Le parcours de Sylvie m’a touchée. Je lui ai demandé de témoigner… Elle aussi a décidé de faire éclore sa graine d’écrivain… toutes ces personnes qui décident un jour de se lancer dans leur art, dans leur nature pas à pas rendent ce monde plus beau…

Voilà ma Maxime : « Vivre sa Nature aujourd’hui est une nécessité pour transformer le monde de demain » 

 

  • Tu es merveilleuuuuuse !
  • Ah ?
  • Ben vi
  • Ben non
  • Ben si
  • Ah ?
  • Ben vi
  • Si tu l’dis
  • Tu te rends pas compte de tout ce que tu fais pour avancer ?
  • Non
  • Tu commences à t’envoler…
  • Mes pattes elles collent au plancher.
  • Ton plancher c’est du sable, et le sable ça se dissout, c’est souple, on peut même faire des châteaux avec, même en Espagne ! Ça colle que si tu t’y cramponnes. Alors que si tu lui demandes il t’aidera à décoller…
  • Non ?
  • Si… essaie ! Tu l’as déjà fait mais tu ne le vois pas.
  • Je sais que j’ai déjà fait des choses, mais c’est normal, c’est dans ma nature d’aider, de soutenir, de porter…
  • … de subir, de dire oui, de dire c’est pas grave, de faire le tampon, de tout justifier pour pas faire de vagues…
  • Même pas vrai !
  • Bon… un peu vrai… finalement j’aimerais bien tout planter là et puis voler au-dessus du monde… ça j’aimerais bien… en fait c’est ça que je veux faire, et même au-delà ! Je veux voir tout l’univers !
  • Toi quoi !
  •  ?
  • Envole toi je te dis !
  • Okayyyy !

Bon, résumé en mono/dialogue, voilà à peu près où j’en suis.

Une des choses importantes à mon avis, c’est de rire de soi. Pas de se moquer, juste de rire. Ҫa allège, ça ouvre les pistes, la voie du sentir, la voix du cœur.

Je suis née dans une famille de « chercheurs de trésors », ça aide. Mais, alors que mon enfance commençait bien, à 9 ans ma vie bascule, mon père meurt dans un accident de voiture. Après quelques déménagements avec ma mère et ma petite sœur, ma vie reprend son cours, mais mon cœur reste fermé, c’est ce qu’il me souvient en retraçant ma jeunesse.

Retour aux sources à cette époque, c’est-à-dire dans l’enseignement Gurdjieff (dit « le travail sur soi ») que mes parents avaient rencontré avant ma naissance. J’y reviens donc, à l’adolescence. Besoin de repères, de ressourcement. Je cherchais, posais des questions partout, y compris à l’église, où j’assistais parfois à des messes, choquée à chaque fois par le fameux « au nom du père, du fils et du saint esprit » : et le féminin alors ! Il compte pour du beurre ?? : « AU NOM DE LA MERE, DE LA FILLE ET DU (allez, y’en a qu’un) SAINT ESPRIT » ! Pensais-je en mon for intérieur, mais très fort).

J’ai eu du fil à retordre aussi avec ce qui allait s’avérer être, beaucoup plus tard,  une secte. L’enseignement du « travail sur soi » où je retournai donc, m’a happée par le chakra du bas si je puis dire, ce qui m’a tordu le corps et le cœur pendant pas mal de temps.

Et puis un jour, j’en ai eu marre, j’ai décidé de partir. A la question diffuse :

  • Pourquoi pars-tu ? C’est dommage, tu commençais à comprendre des chôôôses…

J’ai rétorqué par une autre question :

  •  Ah bon ? Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir de réponse à mes questions moi.
  • …….

Sur quoi j’ai claqué la porte.

J’apprendrai beaucoup plus tard que mon père est mort d’une certaine manière à cause d’eux, mais ça c’est une autre histoire.

Je reprends ma route, ballottée de sombres histoires de cul en malsaines parties de jambes en l’air, ponctuées de recherche spirituelle et de belles rencontres aussi. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Marquée moi aussi par quelques accidents de voiture récalcitrants qui auraient dû m’être fatals, j’en conclus, un jour, que je devais être protégée et sans doute avoir encore des choses à comprendre sur cette terre avant de la quitter.

