J’ai rencontré Mathilde, il y a peu de temps…
J’ai aimé sa plume, son parcours, son témoignage…
Il y a des connections qui se font naturellement, simplement.
Mathilde est une belle rencontre.
J’ai eu envie de vous partager sa belle énergie à travers son témoignage.

Tout a commencé à la fin de mes études. Depuis mes 16 ans, je voulais travailler dans le spatial. J’ai donc fait des pieds et des mains pour décrocher un emploi dans ce domaine.

Pour ma plus grande joie à ce moment-là, j’y suis arrivée. Six mois plus tard, j’avais fait le tour, j’avais atteint mon rythme de croisière et je commençais à m’ennuyer.

Je me suis mise alors à rêver de voyage. Celui que je voulais faire il y a quelques mois pour fêter la fin de mes études.

Après quelques semaines de planifications, j’ai décollé pour 3 mois pour un rapide tour du monde, principalement basé en Asie. Je suis rentrée, j’étais un peu à l’envers.

Un grand questionnement sur le mode de fonctionnement occidental grondait à l’intérieur. Où étaient passés la famille, les sourires, les petits riens qui font le bonheur ?

Je suis retournée travailler, habitée par un profond mal-être. J’ai cherché dans les livres, dans l’éducation ce que je pouvais changer pour m’aligner sur quelque chose qui me correspondait plus.

Je suis retournée aux études, cette fois-ci en environnement. Je voulais devenir gestionnaire de projet en développement durable pour les petites entreprises. Je pensais y trouver mon compte, mais je restais dans le cérébral, la connaissance.

Je travaillais donc entourée d’hommes dans un milieu très masculin et limite macho. En parallèle, j’étudiais entourée de femmes, certaines très féminines, d’autres très masculines.

Étant habituée à être entourée d’hommes, je me suis rapprochée de celles qui correspondaient le plus à ce que je connaissais. Là encore, pensant trouver l’équilibre, je suis restée dans le cartésien, la structure, le mental.

Puis est arrivée une première goutte d’eau de trop. Au travail, j’ai collaboré sur un gros projet qui devait aider les pays en développement à avoir accès à la communication (télévision, internet, téléphone).

J’étais révoltée. Selon moi, c’était un manque d’éthique complet que de faire payer des gens pour avoir internet alors qu’ils avaient du mal à avoir de l’eau propre ou un menu varié sur leur table. Surtout que les profits engrangés n’allaient nullement à ces populations, mais bien à quelques nantis de nos pays.

Un voyage d’échange culturel à saveur humanitaire se dessinait à l’horizon, j’ai donc démissionné et j’ai changé d’air pour quelques mois.

Quand je suis revenue, j’ai décidé de passer à l’action sur ma nouvelle passion qui était l’environnement. J’ai donc trouvé un emploi dans ce domaine dans un organisme à but non lucratif.

J’étais entourée de femmes très émotives et l’organisation du travail était complètement déstructurée. J’étais aux antipodes de ce que je connaissais jusqu’à maintenant.

En fait, j’étais perdue, je nageais dans le flou le plus total. Une cartésienne, cérébrale, coupée de ses émotions, en pleine jungle de la non-gestion émotionnelle, d’absence de coordination et de structure. Au secours, sauvez-moi quelqu’un !! Deuxième trop-plein.

J’ai tenu un an, puis j’ai démissionné pour ma santé mentale. Je n’étais pas prête et surtout j’étais mal entourée pour aborder ces changements sereinement. Je suis donc retournée dans mon emploi d’ingénieur des étoiles.

J’ai tenu cinq ans entrecoupés de trois congés d’un an pour prendre soin de mes bébés naissants. À chaque pause à la maison, je me sentais de plus en plus déconnectée du travail dans lequel je devais remettre les pieds.

J’étais bien à la maison, bien à m’occuper de mes tous petits. En même temps, je devenais petit à petit qu’une maman, qu’une gestionnaire de maison.

Je m’éloignais de plus en plus de mon conjoint qui avait ses projets que je ne comprenais pas complètement et qui ne m’intéressaient que moyennement. J’avais envie de discuter bébé, parce que c’était mon quotidien.

Lui avait besoin de sortir de la maison, de voir du monde. J’en avais besoin aussi, mais je ne le reconnaissais pas. Mes enfants passaient en premier, mon conjoint en deuxième et moi, souvent après bien du monde.

Alors, je laissais mon conjoint sortir et je trouvais l’amour auprès de mes enfants. Troisième goutte, qui a fait déborder le barrage…

Je fuyais une vie qui ne me plaisait plus en embarrassant un rôle qui avait toujours était là à l’intérieur de moi.

Résultat, peu après la naissance de mon troisième enfant, me sentant tellement mal, j’ai décidé d’aller consulter une coach de vie pour remonter mon estime personnelle.

Deux jours avant ma première rencontre avec cette coach, mon conjoint est parti et mes enfants sont tous tombés malades. Je n’avais pas écouté les gouttes tombées, le barrage a cédé…

Étrangement, je ne me suis pas laissée emporter. J’avais lu quelques ouvrages de développement personnel quelques mois avant.

