Je suis tombée par hasard sur les écrits de Mathilde sur Facebook.
J’ai beaucoup aimé sa plume…
Je lui ai donc spontanément demandée de témoigner
sur le magazine « Vivre sa Nature »…
Voici son témoignage…
Un grand merci

DE LA TERRE À L’HUMAIN, DE L’HUMAIN À LA TERRE

Du plus loin que je me souvienne, j’ai eu toujours un élan à vouloir protéger notre planète, grâce à l’émerveillement sans fin qu’elle me procure à travers la Nature, ses formes et ses couleurs.
Pourtant cela n’a pas été une évidence, j’ai grandi longtemps, dans une tour de 17 étages, dans une Zup. Mais après le divorce de mes parents, à l’âge de 7 ans, ma mère loue une petite maison à la campagne, et c’est la révélation : je ne pouvais pas être éloignée de la nature.

De là, petite, je me suis mise en tête de protéger les animaux et les plantes.
J’ai, depuis toute jeune, aussi des perceptions et des sensations de « présences » autour de moi, et entends des « messages » qui deviennent comme une évidence.

S’ensuivit adolescente, une période difficile, où je me suis débattue avec un mal être puissant.
Des incompréhensions sur la violence du Monde, une sensibilité exacerbée, qui m’a emmené à être suivie par une merveilleuse femme, art-thérapeute, ancienne infirmière, connectée à la spiritualité. J’ai pu laisser émerger mes propres douleurs et violences, et entrapercevoir et mettre des mots sur d’autres réalités et aptitudes que celles proposées par la société, et dites « normales ».
A ce moment là de ma vie, le mieux était de me concentrer sur mes études et rencontres du moment, sans m’attarder sur la spiritualité qui en me fascinant me faisait également peur.
Arrivée en Master en environnement, j’ai préféré suivre mon élan et choisir un master qui me permettait de voyager et de découvrir de magnifiques paysages. Je suis donc arrivée à l’île de la Réunion à 20 ans, seule, et à 10 000 km de ma famille et amis, pour au moins 1 an. Cela a été un tournant de ma vie.
En stage à Madagascar, j’ai été touchée par le sourire des locaux malgré leurs conditions de vie difficiles, et j’ai pu réaliser la chance que j’avais. Eux, ils étaient riches, pas d’une richesse matérielle ni financière, mais riches de leur savoir-vivre, riches de leurs sourires, riches de leur courage. A vivre un mois, au fin fond d’une forêt tropicale primaire, sans électricité, sans eau courante et réseau, j’ai pu relativiser sur ma vie et me reconnecter à l’essentiel.
A la fin de mes études, j’ai eu encore un appel à continuer mes voyages, qui m’ont permis de rencontrer différentes cultures, différentes façons de voir et d’appréhender le Monde.
Je suis partie 6 mois bénévolement, dans un centre de conservation de chimpanzés, où j’ai enchaîné radiotracking et mère de substitution pour des bébés orphelins chimpanzés, également sans électricité ni eau courante.
J’ai pu lire toute l’intelligence dans les yeux des chimpanzés, ils étaient des êtres vivants à part entière, avec des émotions, des blessures, des traumatismes et des rires. Ils ont été des enseignants par leur profonde ressemblance avec nous, autant dans leurs violences que leurs espiègleries.

Dans les moments de trecks, à m’asseoir dans des villages, en pleine brousse, en Afrique, à écouter les récits de vie des personnes que je rencontrais a été un puissant enseignement. Au fond de moi, d’autres élans émergeaient sans que je m’en rende encore vraiment compte.
Des histoires terribles qu’elles ont pu vivre à leur adaptation aujourd’hui, j’ai été très touchée de sentir la Force de vie qui les anime. J’ai été touchée de voir leurs sourires sur leur visage après qu’ils aient assisté à des massacres, dans leur village, dus à des rebelles, ou encore à la mort d’enfants de maladie, sans qu’ils aient l’argent pour avoir accès à des soins.
Je me suis sentie comme le témoin privilégié de leur vulnérabilité, tout autant que de leur force. Je me suis sentie aussi par moment comme le réceptacle de leur découragement ou de leur tristesse.
Ces voyages ont été aussi le lieu de rencontres et de dépassement de mes peurs, qui m’ont permis de voir qu’elles n’étaient réelles que par l’intérêt que je leur accordais.

