aménagé seul. J’ai travaillé dans l’hôtellerie, puis, comme conseillère en voyages. Ce travail était très épanouissant, mais je gagnais le SMIC, personnellement, cela ne me posait pas de problèmes, mais B. avait toujours besoin de dépenser pour des futilités. Lorsque je lui disais que je n’avais pas besoin de toutes ces choses, il me répondait qu’il n’allait pas se priver à cause de moi et de mon faible salaire… il me proposait alors de me prêter de l’argent, ce que je refusais dans un premier temps, car je n’avais aucune envie de m’endetter pour des loisirs qui n’avaient rien d’indispensables. Dans ces moments-là, il insinuait que j’attendais qu’il m’offre ces week-ends hors de prix et me faisait passer pour une fille vénale… ce sont ces insinuations qui m’ont mises mal à l’aise et m’ont poussées à accepter qu’il me prête de l’argent. Trois ans plus tard, je lui devrai plusieurs milliers d’euros.

B. me donnait de l’attention et de l’amour (ou quelque chose qui y ressemblait) à dose homéopathique. J’avais droit, de temps en temps, à un compliment ou des attentions particulières qui me faisaient fondre. Oui, il pouvait être très attachant et compréhensif par moment, ce qui me rendait aveugle sur tout le reste.

C’est en Guyane que j’ai trouvé des consultations de sites inquiétants dans l’historique de notre ordinateur. Il m’a dit qu’il s’agissait de publicités et m’a expliqué concrètement comment il en était arrivé là. Il a pleuré, m’a accusé de le torturer. Je l’ai cru et n’ai plus jamais osé lui en parler, de peur de le mettre mal à l’aise.

Après la Guyane, B. m’a proposé de le suivre en Martinique pour 3 ans. J’ai accepté une nouvelle fois en précisant bien “après, on s’installera en France “ ! C’était le deal.

J’ai démissionné pour le suivre. Une promesse d’embauche en poche, j’ai dû patienter en attendant l’ouverture du poste ; même si je n’avais plus d’emploi, nous partagions nos charges et je trouvais ça normal. Seulement, l’ardoise s’allongeait et je commençais à être vraiment très endettée. C’est à ce moment-là que j’ai tapé “comment arrondir ses fins de mois” sur Google et que j’ai découvert la rédaction web. Passion qui ne me quittera plus.

Je suis tombée enceinte et ma grande solitude m’a permis de m’engager corps et âme dans cette nouvelle activité de rédaction, parallèlement à mon travail salarié à Fort-de-France. B. ne voulait personne à la maison. Il quittait l’appartement très tôt le matin, rentrait toujours tard le soir. Il avait souvent des déplacements. Par ailleurs, il m’avait mise en garde à plusieurs reprises : je ne devais pas parler de lui à mes amis et ma famille. À force d’entendre sa propagande, je l’avais totalement assimilée, j’étais comme hypnotisée. Je ne devais inviter personne, sauf éventuellement quand il n’était pas là, il ne fallait jamais évoquer mon couple et je devais me souvenir que mes amis étaient des losers, tout comme ma famille d’empotés. Un ami, cadre sup’ chez Royal Canin était “un vendeur de croquettes”, mon père, diagnostiqué haut potentiel était “un menteur” puisqu’il faisait les marchés (“on ne fait pas les marchés quand on est intelligent !”). Quand à mes oncles, tantes et cousins d’origine catalane, ils étaient “des voleurs de poules”. D’ailleurs, j’étais moi aussi une empotée et j’avais bien de la chance d’être tombée sur lui. Il me répétait souvent “tu as vu ce que je te fais vivre ?”, ou encore “tu réalises ta chance d’être avec moi ?”.
Par manque d’estime, je le croyais.

Durant toute ma grossesse, je passais mes journées à rédiger pour le web et ma passion pour ce métier ne cessait de croître.

J’ai accouché, sans péridurale, par choix, car je voulais tout vivre pleinement. Ce fut sans aucun doute le moment le plus intense de ma vie, à tous les niveaux. B. fut très attentif et présent à la maternité. L’allaitement fut une véritable catastrophe et les remarques ont fusé, j’ai eu notamment droit à “tu te rends compte que si on était dans la nature, tu aurais laissé mourir ton enfant ?”. Magnifique.
Sa mère était présente et n’arrangeait rien à la situation, son aura de porc-épic et sa sympathie digne d’une porte de prison me paralysaient.