Quand est arrivée la claque, je suis restée debout. Je me suis dit : « ce n’est pas vrai, que je vais me morfondre comme je le fais à chaque fois, que quelque chose m’arrive qui ne me plait pas. Ce n’est pas vrai, que je vais m’effondrer et rester cloitrée dans ma tristesse et mon malheur. »

Je me souviens m’être également rappelé une des nombreuses citations que je voyais passer. Elle exprimait à peu près ceci : « il y a deux façons de réagir à une situation : choisir de se laisser submerger et se plaindre OU choisir de voir le bon côté des choses et ce qu’il y a de bon dans cette situation ».

La première nuit seule, j’ai décidé que je créerai ma propre entreprise de coaching pour aider les gens à voir le bon côté des choses. Je voulais l’appeler « les petits bonheurs » ou « graines de bonheur ».

Ce jour-là mon parcours initiatique vers qui je suis a commencé. Au cours de cette année-là, j’ai croisé, parlé, rencontré, côtoyé sincèrement plus de femmes que dans toutes mes années précédentes.

Le féminin s’est mis à entrer dans ma vie par tous les trous que je perçais dans ma muraille. Avec ma coach, j’ai fait un travail de fond pour me remettre en lien avec mes émotions, mes blessures, mon histoire, qui je suis et ce que je veux être.

Je dois dire que toucher à mes blessures et aux émotions associées fût dur, même très dur par moment.

La première fois que je me suis donné le droit d’exprimer ma colère, je me suis laissée emporter comme par un tsunami. Gare à quiconque m’approcher.

Ce fut un moment difficile avec les enfants, la tempête faisait rage à la maison… Il fallait que cela sorte, que j’apprenne à l’exprimer sainement.

Pour cela, il a fallu que je prenne conscience de ce que je vivais et de ce que j’exprimais. Jusqu’à ce qu’un soir, je sorte de moi-même et que je me dise stop ! Ce n’est pas comme ça que je veux être.

Depuis quand la colère monte, je respire, je prends conscience de ce que je vis. Au besoin, je m’isole 2-3 minutes pour retrouver le calme et cela va beaucoup mieux. Je l’exprime aussi de façon plus raisonnable, simplement en disant : je suis fâchée.

J’ai eu des hauts et des très bas. Le chemin vers soi n’a rien de linaire, n’est pas lumineux tout le temps.

Je pense que pour y arriver, on ne peut pas rester seul dans sa grotte. Les moments de solitude sont nécessaires pour assimiler ce qui se passe et les changements qui s’opèrent.

Mais je crois aussi que c’est le contact avec l’autre qui nous fait travailler le plus. Cela nous permet de frotter nos attentes à la réalité, de relier le côté spirituel, la quête de sens, à la terre, au monde humain.

Et avec de jeunes enfants, on revient vite dans la matière. Avant de trouver l’équilibre, les deux côtés font des étincelles quand ils se rencontrent. C’est épuisant de faire le yoyo.

Quand est venu le temps de retourner travailler dans mon emploi d’ingénieur, je me suis vite rendu compte que cela ne faisait plus de sens.

Je n’étais plus juste un homme dans un corps de femme, j’étais aussi une femme avec un côté sensible et émotif. Je ne pouvais plus rester là.

Ce fut un autre aspect difficile à accepter, cette part féminine ou plutôt cette part masculine qui avait pris trop de place. J’étais tellement en rébellion contre toutes formes d’organisation et de structure, que je n’arrivais pas à mettre en place mon projet professionnel.

À force d’y réfléchir, j’avais peaufiné mon sujet et comment je voulais le véhiculer. Mais concrètement, rien n’avançait. Je pouvais écrire trois plans par jour, mais rien n’y faisait, c’était le chaos total au niveau de l’organisation. Un comble pour une ancienne ingénieure, gestionnaire de projets !!

J’avais aussi mon côté féminin à accepter, avec tout ce que cela implique : les émotions, les sensations, le corps, etc. J’étais tellement accaparée à découvrir cette partie-là, que je rejetais totalement l’autre.

Je partais dans l’extrême inverse, d’où l’absence de structure et d’organisation. Plus je plongeais là-dedans, plus les femmes affluaient dans ma vie. Cela m’a beaucoup aidé à évoluer, à me soigner. Pour me rééquilibrer, j’ai laissé entrer l’homme sans le chercher.

Ce contact m’a permis de réaliser l’ampleur de certaines blessures et de la soigner tranquillement par moi-même. Cela m’a également mis en lien avec la femme que je suis et ma valeur.

Finalement, il aura fallu beaucoup d’eau et une quasi-inondation pour finir de nettoyer mon âme et me rééquilibrer. J’ai l’impression d’avoir été baptisée par la pluie et le lac.

Durant cet évènement, un ami m’a dit : « C’est impermanent, l’eau va redescendre, va couler sous les ponts et poursuivre son chemin avec cette qualité merveilleuse que possède l’eau, la fluidité !! Aucun obstacle ne l’arrête, elle finit toujours par trouver son chemin sans qu’il soit prédéterminé ».

Ces simples paroles ont apaisé mon cœur, ont lavé ma noirceur. Je me suis sentie me réaligner, me retrouver bien droite, comme si l’eau, le courant, sa fraîcheur m’avaient tiré pour me mettre à ma place.

Aujourd’hui, je suis à ma place, je connais mes valeurs et ce que je veux transmettre. J’ai retrouvé de la structure et de l’organisation. J’ai accepté mon côté féminin et je gère beaucoup mieux mes émotions.

Avec Amour,

Mathilde CALLOT

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