Revenue de ces périples, j’ai travaillé en tant que chargé de mission biodiversité durant un an, dans une association où il faisait aussi de la réinsertion professionnelle. Naturellement, je me suis mise à l’écoute de ces personnes qui étaient dans une période difficile de leur vie, et qui n’arrivaient pas à trouver du travail.
Je me suis retrouvée à vivre dans un chalet dans une grande forêt, et à être assez isolée, en dehors des temps de travail où je travaillais seule sur un projet ; cela a été des moments d’introspection, un peu forcée, et j’ai commencé à m’apprivoiser en vivant avec moi-même.
Puis des conflits entre collègues et directeurs m’ont amené à réfléchir et à me tourner davantage vers des outils de développement personnel, pour trouver des moyens de vivre plus en paix. C’est à ce moment là que j’ai rencontré la Communication Non-violente par le biais d’Isabelle Padovani, cela a été vraiment, pour moi, un tournant dans ma vie.
Je suis partie à ma propre rencontre, je me suis vue hypersensible, et coupée de moi-même.
J’ai réappris à redescendre dans mon corps, à me reconnecter à mes émotions, à pouvoir les verbaliser et à exprimer des demandes claires en lien avec mes besoins et envies du moment.

Cela a apporté une énorme fluidité, dans ma vie et dans mes relations. De toutes ces prises de conscience, je me suis lancée dans un travail thérapeutique sur moi, et pas longtemps après en parallèle, je suis partie me former à la communication Non-violente, en tant qu’accompagnatrice individuelle.

De part ma sensibilité, mon intérêt pour le fonctionnement humain, et pour sa beauté dans les histoires de chacun à vouloir « vivre » malgré tous les parcours difficiles, je suis devenue thérapeute.
De l’amie qui écoutait, à la thérapeute pro, il y a eu tout un apprentissage, toute une posture pour être au plus juste, à l’écoute, en bienveillance. Un apprentissage qui perdure encore aujourd’hui, car d’après moi, la Vie est un apprentissage et une expérience sans fin. Passionnée par le vivant, après avoir exploré une partie de la Nature et son fonctionnement, je me suis tournée vers les capacités de l’Esprit et du corps humain à travers plusieurs approches dont le chamanisme, le pranisme et la méditation.
L’Art, également, à travers la danse, le chant, le dessin et l’écriture sont pour moi des outils puissants de réalisation de soi et permettent de se relier à notre pouvoir de création.
L’écriture est entrée naturellement assez tôt dans ma vie, elle devient une de mes expressions favorites, d’abord de moi à moi, avant de pouvoir la partager aux autres et sur les réseaux.

Elle est une expression de ma sensibilité qui est devenue une force avec le temps.
Lorsque les personnes manifestaient une expression du visage, j’avais le ressenti et les mots venaient naturellement sur ce qu’elles vivaient. Comme si les mots étaient aussi des « guérisseurs », ils émergent pour déposer les histoires et les émotions.

Ils sont comme les témoins de nos sensations et un des liants entre les êtres humains.

Ils sont à la fois ceux qui peuvent réunir et ceux qui peuvent séparer. Ils sont ceux qui peuvent encourager, guider et ceux qui peuvent nous perdre, ils sont ceux qui peuvent nous faire rire et nous faire pleurer. Ils ont ces pouvoirs, en fonction de l’intention que l’on a quand on les utilise.

