Comment un parcours de vie peut conduire à sa créativité…Valérie suit a formation en ligne « Vivre sa Nature »…Un matin, elle m’a écrit pour m’annoncer par mail : « J’ai eu une grande surprise cette semaine, car le manuscrit que j’ai envoyé à une maison d’édition a rencontré un accueil favorable auprès du comité de lecture et donc il va s’en suivre la publication de mon livre. Les choses bougent donc vraiment, c’est assez incroyable. Sans le déclic de cette formation, je crois que je n’aurais jamais osé. Encore un grand merci Caroline. »
J’étais remplie de joie…Car j’ai aussi traversé ce chemin…de la crise vers ma créativité…Voilà pourquoi j’ai souhaité qu’elle témoigne…

 

Un beau matin ça a fait crac dans le bas de mon dos. J’ai senti une petite douleur.

« Oh rien de bien grave! » a murmuré Petit Personnage dans ma tête .

Bonne fille, je l’ai cru et j’ai continué à faire comme si de rien n’était toute la journée.

De là-haut, il ne voulait pas entendre et la machine à minimiser venait de se remettre en route pour la énième fois.

Cela faisait bien une quinzaine d’années que je le laissais rationaliser sur tout ce qui me concernait intimement et ça fonctionnait plutôt bien. J’ai tout de même écouté les conseils avisés de ma collègue Geneviève et filé voir mon médecin-traitant le lendemain.Avec une belle ordonnance d’anti-inflammatoires, il me signe une déclaration d’accident du travail et me conseille de poursuivre les investigations plus avant chez mon rhumatologue-acupuncteur.

« Du cran, tu serres les dents et tu te relèves ! » Me suggère Petit Personnage.

Heureusement qu’il est là et qu’il me booste.

Après quelques jours d’arrêt, je reprends mon activité comme-si de rien n’était.

Un beau matin ma hanche se bloque, c’est quoi ça ? 

«  Pfff, c’est rien du tout, quelques étirements du psoas et ça va disparaître . » Minimizator a parlé.

Une nouvelle fois, je me plie donc à sa loi. Quelques jours plus tard, ma hanche est toujours bloquée et une douleur lancinante descend à l’arrière de ma cuisse …

« Allez, avec un peu de repos, un traitement adéquat et quelques jours de vacances là-dessus,  tout va rentrer dans l’ordre, ça ne peut pas t’arriver à toi, la kinésithérapeute, ce serait tout de même un comble!  » Minimizator ne veut pas entendre ça.

Le rhumatologue m’annonce que les attaches gauches de ma quatrième vertèbre lombaire ont probablement cédé, qu’une entorse vertébrale à ce niveau-là c’est vraiment rare et que bla bla bla (…) Scanner , IRM, hernie discale enfin vous connaissez la suite hein, c’est votre métier. Des douleurs qui durent et perdurent malgré la mise en oeuvre de diverses thérapeutiques rendent peu à peu mon travail de plus en plus difficile.  J’ai mal en permanence et je suis gênée dans ma vie quotidienne par des douleurs qui se diffusent un peu partout malgré la prise de médicaments qui ne me soulagent que très temporairement.

D’ailleurs mon corps les rejette par des allergies de plus en plus souvent. J’ai quarante-deux ans et je me sens aussi usée qu’ une personne de vingt années de plus. Je n’ai eu effectivement eu que très peu d’égards pour mon corps et l’ai traité sans ménagement comme simple outil de travail.  Je suis au bout du rouleau et je prends la mesure du tort que mon aveuglement a pu causer à tout mon organisme. En bon bon petit soldat mon corps a fait de son mieux pour continuer à fonctionner et répondre aux injonctions de l’esclavagiste qui réside dans ma tête.

Les positions antalgiques et les compensations gestuelles mises en place inconsciemment pour répondre aux exigences du métier m’handicapent de plus en plus et m’ont fait perdre confiance en moi et mes capacités.