Les premiers mois à trois furent éprouvants, B. avait toujours plus d’exigences. Plus j’en faisais, plus je recevais de reproches. J’étais tantôt trop grosse, tantôt trop vieille. J’étais bête et intéressante, tandis qu’il côtoyait des personnes “de haut niveau”. Je n’avais pas de goût, je m’habillais mal et en plus, j’étais pauvre.
Nous nous sommes pacsés sur le régime de la séparation des biens, car après 5 années passées ensemble, il avait encore l’illusion que j’étais là pour son argent. Je ne comprenais pas comment on pouvait avoir une telle vision de moi, je me disais que j’avais dû avoir des comportements qui pouvaient le laisser croire. La remise en question était devenue un sport quotidien. Pourtant, j’avais des amis, j’avais baroudé toute seule durant 6 ans avant de le rencontrer, j’avais testé des dizaines de métiers différents et je ne cessais jamais de me former.

Alors que nous devions rentrer vivre en France, B. m’a proposé de le suivre au bout du monde, en Nouvelle-Calédonie. Cela me donnait le vertige. Nous avons fait de savants calculs : à notre retour, notre fille aurait 5 ans, ce qui lui permettrait de démarrer le CP en France. Quant à nous, nous profiterions de ces dernières années d’expat’ avant de nous poser pour de bon en France, histoire que nos enfants (car nous comptions en avoir d’autres) ne bougent plus une fois scolarisés et profitent de leur famille.
Il m’a promis d’être plus présent, car la région qu’il allait diriger serait plus petite que celle qu’il gérait jusqu’alors. Moins de salariés, moins de déplacements, moins de boulot. Vendu. Je l’ai donc suivi pour la troisième fois.

Les retours en France et surtout, les départs de France, étaient de plus en plus douloureux. Je pleurais à chaque fois sur les quais de gare et rien ne pouvait me consoler. Ma mère, ma sœur et mes neveux me manquaient cruellement. Mes amis, mes cousins et ma grand-mère aussi. Ma sœur sentait que quelque chose clochait, elle tentait de m’interroger, mais je ne lâchais rien, j’avais peur de “blasphémer”. Mes amis aussi avaient essayé de me mettre en garde, choqués par l’attitude de B., mais je les repoussais systématiquement.
Peu à peu, je m’éloignais de mes proches.

Le décalage horaire entre la France et la Nouvelle-Calédonie n’a rien arrangé à ma situation, les créneaux pour appeler ceux que j’aime était très restreints : tôt le matin ou tard le soir. Heureusement, la création de mon entreprise de rédaction web m’enchantait : je n’avais plus l’impression de travailler, je m’amusais et en plus, je gagnais beaucoup mieux ma vie. Je connaissais une véritable libération.
Lorsque ma fille a commencé à aller à la crèche, je me suis enfin autorisée à prendre du temps pour moi : je travaillais le matin et je profitais de l’après-midi pour aller faire de la planche à voile avant de la récupérer tôt. Je voyais aussi d’autres amies freelance ou je m’occupais de la maison. B. ne faisait absolument RIEN au quotidien et je trouvais ça normal. Il m’avait tellement dit qu’il travaillait très dur et qu’il avait un “vrai métier” que je n’osais rien lui dire. Lui, avait des valeurs très fortes, la valeur du travail notamment, mais aussi la droiture dans le couple et des valeurs familiales. Il était très à cheval sur la fidélité, par exemple, et n’hésitait pas à pousser à la démission certains salariés qui auraient quitté le droit chemin.

Ma petite entreprise commençait à prendre de l’ampleur, je gagnais très bien ma vie en travaillant peu et cela l’agaçait fermement. Il refusait de partager ma réussite à sa famille, car d’après-lui, il était honteux d’avoir une rémunération équivalente à la sienne en “écrivant des conneries sur le web”. J’osais de moins en moins prendre du temps pour moi, de peur de l’agacer. J’avais honte de travailler si peu, même si à côté de ça, je m’occupais de notre fille et de toute l’intendance de la maison. Pris de passion pour une salle de sport, il partait chaque matin vers 6 h, soi-disant pour éviter les embouteillages, et rentrait autour de 21 h, parfois plus tard. Les week-ends, il avait toujours des dossiers à boucler, et chaque vendredi, il les oubliait au bureau, ce qui l’empêchait, bien entendu, de travailler de la maison. J’ai passé des semaines entières, seule avec ma fille, à refuser des sorties dans l’espoir de passer quelques heures avec lui. Souvent, nous l’attendions le week-end entier à la maison, vérifiant chaque heure le téléphone, lui qui annonçait qu’il “rentrait bientôt” régulièrement. Il me tenait en haleine et il n’arrivait jamais.
Une nouvelle semaine recommençait.