J’ai été éveillée très tôt dans mon enfance à la musique. D’abord par mon père, qui me prenait sur ses genoux pour me faire faire des rythmes sur son « bongo », puis dans « le travail sur soi » par une prof de musique qui  accueillait chez elle le groupe d’enfants dont j’étais, une fois par semaine, ainsi que par ma mère, qui a eu la bonne idée de me faire prendre des cours de guitare. Malgré tout, après quelques années de bons et loyaux services, je l’ai laissée de côté. Je préférais le piano…

Aujourd’hui je chante, en amateur, après avoir consacré professionnellement une bonne dizaine d’années à la danse. Bref : « J’aurais voulu être une artiste ! ». Mais, contrairement à la chanson, je mets le verbe au présent : j’ai toujours eu un fond optimiste. Je n’ai plus 20 ans, mais tant que j’ai la santé, l’âge importe peu. Quand bien même ma santé se détériorerait, j’espère garder toujours l’espoir, cette petite herbe vivace qui tire son énergie du plus infime rayon de lumière… cependant, même avec la santé, les occasions ne manquent jamais de me plaindre de ceci ou cela, alors je rebondis, du moins j’essaie, encore et encore… Ce qui compte c’est l’élan de vie et les moyens qu’on y atèle. Un bon cheval qui entraîne joyeusement son carrosse c’est toujours mieux qu’une paire de souris haletantes qui tirent une citrouille !

Après tant d’années d’errance, j’ai finalement trouvé mon « cheval de bataille ». Depuis 7 ans je pratique le bouddhisme de Nichiren (moine du 13ème siècle), c’est-à-dire le dernier enseignement du Bouddha, le Sûtra du Lotus.

Par une prière quotidienne, je fais le plein d’énergie pour la journée. Cette pratique m’apporte l’élan nécessaire pour surmonter les vagues des océans déchaînés de la vie. Je peux donc dire avec assurance que je vais bien, malgré les hauts et les bas inséparables de la vie. C’est pourquoi le fait d’y revenir régulièrement m’apporte au fil du temps une détermination sans cesse renouvelée, que j’essaie d’appliquer dans le quotidien de ma vie. De la même façon qu’on provoque des ronds quand on jette un caillou dans l’eau,  mes changements intérieurs se manifestent à l’extérieur, induisant parfois (on ne peut être le maître que de soi-même) des changements dans mon environnement immédiat. De nos jours, de plus en plus de gens ont une recherche spirituelle. Conclusion, les ronds dans l’eau se multiplient…

Pour moi, l’effondrement des valeurs de notre civilisation est à la mesure de l’élévation, bien qu’encore discrète et parsemée, de la conscience humaine. Mes maîtres mots sont l’espoir, la joie, le courage et la confiance. C’est ma foi.

Tout ça me parle et enchante ma vie d’un renouveau auquel, très franchement, je ne croyais absolument pas avant. Cet aveu contre un peu le manque d’optimisme évoqué plus haut… mais je dirai qu’il était larvaire à l’époque. En fait j’étais devenue très pessimiste car je ne trouvais pas mon chemin. Il avait pris le pas sur mon optimisme. J’étais dans une telle détresse que je n’y croyais plus. Je ne voyais plus la lumière. Je ne cherchais plus. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré cet enseignement de la vie. J’ai lentement commencé à remonter la pente.  ça m’est tombé dessus au moment où je m’y attendais le moins.

Quelques 26 années plus tôt, je rencontrai celui qui partagea ma vie et me donna 2 enfants, aujourd’hui adultes (comme le temps passe vite !).

Je faisais encore de la danse à l’époque, du flamenco, et puis j’ai arrêté, jugeant que j’en avais fait le tour, du moins en France. C’est comme la comédie musicale, à moins d’aller en approfondir le style aux Etats Unis, c’est pas la peine de continuer ici. Pour le flamenco c’est pareil. Soit j’allais en Espagne, soit j’arrêtais. Il fallait aller à la source. Or, j’avais rencontré l’homme de ma vie, sur le tard en plus, je n’allais pas renoncer à cette idylle inespérée !

Faute d’un choix que je n’avais pas su faire avant, par manque de courage, je préférai renoncer plutôt que de « cristalliser mon style français » et finir comme une demi-mondaine poussiéreuse, même si cet avenir était encore lointain. C’est du moins le prétexte inconscient que je trouvai pour éviter de descendre dans des fondations qui me faisaient peur à ce moment de ma vie. Je me grisai donc à l’idée de partir pour de nouvelles aventures qui s’annonçaient ô combien délicieuses avec ce prince charmant qui me tombait du ciel.

Mais, après des préliminaires angéliques, j’ai commencé à me lasser. Je lui reprochais de ne pas me parler de ce qu’il ressentait. Il était taciturne, on riait rarement ensemble. Il était en définitive assez sombre et renfermé sous ses dehors avenants. Bref, en grattant, je découvrais des aspects du personnage qui ne me correspondaient pas. L’ai-je jamais aimé ? Je serais tentée de dire non, mais sans doute au début, oui… quand même.