Petit Personnage cesse cette fois de nier l’évidence quand le médecin du travail lui explique que ce ne sera plus jamais comme avant et qu’il me conseille de réfléchir à une reconversion. Je suis déconfite.

Petit Personnage culpabilise et se rattrape vite par une belle pirouette :

« Puisque ce maudit corps te trahit, fiche-lui-donc la paix une fois pour toutes et sers-toi de ton cerveau.Une formation tu demanderas et en cadre tu te reconvertiras ».

Après un bilan de compétences et des tests mettant en évidence un tempérament plutôt artistique, la perte de repères professionnels qui s’en suit marque un temps très particulier. L’énergie est au niveau zéro chez moi depuis pas mal de temps déjà. 

Une réflexion sur la première partie écoulée de ma vie s’impose à moi.  La maison s’est vidée, les enfants sont partis étudier. Mon compagnon, très occupé par un poste à responsabilités, fait de son mieux pour me rendre la vie douce. La perspective de devenir cadre ne m’enchante guère mais puisque j’en ai les capacités d’après la psychologue qui me conseille, je mets en route une demande de financement pour un cycle de formation à l’ingénierie sociale.

J’essaie de prendre des missions d’encadrement sans grand enthousiasme et je continue tant bien que mal la pratique de ma profession à temps partiel sur un poste adapté. Mon humeur et ma joie de vivre sont en berne.

Comment faire quand on s’est perdue  ?

Tempérament d’artiste m’avait-t-on-dit ?  Retrouver les voies par lesquelles la joie va pouvoir à nouveau s’inscrire en moi.

Alors je peins, je dessine, et je m’inscris à des cours de chant car plus question de danser avec ce dos-là. Je cherche à refaire vibrer une à une mes cordes sensibles.

Petit Personnage est toujours là qui continue à faire son travail de sape.

A force je m’y suis habituée, il est comme la douleur chronique qui, à un moment devient une compagnie.Je compose avec les deux, je les connais bien et les ai apprivoisés. Je ne mets plus en colère lorsqu’il m’enraye la voix les jours où l’on doit donner une représentation avec le conservatoire, ni lorsqu’ il me dit qu’il n’aime pas ce que je peins et que ce qui sort de moi est peu créatif et sans intérêt. Mon compagnon m’encourage et je ne lâche pas mes loisirs.

Ils me redonnent peu à peu accès à de belles émotions positives et mon corps réapprend doucement à savourer les sensations gratifiantes que le trop-plein de douleurs avait fini par éradiquer. 

Afin de retrouver du plaisir à bouger, je peux pratiquer à nouveau le yoga, le qi cong et m’initie à la belle spiritualité de ces cultures ancestrales.

Je poursuis mes recherches de techniques diverses basées sur le bien-être pour essayer de me soulager et j’avance pas à pas dans la reconquête de la confiance en mon corps.

Dix années viennent de passer à toute vitesse et à l’aube de la cinquantaine nous décidons avec mon compagnon de nous offrir un périple à Bali en plein coeur de l’hiver pour renouveler nos voeux, un peu comme un voyage de secondes-noces.

L’ ineffable beauté de l’île des dieux est pour moi un choc instantané.  Les paysages à la végétation luxuriantes, le vert radieux des rizières sous la belle lumière remplissent mes yeux de leurs couleurs si pures. La douceur et l’accueil des Balinais, leur sourire, leur attachement à leur belle culture me touchent en plein coeur. Je suis saisie par la magnificence des temples décorés par les offrandes chatoyantes confectionnées avec tant de patience et de dévotion. 

Notre guide, considéré comme une personne évoluée au plan spirituel, nous permet de participer à une célébration dans un temple local où je fais une prière pour mon amie d’enfance.

On a fait le projet de fêter notre demi-siècle ensemble cet été.

Elle doit d’abord se remettre d’une intervention chirurgicale et du traitement lourd qui a suivi.

Je participe à des séances de yoga en pleine nature avec le mangku du village ( personne respectée par la communauté se situant entre le prêtre et le chaman) et nous prenons rendez-vous avec lui pour un massage rituel.