Je suis tout de même tombée enceinte de notre deuxième fille, et lorsque je l’ai annoncé pleine de joie à une amie, celle-ci m’a répondu “ah, parce que c’est une bonne nouvelle ?”.
La situation ne s’est en effet pas arrangée. B. était devenu un fantôme. Souvent, les voisins m’invitaient à manger chez eux, me portaient les courses ou les bouteilles de gaz. Le voisin est même venu monter les meubles de la chambre du bébé tant B. était absent. Un matin, épuisée, je n’ai pas réussi à me lever du lit pour amener la grande à l’école, j’en étais à 7 mois de grossesse. B. a refusé de “sacrifier” sa séance de sport et m’a laissée emmener notre fille comme je le pouvais.

Écrire était ma seule échappatoire et mon travail est devenu une addiction. Je devais faire des recherches pour pouvoir écrire de nouveaux articles, ce qui fait que je passais mes journées à me cultiver et à chercher des tournures de phrases. Ce travail me permettait de me détendre, c’était mon moment à moi, un moment de méditation, de pleine conscience. J’oubliais mes problèmes, je me concentrais sur les courbes d’analyse en référencement naturel, j’essayais de comprendre les intentions des internautes. Une nouvelle passion était née, celle pour le SEO (référencement naturel sur Google).
J’ai naturellement voulu partager cette passion avec B., mais sans grande surprise, il m’a ri au nez et m’a répondu : “mais comment peut-on se passionner pour quelque chose de si inintéressant ?”. Ses réactions m’ont permise de m’interroger sur cette passion étrange. Je me sentais très seule et aussi un peu marginale, car personne ne parlait de rédaction web.
J’ai accouché de notre deuxième fille, encore une fois, B. a été parfait lors de l’accouchement. Il a en revanche disparu très rapidement de la maternité. Je peux le comprendre, nous nous entendions très mal et il devait s’occuper de la grande. Tranquille, cette fois, et sans reproches fusant de toutes parts, j’ai pu réussir mon allaitement haut la main. J’ai vécu des moments très privilégiées avec ma deuxième fille et j’ai pu poursuivre l’allaitement durant 9 mois.
À la maternité, je n’ai reçu qu’une seule visite, celle d’une amie qui m’a apporté un mille-feuille et un livre sur les poissons du lagon. Lorsque je pensais à ma mère et ma sœur qui n’avaient pu s’offrir les billets d’avion pour être présentes, les larmes me montaient aux yeux. Je me sentais très seule dans cette petite chambre en préfabriqué, avec sa climatisation bruyante et son odeur de moisi.

Le retour à la maison fut très froid et la descente aux enfers a vraiment démarré. B. ne s’impliquait plus du tout. Nous étions, tout le temps, toutes les trois et j’avais de plus en plus de mal à gérer mon emploi du temps. Je m’intéressais au blogging professionnel et j’avais vraiment envie de tenter l’aventure. Depuis plusieurs années, je suivais Olivier Roland, le blogueur le plus connu en francophonie. Je savais aussi que ce qu’il proposait n’était pas du flan (vivre de sa passion grâce à un blog), car il m’avait engagée comme rédactrice et j’avais pu échanger avec lui par Skype à plusieurs reprises. Je cherchais vainement ma différence, quelque chose à partager sur le web.
Un jour, alors que j’étais installée devant l’Apple TV à regarder ses vidéos d’études de cas, j’ai eu un déclic : ma différence, c’était la rédaction web ! J’avais démarré 5 ans plus tôt et il s’agissait d’une passion étrange qui interpellait beaucoup de monde. De plus, j’en parlais avec passion et j’avais énormément de choses à dire. C’était aussi un métier qui m’avait permise d’effacer les ardoises et de gagner une vraie liberté financière : je ne dépendais plus de B., ce qui, psychologiquement, m’enlevait un poids.
Il fallait impérativement que je crée un blog sur la rédaction web.

Je me souviens d’avoir déposé ma fille dans son lit et de m’être jetée sur mon ordinateur. Mon cœur battait à cent à l’heure. Mon but ? Vérifier si d’autres personnes étaient déjà sur le marché et voir si le nom de domaine formation-redaction-web.com était pris. Incroyable : la voie était libre. Il n’y avait aucun blog et aucune explication sur le métier. Le désert total.

J’ai immédiatement acheté le nom de domaine et j’ai écrit à Olivier Roland pour lui annoncer que je voulais suivre sa formation.

