Aurore est une de ces femmes qui me touchent particulièrement.
Pourquoi ? Parce qu’il y a 2 mots qui me viennent à l’esprit quand je la vois : Douceur et Amour…
J’ai rarement rencontré quelqu’un qui incarnait autant ces 2 mots…
Pas dans la tête… pas par des phrases… mais par un ressenti qu’elle fait connecter à toutes les personnes qu’elle croise.
En tous cas, moi c’est ce que je ressens à son contact.
Je vous laisse découvrir sa belle et poignante histoire…

 

Cela faisait de nombreuses années que je brûlais la chandelle par les deux bouts. J’utilisais mon corps sans conscience. Comme un objet. Un véhicule. Je n’avais que des considérations esthétiques à son égard. Il me devait obéissance. Après tout, c’était MOI le chef !

Un matin d’août 2016, une voix surgissant de nulle part me réveilla : « il y a quelque chose qui ne va pas dans ton corps, va voir le docteur ». Je n’avais aucune raison de penser cela. Pourtant, j’avais entendu cette injonction très clairement.

J’ai laissé passer quelques jours. La voix était toujours là, insistant lourdement. Je finis par prendre rendez-vous avec mon médecin qui, au final, me donna une ordonnance pour une prise de sang. En prenant le papier, j’entendis intérieurement : « Ton problème se trouve ailleurs ».

D’où venait ce message ? J’avais 11 ans lorsque, suite au décès injuste de mon grand-père paternel, j’avais décidé de licencier Dieu pour faute lourde. Ce n’était donc pas lui.

Cet appel tournait en boucle dans ma tête. Je finis donc par céder au harcèlement et rencontra mon gynécologue pour un contrôle. J’en aurais le cœur net (si je puis dire !).

J’avais vu juste : « Ne vous mettez pas dans tous vos états. Ce n’est pas grand-chose. Une petite intervention et tout rentrera dans l’ordre. Ça arrive très fréquemment aux femmes ». Bon sang, il y avait bien quelque chose !

J’ai été alors orientée vers la clinique, la plus proche de chez moi, en vue de la programmation de mon opération, début décembre. Et c’est un nouveau spécialiste qui me reçut. Vêtu de rose, les pieds posés nonchalamment sur le coin du bureau, tenant mon dossier comme il l’aurait fait avec la feuille de chou locale. Lorsque j’ai répété les propos rassurants du premier « gygy », mon interlocuteur s’empressa de répondre avec un sourire moqueur : « C’est quand même un cancer du col de l’utérus que vous avez ! C’est pas rien ! ».

Je tombais littéralement des nues ! Pas de cette annonce mais de la violence avec laquelle le couperet de son inhumanité venait de s’abattre sur moi. Nous parlions de ma santé et de ma vie ! Je vous passerais la quantité astronomique de noms d’oiseaux avec laquelle je l’ai appelé… dans ma tête !

J’ai ensuite consulté un chirurgien rassurant m’annonçant que « 99% des femmes qui subissent cette intervention ne reviennent à la Clinique que pour des cas de grossesses ! Rassurez-vous, vous en ferez partie. ».

En parallèle, j’avais déjà compris depuis plusieurs mois que j’avais envie et besoin d’une reconversion professionnelle. De remettre l’humain en son centre. Dans les métiers que j’exerçais, je m’appliquais à ce que tout soit parfait et à faire plaisir aux autres, au prix de nombreuses heures d’arrachage de cheveux coupés en quatre et passés à la moulinette. J’avais alors une certitude, je ne suivrais pas la tradition familiale masculine : je ne serai pas chauve sur la route menant à mes 40 ans !

Enfant, je me posais la question de savoir pourquoi les gens souffraient et comment les aider à réduire leurs peines. Interrogations qui restèrent sans réponse. Je saisissais donc l’opportunité qui m’était offerte : une formation pour devenir coach. Le cursus commençait en novembre. Le timing était parfait. C’était l’occasion de cheminer vers moi et d’apprendre comment aider les autres, répondre à mes questions et contribuer à un monde qui souffre moins.

Le jour de l’opération arriva. Mon moral était bon. J’étais soutenue et aimée par mon Mari, ma Famille très proche et quelques amies. Je n’avais pas affolé toute la galerie. Je ne voulais pas de visages désolés et de « Oh ma pauvre ! Tu vas tenir le coup ? Moi à ta place… bla bla bla…». Pour la première fois de ma vie, moi la « chouineuse », je ne m’effondrais pas devant l’adversité alors j’avais envie de continuer sur cette voie !

L’opération se déroula au mieux. Quelques jours après, tout ceci n’était déjà qu’un lointain souvenir. J’attendais simplement les résultats de la biopsie. Tout irait bien, le chirurgien l’avait prédit.