C’est une douleur indescriptible qu’il déclenche dans chaque partie de mon corps qu’il pétrit par des manoeuvres très appuyées.

Mon compagnon qui visiblement a souffert aussi avant moi, assiste au massacre et je ris, je ris sans pouvoir m’arrêter lorsque le Mangku fait mine de cracher sur ma tête.

Il me dit alors d’un ton convaincu : « You strong person ! ».

Je me souviendrai de l’intensité de ce regard perçant toute ma vie.

Au moment de reprendre l’avion et de quitter Bali, des larmes de félicité se mettent à couler de mes yeux, merci Mangku, merci mon Homme, merci mon Corps.

A mon retour, j’apprends que mon amie est condamnée.

Ma réaction est immédiatement prise en main par qui vous savez…Petit personnage se félicite et s’autocongratule d’être un aussi bon et puissant gardien de mon équilibre émotionnel.

Il m’a eue à nouveau.

J’ enrage.J’avais tellement baissé la garde en Indonésie.

Je suis si en colère contre ma propre impuissance que je me sens comme une adolescente en rebellion. Alors comme au temps où je remplissais les pages de mon cahier-journal, je reprends un stylo et me mets à écrire pour m’évader.vLe temps s’étire et je me sens bien dans cet espace de liberté que je crée.

Et c’est alors que les souvenirs reviennent et avec eux des ressentis si profondément enfouis refont surface comme par miracle.

Petit Personnage s’autoriserait-il à me laisser revisiter et expérimenter à nouveau librement mes ressentis?

« Pas maintenant, tu n’es pas encore prête. »

Mon gardien intérieur m’octroie d’abord la motivation et l’énergie suffisante pour me former à une technique de soins basée sur la restauration des facultés d’autoguérison du corps.

Pendant trois ans, j’apprends la subtilité de cette thérapie manuelle si particulière.On travaille en binôme pendant les ateliers pratiques et on se soigne donc mutuellement.

Après chaque stage, je suis souvent secouée, patraque ou malade les lendemains.C’est une habitude chez moi. Mes douleurs disparaissent progressivement.

Ma binôme est médecin, à force de travailler ensemble et de soulager nos pathologies respectives, un lien se crée entre nous.Elle me confie qu’elle a un don particulier pour voir l’aura des gens et que la mienne est blanche.C’est caractéristique des gens qui sont très positifs.

Ah, positive ? moi ? J’ai plutôt le sentiment d’être une Calamity Jane.

Je remanie sans cesse mes écrits et Petit Personnage recommence.

Je ne l’écoute pas et poursuis mon chemin, mes recherches et mes lectures avec parfois des phases d’inspiration.

Un beau jour, sur internet, je lis un très beau texte dans une newsletter et mon regard est accroché plus tard par un ouvrage du même auteur intitulé « Au nom du corps ».

Ce titre m’invite et m’interpelle immédiatement bien-sûr. Je le commande instantanément et lorsque je prends le livre en main, ce que j’y découvre résonne tellement en moi que je le lis presque d’une traite en deux nuits. Fascinée par les synchronicités en concordance avec ce que j’expérimente moi-même depuis si longtemps, je décide d’en apprendre davantage sur l’auteur et assiste à un de ses webinaires.

Je suis vraiment très tentée par le stage que propose Caroline mais les dates ne concordent pas avec mon calendrier.Alors va pour la formation !

C’est le déclic qu’attendait Petit Personnage.  Il consent enfin à baisser la garde et laisser libre-cours sans peur à l’expression de mon immense chagrin rentré et de tout ce qui peut désormais traverser mon corps et le revivifier. J’ose enfin envoyer mon manuscrit qui rencontre un accueil favorable auprès d’un comité d’édition. Mon livre est actuellement en cours de réalisation.

Je sens que quelque chose est en marche et ma gratitude est immense.

Merci « You strong person ! ».

Le meilleur reste à venir.

VALERIE