L’être humain et ses capacités me passionnent, la Vie dans ce qu’elle exprime et permet. J’aime sentir l’unicité en chacun et la beauté des êtres dans leurs expressions de leur vie.
Je crois que chacun de nous participe à la complexité et l’harmonie de notre Monde, et c’est cette diversité qui crée la richesse de nos expériences.

J’aime écrire et partager mon expérience, ma conscience et ce qui me fait vibrer, pour que l’on puisse s’émerveiller ensemble.

Aujourd’hui, j’essaye d’allier tous mes élans, de la terre à l’humain, et de l’humain à la terre, d’accompagner en conscience, tout ce que nous sommes.

—-

SE DÉNUDER

Un jour, j’ai décidé d’arrêter de tricoter avec la Vie.
J’ai arrêté de vouloir faire des nœuds ou de les défaire,
J’ai arrêté de me créer des costumes ou des personnages pas épanouissants,
J’ai arrêté d’essayer de relier le pourquoi avec le comment, d’essayer de chercher la cause et le coupable, d’essayer de comprendre le mécanisme, et quel fil allait avec quelle aiguille.
Et j’ai même arrêté de me dire que j’étais une mauvaise tricoteuse ou de vouloir prendre des cours de tricots.

J’ai arrêté de me battre avec des concepts, ou d’essayer d’avoir raison sur la Vie.
Parce qu’au final, cela ne me rendait pas plus heureuse, et ça me prenait beaucoup de temps et d’énergie.

Je me suis vue, dans ce grand bain de la Vie, à essayer de vouloir changer ce que j’étais, à vouloir être plus joyeuse, plus aimée, plus entourée, plus riche, plus belle, plus connectée ou encore plus populaire.

Tous ces « vouloir » m’éloignant même de ce que je voulais atteindre, car je déclarais également le contraire à chaque fois. Comme les deux faces d’une même pièce, ne pouvant appeler l’un sans faire apparaître l’autre. Je ne peux pas appeler la Lumière, sans faire apparaître l’ombre, comme le soleil crée l’ombre sur Terre.
Être humain, pour moi, est passé et passe par tous ces questionnements qui m’amènent à partager mon expérience et ma conscience.
Et cette conscience émerge aussi quand je décide de me regarder avec honnêteté et authenticité dans le miroir du Monde.

Quand je vois mes ombres, quand j’accepte ma médiocrité, ma jalousie, mes envies, ma culpabilité, mes jugements, ma faiblesse, ma méchanceté, ma boue, alors je me sens plus en paix avec moi-même. Ne cherchant plus à me charcuter en extrayant des bouts de moi.

Quand j’accepte tous les connards et connasses que je peux rencontrer, j’accepte aussi ma propre connerie.

J’ai été tantôt la gentille, tantôt la méchante ; tantôt la sainte, tantôt la salope ; tantôt la bienveillante, tantôt la manipulatrice, de part mon essence humaine.
J’ai aimé jouer à la « méchante », car trop longtemps figée dans un rôle de « gentille » qui m’emprisonnait dans des concepts violents sur ce que je devais faire ou pas faire. Gentille pour plaire ou pour me sentir aimée des autres, et pour correspondre à leurs attentes.

J’ai aimé jouer à juger, critiquer ou râler, car trop longtemps confinée dans des phrases « ce n’est pas bien », ou « il ne faut pas faire ça », faisant taire l’essence même de mes émotions et de ma voix qui essayaient de s’exprimer par ce biais là.

J’ai aimé jouer avec les extrêmes, me ramenant au funambule, en équilibre, sur son fil.
L’un et l’autre coexistent simultanément, et c’est en vain que l’on ne peut faire disparaître l’un ou l’autre.
Je joue au Jeu de la Vie, même si parfois j’ai la tête qui tourne. J’aime rire de tout ça, avec bienveillance et légèreté.

Aujourd’hui si je tricote, c’est par pur plaisir. 

Dans la Joie du tricot dans cette humanité pleine de vies, de surprises et de mystères.

MATHILDE REBERAT

 

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