Les fêtes passèrent. Je sentais au fond de moi (si vous me permettez l’expression) que ma santé revenait au top.

Puis arriva le 5 janvier 2017, jour du contrôle post-opératoire. J’allais seule au rendez-vous car, après tout, c’était une visite sans surprise. Je partis donc confiante, sourire aux lèvres.

Le chirurgien en barbe blanche ouvrit la porte de son cabinet avec une mine qui n’avait rien d’un père Noël qui veut vous faire un cadeau. « Je n’ai pas de bonnes nouvelles. Vous faites partie du 1%. Vous avez un cancer de stade 4 ou 5. Vous allez être prise en charge par un hôpital spécialisé une semaine par mois durant l’année à venir. Vous allez avoir une grosse intervention pour enlever un maximum de cellules cancéreuses. Radiothérapie. Chimiothérapie selon… Nous allons essayer de préserver votre utérus car vous n’avez pas encore d’enfant. Jocelyne sera votre assistance pour gérer tous vos rendez-vous médicaux et répondre à vos questions ».

J’étais totalement abasourdie. A qui cet homme s’adressait-il ? Je le savais dans mon for intérieur, certainement pas à moi ! Loin du déni, j’avais la conviction qu’il se trompait et que j’allais bien. Je ne ressentais aucune peur mais plutôt une grande sérénité. Sensation qui m’était inconnue jusque-là.

Comment savait-il que c’était si grave ? Une commission d’experts s’était longuement réunie et la biopsie montrait qu’une cellule cancéreuse était sur le bord de la partie retirée au laser. C’était donc la preuve d’une invasion profonde. La première étape serait donc de me faire passer des examens médicaux (IRM et TEP Scan) pour voir « l’étendue des dégâts ! ». Il me raccompagna à la porte en me souhaitant bon courage pour la suite.

Je marchais dans les couloirs sans réaliser ce qui venait de se passer. En sortant du bâtiment, je m’assis sur un banc. Quelques larmes coulaient quand cette pensée vînt me stopper net : « Tu n’es pas l’héroïne d’un mauvais film ! Tout va bien ! Ressaisis-toi ! ». Je pris alors l’une des plus grandes décisions de ma vie : j’allais prendre en main tout ce bordel et en faire quelque chose de plus grand ! Wouahhhh ! Mon premier projet ambitieux !

Si j’avais quelque chose, c’était la conséquence d’un problème. Je mis alors au point mon propre parcours de soins ! Ce soir-là, assise au coin du feu, est né en moi quelque chose d’inédit : une force tranquille qui me permettait d’affirmer qu’à l’avenir tout irait bien.

Durant ma formation, j’étais accompagnée par une coach qui était, comme « par hasard », une ancienne infirmière. Je connaissais un magnétiseur et une thérapeute quantique et j’avais trouvé les coordonnées d’un hypnothérapeute que j’avais senti comme étant le dernier élu de mes 4 fantastiques. Les résultats visés étaient clairs : identifier la source de mon problème, m’en libérer et faire que les résultats des examens soient strictement clean.

Mon parcours de soins alternatifs se déroula au mieux. Petit à petit, je me sentis libérée. Mon cœur et mon âme s’allégèrent.

Puis un matin, alors que j’avais décidé de prendre ma douche dans le plus grand calme, je sentis une vibration intense et extrêmement agréable m’envahir. Des larmes incontrôlables perlèrent sur mes joues en même temps que je riais. La voix me répéta en continue : « Je suis la Vie ! Je suis en Toi ». Je tombai à genoux.

Vînt le moment de l’IRM. L’examen se déroula sans encombre. Puis, au moment même où l’on m’appelait pour aller chercher mes résultats, survînt… une coupure de courant. Après plusieurs minutes d’attente, la secrétaire m’expliqua que faute d’informatique, je devais repasser dans l’après-midi. Une fois installée au volant de ma voiture, j’ai ri de ce que je voyais comme une ultime mise à l’épreuve. J’ai regardé le ciel en disant « je ne sais pas qui tu es mais dis-toi bien une chose : je ne baisserai pas les bras. J’ai foi en moi, je vais continuer de m’accrocher et d’y croire ! ».

J’avais à peine passé le coin de la rue que mon portable sonnait. Mes résultats étaient disponibles et le docteur voulait me voir tout de suite. La peur résonna en moi : « si elle veut me voir, c’est que c’est grave ». Puis ma voix intérieure reprit immédiatement le dessus en disant : « Si elle veut me voir, c’est pour me rassurer ! ». Et c’est ce qu’elle fit avec une joie non dissimulée. Pas de trace de cancer !