Très vite, mes lecteurs ont accroché et tout a décollé. Je suivais scrupuleusement le fil de la formation et j’appliquais à la lettre tout ce qui me semblait important. Cinq mois seulement après avoir démarré mon blog, j’ai proposé une formation en e-learning sur plan à mes lecteurs. En moins d’une semaine, je gagnais plusieurs de dizaines de milliers d’euros.
J’avais envie de fêter cette réussite, mes lecteurs m’avaient fait confiance au point de mettre entre mes mains leur reconversion professionnelle ! Une grosse responsabilité me tombait sur les épaules, mais je me sentais pousser des ailes. Malheureusement, ma fête intérieure fut de courte durée, B. me rappelait à quel point il était indécent de parler de réussite, il me disait qu’il aurait honte à ma place de gagner autant d’argent avec si peu de compétences. Une fois de plus, cela m’a fait énormément réfléchir, j’ai pris le parti de ne pas dépenser cet argent et de rembourser les élèves qui ne réussiraient pas grâce à ma formation. Je me suis aussi fait la promesse de tout arrêter si le taux de réussite était trop bas.

Ma notoriété sur le web et le nombre d’élèves n’ont fait que croître et B. devenait de plus en plus agressif et jaloux. S’il n’était pas violent physiquement, ses attaques verbales devenaient insupportables. J’étais d’ailleurs suivie par une psy pour évoquer ce que je subissais, celle-ci me fera plus tard une attestation confirmant les violences psychologiques.

Un week-end, alors que nous étions allés faire du bateau avec une amie, j’ai eu droit à des rires et des moqueries lorsque je me suis coupée le doigt pour lui faire un sandwich. Il m’a ensuite dit que je ne devrais pas conduire sur le retour, car je ne roulais pas droit, puis, il m’a dit que j’étais un abyme d’inculture et m’a regardée avant d’affirmer que j’avais un corps de grenouille flasque.
Je me cachais désormais pour prendre ma douche… à 33 ans.

Ma vie était scindée en deux, je ne pouvais plus évoquer ce que je vivais en ligne au risque de me faire traiter d’orgueilleuse. Ma passion l’agaçait et je peux le comprendre. D’un côté, j’avais l’enthousiasme, la bienveillance, les retours positifs et la gratitude de mon audience, de mes élèves. De l’autre, j’avais la tristesse, la malveillance et le harcèlement.
Je m’en voulais de ne plus avoir assez de conversation avec lui, je m’en voulais de gagner plus que lui… Alors, je payais tout et il n’appréciait rien. C’était “normal” puisqu’il avait “tout assumé depuis des années” (ah bon ?).

Avant que ma vie ne bascule, j’ai commencé à lancer des alertes. Étant plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral, je lui envoyais des messages de détresse, des appels à l’aide. En vain. C’était toujours ma faute et j’aurais dû avoir honte de le solliciter et de le déranger, alors qu’il avait tant à faire avec son “vrai métier”.
Notre deuxième fille avait 15 mois et il ne lui avait changé que quatre couches (j’avais compté). Il ne lui a pratiquement jamais donné le bain.
Je devais partir en France, seule avec mes filles (comme depuis toujours) et j’étais tellement sollicitée que je n’arrivais pas à faire nos valises. Un soir, je lui ai demandé de rentrer pour pouvoir les faire, il a refusé, prétextant qu’il était totalement débordé. Quelques jours plus tard, je lui ai envoyé “je te rappelle que tu as une famille, bientôt, nous serons en France et tu auras tout le “loisir” de travailler”. Mais rien.
Je décidai alors d’avoir une conversation franche avec lui : je ne m’étais pas engagée dans la vie de famille pour vivre comme une femme seule. Je n’avais que les inconvénients de la vie de couple, aucun avantage. Je devais lui laver ses slips, lui préparer les repas, laver son linge, l’attendre et ne rien faire les jours où nous aurions pu sortir… et je travaillais très tard le soir pour assurer les coachings avec mes élèves à cause du décalage horaire. Ma vie était devenue invivable. Je dormais très peu, j’étais épuisée, je ne faisais que pleurer et je ne profitais aucunement de ma liberté de blogueuse professionnelle, celle qui m’avait tant fait rêver. Ce soir-là, j’ai osé lui demander quelque chose de visiblement incroyable : rentrer plus tôt le mercredi, pour que je puisse faire 5 séances de coaching d’affilée. Le but étant de me dégager l’équivalent d’une heure par jour de la semaine. Sa réponse fut étonnante : “mais qu’est-ce que tu as dans la tête ? Je crois que tu ne réalises vraiment pas le travail que j’ai et en quoi consiste mon métier ! Je suis directeur moi, je fais pas le zouave sur YouTube ! T’as vraiment honte de rien ! Donc NON, je ne rentrerai pas plus tôt, car c’est tout simplement impossible”.
La gorge serrée, je suis allée me coucher. Ce soir-là, j’ai eu énormément de mal à m’endormir malgré la fatigue. Je ne voyais plus d’issue. La communication était rompue, je ne voyais plus du tout d’avenir avec lui.
Quelques jours plus tard, nous décollions pour la France après une énième dispute et des au revoirs sans baiser à l’aéroport.
Dans l’avion, j’ai pris ma décision : j’allais le quitter. Ce qui me surprenait le plus, c’est que la seule projection de ne plus l’avoir dans ma vie me soulageait et surtout, que je ne ressentais aucune tristesse ou peur de ne plus l’avoir près de moi. Je réalisais que j’en étais arrivée à un véritable point de non-retour. C’est sûr, je ne l’aimais plus. Plus du tout.

