Docteur en histoire des civilisations anciennes, Roxane est une écrivain voyageuse qui vit entre la métropole et le Pacifique Sud. Auteur hybride, elle publie en édition classique (Ecole des loisirs, De La Martinière Jeunesse, Mango, Hachette…) et en indépendant.
Elle est traduite dans plus de quatorze langues et adaptée au théâtre. Ses contes poétiques, régulièrement primés et étudiés dans les écoles, prônent des valeurs humaines ou écologiques. Le respect domine dans tous ses ouvrages, qu’elle traite du handicap, des sans-abri ou de la discrimination.
Elle témoigne…

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit, inventé des histoires.

J’étais une petite fille qui parlait peu et mal et je n’ai jamais beaucoup aimé vivre dans la réalité.

J’ai grandi dans le nord de la France, au bord de la mer du Nord et mes grands-pères, marin pêcheur pour l’un, marin au « long cours » pour l’autre m’ont nourrie d’histoires. Ils m’ont raconté le monde à travers leurs yeux, notamment mon grand-père maternel, et j’apprenais ainsi la nature du vent, la formation des nuages, le langage des oiseaux. Autant d’explications qui bien sûr auraient surpris plus d’un scientifique !

Je rêvais alors de devenir marin (mais j’ai le mal de mer), fermière (mais je ne veux pas manger les animaux), comédienne (mais je me refuse à embrasser sur la bouche un inconnu) et surtout écrivain. Mais écrire, me répétait-on, ce n’est pas un métier.

Alors j’ai étudié en classe, beaucoup, longtemps, dans l’espoir d’avoir un métier convenable. Je me préparais à devenir universitaire, en soutenant une thèse de doctorat (sur la mythologie, on ne se refait pas).

La vie nous montre toujours le chemin, d’abord en semant en nous un désir et ce désir, si on le suit, nous mène tout simplement vers le bonheur et la réalisation de soi.

Pourquoi ne le suit-on pas ce désir ? La peur parfois, l’écoute des autres, le manque de confiance, la croyance que ce n’est pas si simple… et pourtant.

À 13 ans, ma mère a envoyé certains de mes poèmes à mon insu et j’ai obtenu une mention d’excellence des jeunes poètes de France. C’était le premier signe, mais je ne l’ai pas suivi, il ne me semblait pas assez concret, tout le monde peut avoir un prix, ce n’est que du hasard et un peu de chance peut-être.

J’ai continué à écrire, mis en scène avec des amis des pièces de théâtre que j’écrivais, mais tout cela devait rester du loisir, il me fallait, me répétait-on, un métier.

J’avais déjà presque 30 ans, J’étais journaliste quand j’ai rencontré un peintre qui souhaitait publier un album illustré. Je lui ai naturellement proposé mes textes, il en a illustré un. Le seul éditeur à qui je l’ai envoyé l’a accepté très vite et mon premier livre a été publié. Je me souviens encore de l’appel de l’éditeur pour me l’annoncer. J’étais dans une forêt des îles Marquises et la nature chantait avec moi cette grande joie.

Pourtant, je tenais à terminer cette thèse coûte que coûte. L’écriture ne pouvait être qu’un loisir, je me convainquais que je n’en vivrais pas et je ne prospectais même pas d’autres maisons d’édition. Heureusement, la vie a plus d’imagination qu’on ne le croit.

Invitée au Salon du Livre pour dédicacer mon premier livre, c’est un éditeur qui est venu vers moi. Il avait aimé mon unique album et m’a demandé de lui écrire une histoire. Je l’ai écrite dans le train en rentrant.

Quelques mois plus tard, il me publiait. Une semaine plus tôt, je soutenais enfin et obtenais cette thèse de doctorat que je voyais comme un Graal. Mais je n’y croyais plus, le désir n’était plus là, j’avais perdu la joie.

Quand on a passé tant de temps sur un chemin, on hésite à le rebrousser, on est tenté de continuer d’avancer, même dans les ronces, même sous la pluie, même si l’on est triste. Mais ce n’était pas mon chemin.
Mon deuxième livre venait de paraître et deux éditeurs me commandaient des projets. La vie, là encore, cognait à ma porte pour me dire où je devais aller.

J’ai quitté la faculté avant même d’y entrer et j’ai décidé de vivre la vie que je m’étais imaginée, à écrire, et je répétais que j’en vivrais parce qu’il ne pouvait pas en être autrement.

Qu’est-ce qui m’a poussée, à l’orée de la quarantaine, à accepter un métier « convenable » ?

Peut-être un dernier reste de doutes, de peurs, une mise à l’épreuve, un dernier test. Je n’ai pas tenu une année, j’ai démissionné, écœurée par un milieu où l’on cherche à détruire pour un peu de prétendu pouvoir. J’ai démissionné et j’ai retrouvé mes cahiers, mes histoires et je me suis juré de ne plus les quitter.

Aujourd’hui, sous mon nom ou sous pseudo, j’ai publié une cinquantaine de livres, pour enfants, ou pour adultes. Je me suis formée aux thérapies brèves et à l’art-thérapie et j’aide celles et ceux qui le souhaitent, à écrire, à prendre confiance, à y croire, à partager leurs histoires.

Je publie avec des éditeurs et je publie seule aussi, car l’auto-édition est un merveilleux outil de liberté. J’ai un projet un peu fou, qu’aucun éditeur ne veut suivre : écrire une sorte de « mythologie », écrire une histoire, où chaque personnage a son propre livre, son propre récit d’aventures. Ce sera peut-être, je le souhaite, le projet de toute ma vie.

J’ai commencé avec LE PÊCHEUR D’ÉTOILES. Barbar, un jeune Phénicien n’est pas malheureux, mais il n’est pas heureux et se demande qu’elle est sa place, alors il prend la route et se cherche, et se trouve…

Le magazine Happinez a fait une jolie critique de l’ouvrage qui m’a permis quelques ventes, un ami Musicien travaille à le mettre en scène avec des danseurs et des musiciens et Caroline m’offre une place dans ces pages.

J’y vois encore un signe et je poursuis l’aventure.

J’ai écrit la suite, LA DANSE DE L’AUBE et je travaille sur le troisième opus. Ce sont les lecteurs qui décident de la vie d’un livre. Peut-être ce projet ne rencontrera-t-il pas grand succès, ou peut-être au contraire trouvera-t-il ses lecteurs. Je l’espère. Je le crois. Mais après tout, qu’importe, au fond maintenant, et enfin, je suis mes étoiles.

Et vous, quelle est votre étoile, quel est votre désir et ce qui vous donne de la joie ?

Surtout, s’il vous plaît, restez illuminé(e), ne vous éteignez pas, allumez toutes vos étoiles et éclairez-nous. Quand on brille, on permet à ceux, autour de soi, de briller eux aussi. Alors, ensemble, illuminons le monde.

Roxane-Marie GALLIEZ

www.roxanemariegalliez.com

« LE PÊCHEUR D’ÉTOILES »

« LA DANSE DE L’AUBE »

Atelier d’écriture « Conter sur soi » dans une abbaye