En fait, j’ai très vite pressenti ce qui m’avait poussé vers lui, pour ne réussir à clarifier qu’ultérieurement mes véritables attentes sentimentales. Entre ces deux découvertes, je me suis insidieusement décentrée…

J’avais besoin d’un père de remplacement. Bien que plus jeune que moi de 3 ans, il me prenait en charge « totalement », m’évitant ainsi de me poser les vraies questions. J’étais sous le charme, croyais-je… et puis tout s’est enchaîné, le mariage – au bout de 5 ans de vie commune quand-même, et décidé par moi – puis la suite « logique », les enfants, que je ne voulais pas tarder à avoir car le temps passait. Je choisissais, sans doute inconsciemment,de réparer une « erreur » de jeunesse qui m’avait valu 2 avortements. Et justement, j’ai accouché de 2 enfants… à 37 ans puis à 39. Je les désirais et ne les regrette pas. Ils sont merveilleux, s’entendent très bien et nous avons une grande complicité.

Après 26 ans de vie commune, à la lumière de ma pratique bouddhique, de la lecture du livre de Caroline, puis de son stage, et enfin de ma décision de suivre sa formation « Vivre sa nature », j’ose enfin choisir pour moi.

Et moi, eh bien c’est sans lui. Nos chemins ne cessent de s’éloigner depuis trop longtemps.

J’entre donc dans la période houleuse d’un divorce, où vont sans doute se révéler des aspects de sa personnalité que je pressens. Il m’a d’ailleurs dit il y a quelques temps que si je voulais me séparer de lui, il agirait en « mode combat »… malgré tout il préfèrerait un divorce à l’amiable ! Va comprendre Charles…

Bon, une bonne inspiration et on remonte à la surface :

« Je décide d’engager une nouvelle cause bénéfique pour ma vie, de vivre selon mes valeurs, de révéler mon potentiel à moi et de faire éclore la fameuse pépite « gauthique»  de Caroline, encore enfouie dans mes profondeurs mais qui entame peu à peu sa remontée vers la lumière. Même si elle est parfois récalcitrante, elle deviendra mon Arbre de Vie ».

J’ai toujours écrit, depuis mon adolescence du moins. Des petits clins d’oeil  par-ci par-là.

Et puis un jour, il y a 2 ans, j’ai gagné un concours d’écriture. Sans m’attendre du tout à être sélectionnée, ni même le souhaiter, je sentais qu’il était peut être temps de me frotter au monde. Ainsi donc, j’ai envoyé ma nouvelle… quand on m’a annoncé que j’étais l’heureuse gagnante, je n’y ai d’abord pas cru… et puis j’ai bondi de joie ! Confortée par cette opportunité qui s’offrait à moi, je me suis engouffrée dans la brèche.

Environ 1 an après, toujours sans le « chercher », est venue à moi « l’écriture intuitive ». Comme par hasard, je stagnais. Quelques stages m’ont permis de découvrir que ce blocage était dû au fait que j’écrivais avec ma tête, ma volonté, et que… c’était la raison pour laquelle ça ne marchait pas !

Je me suis vue écrire des pages et des pages sans discontinuer sous un émerveillement béat… intuition quand tu nous tiens !

Et c’était pas fini ! Dernièrement, toujours sans le « vouloir », un avis de concours de nouvelles (encore un) est venu me chatouiller les yeux sur ma boîte mail, organisé par Amazon. Cette fois, ça devient sérieux : 10 000 mots… à envoyer avant fin août. Je viens de le terminer.

Entre temps, Caroline m’a demandé si je voulais écrire un article pour sa prochaine revue, que je vous livre ici…

M’étant également intéressée au théâtre, je suis venue plus tardivement aux contes, activité que j’ai pratiquée avec un grand intérêt pendant quelques années.

Or il se trouve que justement, il m’a été demandé récemment d’animer un atelier contes à partir de la rentrée…

Le chant, l’écriture, la musique, le théâtre, les contes… un monde infini s’ouvre à moi. Je crois pouvoir dire que tout est parti de la décision intérieure que j’ai plantée, qui s’ancre peu à peu au fond de ma vie, après toutes les expériences qui l’ont jalonnée.

La vie est vraiment un cadeau extraordinaire, avec un corps, ce corps qui nous est offert pour exprimer nos désirs, nos attentes les plus intimes, pour la mettre en valeur de la plus belle manière qui soit.

Le temps est venu pour moi de la vivre pleinement, en laissant de côté mes doutes et  mes peurs , pour m’envoler vers mes vraies aspirations, vers ma vie à moi. Je la remercie de fond du cœur.

 

Sylvie SOUVART