Arrivée en France, j’ai annoncé à B. qu’il faudrait organiser notre séparation et notre retour en France, dès notre retour, à Nouméa. Je n’ai pas attendu de le voir pour lui dire, car il me semblait que c’était la suite logique de ce que nous vivions depuis des mois. J’ai officialisé la nouvelle avec mes proches. J’ai découvert avec étonnement que personne ne supportait la manière dont il me parlait et que beaucoup d’amis m’avaient trouvée changée depuis que je l’avais rencontré.
Un soir, alors que je m’interrogeais sur toutes ses contradictions et ses absences inexpliquées, car son métier ne semblait pas si prenant, j’ai eu l’idée d’aller regarder s’il n’était pas inscrit sur des sites de rencontres. Carton plein, monsieur était inscrit sur Tinder, Meetic, Badoo et même un site de rencontres coquines.
Je n’avais jamais fouillé dans sa boîte de messagerie, je me suis donc connectée et j’ai découvert avec stupeur qu’il n’avait pas simplement une double vie, mais une double personnalité. Sans donner plus de détails, j’ai eu les preuves qu’il ne travaillait pas du tout, ni le matin, ni le soir. J’ai aussi eu la preuve qu’il faisait ses cochonneries depuis son bureau, avec son ordinateur professionnel (lui qui, souvenez-vous, avait poussé à la démission certains salariés qui ne respectaient pas sa “droiture”). Cet homme, le père de mes filles, que je pensais droit, honnête et fidèle, était en réalité menteur, infidèle et irrespectueux. Il avait même ouvert une autre boîte de messagerie à laquelle je n’ai jamais eu accès et qui garde, certainement encore aujourd’hui, de nombreux secrets. Celle à laquelle j’ai pu accéder n’hébergeait que quelques restes, effacés et récupérés dans la corbeille.

Ce soir-là, je découvrais donc un monde parallèle sur mon écran d’ordinateur. Mon cerveau commençait à chauffer, car des milliers d’images me passaient par la tête. Je me voyais en train de travailler très tard le soir, je revoyais ses humiliations, ses week-ends tristes où je restais seule avec mes filles à l’attendre. Je pensais à tous les sacrifices que j’avais fait durant 9 ans, à tout ce à quoi j’avais dû renoncer pour le suivre aux quatre coins du monde. Mon cœur s’accélérait. Mes mains tremblaient tellement, que je n’étais plus capable de tenir l’ordinateur qui était sur mes genoux. Mon rythme cardiaque montait au point que j’entrais dans une sorte d’hyperventilation et d’ivresse. C’est à ce moment-là que ma mère est entrée dans la pièce : “ça va ma bichette ? tu fais une tête bizarre !”. Je pense en effet que mes yeux étaient exorbités. Sans lui répondre, je me suis concentrée pour réussir à me lever en tremblant et j’ai posé le plus délicatement possible mon ordinateur sur la table la plus proche. J’avais peur de le jeter par terre dans un accès de colère.
Une fois l’ordinateur posé, j’ai littéralement explosé. J’ai tellement hurlé que j’ai dû réveiller tout le village. J’ai frappé et frappé encore dans le canapé… Une fois ma colère exprimée, j’ai pu pleurer sans aucune retenue. Mes cris avaient alerté mon père… un papa très discret.
Un papa que j’ai retrouvé ce jour-là.
Mon poignet et ma main grossissaient à vu d’œil et mon père m’emmena aux urgences tandis que ma mère restait à la maison pour garder mes filles qui dormaient (on se demande comment).
Dans la salle d’attente des urgences, mon père ne disait rien, mais je sentais sa présence et sa bienveillance. Je l’ai regardé, les yeux pleins de larmes et je lui ai dit “j’ai pas fait exprès”… il m’a répondu “je sais…”. J’avais tellement honte de m’être laissée berner si longtemps. Je me sentais coupable d’imposer toutes ces horreurs à mes parents que je ne voyais que quelques jours par an. Et ce n’était que le début…