Plus que quelques jours avant de passer mon TEP scan. Ma Maman me rendait visite chaque jour. Je pouvais sentir tout son Amour m’envelopper. Durant l’une de nos discussions, elle m’expliqua qu’elle ressentait beaucoup de colère envers son père et sa belle-mère. Ma grand-mère biologique avait succombé à un cancer de l’utérus, laissant derrière elle ma Maman alors âgée de 7 ans, sa petite sœur de 5 ans et 6 autres frères et sœurs plus grands. Face à cette disparition tragique, mon grand-père avait cru mourir de chagrin. Il avait fini par refaire sa vie avec une amie de longue date qu’il avait retrouvée quelques années après et que j’appellerai plus tard « Mémé ». Ma Maman m’expliqua combien cette femme avait été violente psychologiquement et combien cela avait été dur de survivre à ses côtés toutes ces années, de ne pas recevoir d’amour et de soutien de sa part et qu’elle en voulait profondément à mon grand-père de l’avoir abandonnée aux griffes de cette marâtre. Maintenant qu’ils étaient morts tous les deux, elle ne pourrait jamais comprendre le sens de tout ça.

Quand mes parents se sont rencontrés, ma Maman avait été formelle ! Lorsqu’ils auraient des enfants, elle serait tout l’inverse de cette femme : « Je serai une mère aimante ! Je les embrasserai, les câlinerai, les soutiendrai et je leur dirai combien ils comptent pour moi ! ». Entre nous, c’est exactement la Mère qu’elle est pour moi depuis 40 ans ! Je suis profondément choyée d’avoir les parents que j’ai.

Je pouvais percevoir toute la colère mais aussi toute la souffrance qu’elle ressentait en se confiant à moi. C’est alors qu’un sentiment violent me submergea et les larmes me montèrent aux yeux. Elle me regarda avec tristesse et me dit : « oh non ma Fée ! Je ne veux pas que ça te fasse pleurer ! Ça va aller, ça passera ! ». Mais je n’étais pas triste. J’éprouvais une intense gratitude ! Je la ressentais partout dans mon corps, elle était bouleversante et remplissait mon cœur d’une énergie incroyable. Je pris le temps de regarder ma Maman avec émerveillement avant de lui dire : « Je te remercie d’avoir enduré tout ça. Si tu n’avais pas vécu ça, tu ne serais pas la mère formidable que tu es ! Et je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Je te remercie tellement Maman !». Elle eût du mal à trouver ses mots… et finit par me répondre que c’était normal, qu’elle était ma mère et qu’elle m’aimait. Ce à quoi j’ai ajouté : « tu as fait le choix d’être cette femme-là ! ».

Deux jours après, Elle revînt me rendre visite et me dit : « Tu sais, quand on a parlé l’autre soir… Je voudrais te remercier car depuis je n’ai plus de colère. J’ai compris pourquoi j’avais vécu tout ça : Mémé m’a montré tout ce que je ne voulais pas être ! Alors si c’était à refaire, je le referai exactement pareil parce que quand je vois les enfants formidables que j’ai, je me dis que ça en valait vraiment la peine ! ». J’étais touchée au plus profond de mon âme : Elle ne souffrait plus.

Les lignes me manquent pour vous raconter l’histoire de Mémé. Sachez simplement que cette femme vietnamienne avait été faite prisonnière par l’armée japonaise durant la guerre d’Indochine. Son cœur était déchiré par l’horreur subie et le vol de son bébé d’un mois qu’elle ne revit jamais. Mémé avait fait de son mieux avec un cœur complètement meurtri.

Quant à mon TEP scan : Pas de trace de cancer ! Le chirurgien me soutînt que j’avais tout de même quelque chose de l’ordre du millimétrique. Après avoir tergiversé plusieurs semaines, j’ai décidé de me faire opérer… d’un doute ! Au moins, il ne ferait plus jamais partie de moi et je gagnerai par la même occasion la liberté de vivre pleinement en me créant un nouveau départ. Et en l’an de grâce + 2 après mes ennuis, je m’autorisais enfin à vivre MA vie.

Depuis, j’ai appris à créer du lien avec mon corps, à l’aimer, l’écouter, le respecter, le chouchouter. J’ai appris à laisser ma voix me guider, à lui faire confiance. A ME faire confiance ! Je cultive mes ressentis de gratitude et d’Amour chaque jour. J’en fais profiter volontiers mon entourage et les gens que je croise. C’est ainsi que j’ai réussi à trouver mes propres réponses : offrir un sourire peut permettre à une personne de sortir de la souffrance pour au moins un instant. Je fais ma part, à mon niveau, à mon échelle, chaque jour, tel le colibri de la fable.

Et je constate chaque jour que le hasard n’existe pas. Qu’une petite décision en amenant une autre peut être le point de départ d’une transformation inimaginable. Que nous ne savons jamais à quel point notre propre transformation peut impacter celle des autres ! Et que la Vie est vraiment belle quand nous choisissons d’écouter notre Voix !

AURORE SERVANTIE LEROUX
Déclicologue et Coach

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