Fatiguée par le décalage horaire, mais incapable de dormir plusieurs nuits et jours durant, je dû me résoudre à prendre quelques médicaments pour reposer ce qu’il me restait de cerveau. Je refusais catégoriquement de retourner en Nouvelle-Calédonie, de le revoir et de devoir organiser un déménagement. Je m’en sentais incapable. Nous étions justement censés rentrer puisque nous venions de passer 3 ans sur le Caillou. Les offres d’emploi ne manquaient pas dans sa boîte et il y avait justement un poste équivalent au sien à pourvoir dans sa région natale, en France. Je ne voulais pas casser notre famille, je voulais simplement revenir vivre en France pour pouvoir gérer la situation en étant entourée de mes proches.
Deux jours après avoir annoncé mon souhait à B., je recevais une lettre de son avocate : il refusait de quitter la Nouvelle-Calédonie et m’imposait d’y retourner car il avait renouvelé son contrat pour minimum deux ans.
Mon esprit ne connaissait plus le repos, je devais tout gérer de front : mes filles, le décalage horaire, la fatigue, mes proches et mes élèves, des centaines de personnes qui attendaient que je les accompagne, parfois que je les rassure à distance. Je me sentais totalement vide d’énergie, pourtant, je devais continuer à faire des vidéos, alimenter mon blog, corriger les élèves et répondre à leurs questions. La charge était trop importante, je me sentais totalement dépassée. Et l’annonce de mon avocate n’arrangea rien à mes affaires : je devais réunir un maximum de preuves de ce que j’avais vécu pour pouvoir justifier mon souhait de revenir vivre en France.
Les jours suivants, j’ai passé des dizaines d’heures à fouiller dans le passé, à faire des captures d’écran et à réclamer des attestations à mon entourage. Ces attestations renforçaient ma confiance en moi, car les retours de mes proches étaient extrêmement touchants.
Parallèlement à tout cela, je continuais mes séances de psy en ligne et cela me dirigea dans une très mauvaise voie. Inquiète de ce qu’il se passait et assez peu étonnée de la tournure que prenaient les choses, ma psy commença à s’inquiéter pour nos filles. J’en parlais à une amie qui me demanda de lui envoyer les dessins de notre aînée. Certains détails l’inquiétaient et elle me conseilla d’aller consulter rapidement une pedo-psy. À ce moment-là, j’étais complètement perdue et tout était envisageable, car je n’avais plus aucune confiance en B. Pour moi, c’était un inconnu. La psy et l’avocate me mirent en garde, je devais avancer dans mes questionnements avec beaucoup de délicatesse et de discrétion, car “les juges détestent les histoires de ce type et défendent presque systématiquement les hommes. Il y a eu trop d’abus”. En d’autres termes, je ne pouvais pas officialiser le suivi de ma fille au risque d’être traitée de manipulatrice qui voulait “salir” son ex.
Dans ce contexte très pesant, B. est venu en France pour passer des vacances dans sa famille et a récupéré nos filles. Il allait se retrouver seul avec elles pour la deuxième fois de sa vie. De mon côté, j’essayais de me dire que ce cauchemar allait se terminer et qu’il n’était pas assez affreux pour leur faire du mal.
À la fin de ses vacances, je l’ai rejoint à Paris, accompagnée de ma mère, et nous avons tous pris l’avion pour la Nouvelle-Calédonie. Je n’avais pas d’autre choix, la séparation devait se faire sur le territoire.
Dès mon arrivée, j’ai pris rendez-vous avec une psy pour faire suivre notre fille et j’ai prévenu B. J’ai été totalement transparente avec lui en lui disant que les dessins de notre fille étaient inquiétants ainsi que son comportement. J’avais besoin d’être rassurée. Je lui ai précisé qu’il n’avait évidemment pas à craindre quoi que ce soit s’il n’avait rien fait et que justement… je pensais qu’il n’avait rien fait. Que compte tenu de la situation et de ses mensonges, j’étais obligée de me fier à des spécialistes, car je n’avais plus confiance en lui, ni en mon propre jugement.

La psy qui a suivi notre fille nous a aussi vus tous les deux et il faut croire que cela ne l’a pas rassurée. Lors d’un dernier entretien, elle m’a donné le numéro d’un centre pour faire une vraie expertise de notre fille “vous comprenez, si j’ai des révélations, je ne pourrais rien en faire et il faudra lui demander de répéter devant quelqu’un d’autre”. Je lui ai expliqué que mon avocate m’avait bien précisé que si je me rendais dans ce centre, je perdrais très certainement la bataille juridique. La psy me demanda ce que je comptais faire… je ne savais pas. J’étais pleine de doutes et je n’y croyais pas. Elle m’a répondu “vous pensez vraiment que certaines mamans font des enfants avec des hommes en se disant qu’ils peuvent leur faire du mal ? Personne ne peut imaginer ce genre de choses, surtout quand on a passé des années avec quelqu’un, mais c’est une réalité, ça existe, et même si votre doute est très très faible, vous ne pouvez pas vous permettre de l’ignorer”.
Je sortais de la séance bien assommée. J’en parlais de nouveau à mon avocate, laquelle me mettait une nouvelle fois en garde : “on a un très bon dossier, si vous partez dans cette direction, nous prenons le risque de perdre et vous serez bloquée ici, peut-être même sans vos filles !”.
J’avais le choix entre l’enfer et le bûcher.
Soit je restais dans le doute, je ne faisais pas expertiser ma fille et j’attendais que l’audience soit passée. Soit je faisais ce que mon instinct de maman me disait de faire : j’appelais le centre et je leur exposais le problème.
J’ai appelé le centre et je leur ai dit de contacter la psy, car elle avait proposé de leur faire un compte rendu de la situation. C’était un vendredi.
Le lundi suivant, nous avions rendez-vous chez la psy avec ma fille. Pas de psy.
Nous sommes rentrées de nuit et l’ambiance était pesante, j’avais un très mauvais pressentiment.
Le mercredi, j’apprenais qu’elle était décédée dans un accident de moto. Un choc qui me conduisit chez un autre psy, histoire de gérer mes problèmes, le deuil et aussi la culpabilité d’oser parler de mes problèmes alors que d’autres étaient bien plus graves. La preuve.

Mon texte est déjà bien assez long et ce que j’ai vécu durant ces longs mois fut très difficile. Le raconter ou l’écrire me demande un gros effort. Je vais essayer de résumer un peu plus.

Le centre m’a recontactée, suite à notre entretien téléphonique. Ils m’ont convoquée et m’ont demandé de tout leur raconter depuis le début. Ce que j’ai fait. Je leur ai aussi précisé les circonstances : nous attendions l’audience depuis plus de 3 mois, elle allait avoir lieu quelques jours plus tard, ce n’était pas le moment de “faire des histoires”. Malheureusement, ils ont tout de même décidé de faire un signalement au procureur, procédure obligatoire pour que ma fille puisse être expertisée.
L’audience a eu lieu et j’ai été condamnée à rester au bout du monde, punie d’avoir osé “accuser” B. Ne l’ayant jamais accusé de quoi que ce soit, j’en ai déduit que demander une expertise d’un enfant suite à des comportements étranges, des paroles inquiétantes et des dessins (certainement mal) interprétés signifiait “accuser”.
Depuis ce jour, j’ai compris que la justice pouvait être injuste. J’ai aussi découvert que le problème était international et que des milliers de femmes avaient reçu des sentences similaires en essayant simplement de comprendre une situation ou de protéger leurs enfants.

J’ai cherché une maison en urgence, j’ai fait mes valises et je suis partie de cette maison que j’étais toujours obligée de partager avec B. Il ne m’a autorisée à ne prendre aucune affaire : c’était sa société qui avait tout payé, donc tout était à lui. Je me suis retrouvée dans 130 mètres carrés à aménager seule.
Heureusement, mon blog et ma formation cartonnaient toujours et j’avais une grande liberté financière. En quelques jours, ma maison était entièrement meublée à mon goût. Je mesurais ma chance

Cette maison a été pour moi un symbole de renouveau. J’ai dû accepter d’être bloquée au bout du monde pour une durée indéterminée, accepter d’avoir perdu après des mois de bataille, accepter la garde partagée sans comprendre pourquoi, du jour au lendemain, B. s’intéressait à ses enfants. J’ai dû accepter la solitude, les jours où je n’avais plus mes filles, accepter d’avoir été prise pour une folle, accepter les magouilles aussi… J’ai accepté de perdre des milliers d’euros dans cette bataille, dans les billets d’avion, l’aménagement de la maison. Et enfin, accepter de m’installer là, dans un endroit plein de mauvais souvenirs, loin de ma famille et de mes amis. Commencer une nouvelle vie sans en avoir envie, sans espoir, ni date de retour auprès des miens.

Aujourd’hui, presque deux ans après le début de cette histoire, je suis toujours bloquée au bout du monde… la différence, c’est que j’ai décidé de ne pas faire appel, car le juge avait réclamé une “vraie” expertise psychologique et une enquête sociale. Ne pas faire appel et accepter le jugement était donc le seul moyen d’avoir enfin les réponses à mes questions…
Après plusieurs heures d’expertise, des visites dans nos maisons respectives et des semaines d’écriture de rapport, nous avons reçu les résultats. B. était un homme plein de contradictions et tout ce que j’avais vécu était bien réel. Le manque d’empathie, la rigidité émotionnelle, la manipulation, la tendance au rabaissement et le narcissisme exacerbé… tout était confirmé.   Cependant, je ne devais surtout pas confondre l’homme et le père. Notre fille allait bien et c’était bien là l’essentiel, je devais faire la part des choses et apprendre à pardonner. Ma rancœur était dangereuse pour nos filles, je devais me taire et passer à autre chose.
C’est chose faite.

J’ai beaucoup hésité à partager cette histoire, mais lire celles des autres me faisait du bien lorsque j’étais en pleine bataille juridique. J’avais perdu ma propre identité, je ne me faisais plus confiance, persuadée d’être paranoïaque, hystérique et tout ce que l’on peut imaginer. Les experts ne m’ont trouvé aucune névrose, il semblerait que je sois parfaitement équilibrée. D’après eux, j’ai été responsabilisée trop tôt et j’ai toujours cherché à satisfaire les désirs des autres avant les miens.
Je peux maintenant faire confiance à mon instinct et mes analyses. Je ne suis ni bête, ni menteuse, ni manipulatrice, je me suis simplement laissée emporter dans une histoire vouée à l’échec.

Ce texte manque cruellement de pudeur, mais que serait le monde si nous n’osions pas partager ce qui se passe dans l’intimité ? Mon histoire est celle de milliers d’autres femmes dans le monde.

D’après-moi, mon destin était tout tracé et B. était sur ce chemin. Il m’a permis de vivre de belles aventures aux quatre coins de la planète, il m’a permis d’apprendre à connaître mes limites sur tous les plans. Il m’a poussée à travailler dur et à me dépasser. Passer 9 années avec lui m’a obligé à me remettre quotidiennement en question, à redoubler de créativité, à tenter de comprendre la psychologie humaine. Grâce à notre histoire, j’ai pu bénéficier d’une expertise psychologique de plusieurs dizaines de pages et (re)trouver confiance en moi à 34 ans.

Cette séparation, aussi douloureuse soit-elle, m’a rappelé ce qui est essentiel dans la vie : la santé et l’amour. La santé m’a permis de tout affronter. La joie, le bonheur d’être avec mes proches et l’amour ; j’en suis privée la plupart de l’année et je sais donc que ça n’a pas de prix. Je n’ai jamais été matérialiste et je gagne bien ma vie ;  je mesure ma chance une nouvelle fois. Quoi qu’il en soit, passer un bon moment avec les gens qu’on aime lorsqu’on vit à 20 000 km, ça ne s’achète pas.

Alors oui, on peut continuer à avancer et même à s’ouvrir sur le plan professionnel tandis que l’on est torturé dans sa vie personnelle. On peut créer une entreprise qui marche, aider des milliers de gens à se reconvertir et croire en eux, même lorsqu’on se sent vide et épuisée.
L’être humain a en lui d’incroyables ressources, il peut se surpasser dans toutes les situations.

Ma force durant ces deux années, je la dois à l’amour de mes proches et celui que j’ai pour mes enfants. Aujourd’hui, je réussis à me taire, voire dire du bien de leur papa, parce que c’est leur papa. J’ai bien conscience qu’il a souffert lui aussi et que nous avons été très abîmés tous les deux. Si je n’ai pas été aimée, moi, je l’ai aimé très fort, trop fort sans doute. J’ai décidé de conserver ces bons souvenirs et de tenter d’oublier le reste.
Parce que l’inverse ne servirait à rien.

Il me tient aussi à cœur de souligner que j’ai puisé une force immense dans les retours positifs de mes élèves et de mes lecteurs. J’ai également eu la chance de rencontrer des personnes formidables sur le chemin, elles ont su me tendre la main avant que je ne sombre.
Le web est un formidable outil, mon combat aujourd’hui est d’aider les femmes à l’utiliser à bon escient.

J’ai maintenant l’impression de vivre une nouvelle vie, une vie que je reprends après 9 années de pose. Je peux de nouveau écouter des musiques que j’aime sans être jugée, je peux chanter, je peux rire de tout, appeler qui je veux, quand je veux et avoir les discussions que je veux aussi. Je peux aussi évoquer ma réussite professionnelle sans rougir, car mes élèves réussissent réellement leur reconversion.

Même si mes doutes m’ont conduite à un échec et à l’emprisonnement sur cet archipel, je reste fière et heureuse de n’avoir rien lâché et d’avoir suivi mon instinct de mère. Sans ces démarches, je serais encore pleine de doutes et je vivrais une torture quotidienne.

Le chemin était long, mais je suis arrivée au bout. J’attends désormais ma vraie liberté, celle de retrouver mon pays et les miens.
Je serai patiente.

LUCIE RONDELET

 

Retrouvez Lucie sur :