Delphine m’a tout de suite charmée lorsque je l’ai rencontrée…
D’abord par sa grande douceur, mais aussi par la façon qu’elle a de marier sa vie de mère et sa vie de femme qui créait sa vie professionnelle…
Je vous laisse découvrir son témoignage de vie…

Un temps je t’ai au mieux ignoré, au pire rejeté, et très souvent utilisé, sans y mettre grande conscience.

Je t’ai musclé, avec la bénédiction de ma mère, professeur d’éducation physique et sportive, et le bon côté c’est que j’ai adoré le goût de la liberté et de la puissance que je sentais, dans la maîtrise de gestes techniques que tu exécutais avec grâce et obéissance (et oui, c’est possible).

Je savais courir « aussi vite que les garçons », grimper aux arbres et gagner au bras de fer contre mes frères. Je savais faire la roue dans le sable, un saut périlleux du plongeoir de la piscine, lancer le poids ou le javelot et smasher au-dessus du filet du terrain de volley.

Et j’aimais ça, sans savoir qu’un jour tu me permettrais de vivre un bonheur mille fois plus fort…

Merci mon corps d’être féminin.

Et puis, il y a eu ce jour, mon corps, où je t’ai rencontré en tant que Femme. Je parle d’un jour, alors qu’en réalité, la rencontre s’est tissée sur plusieurs années, et sur plusieurs dimensions.

L’une des « options » liées à l’incarnation dans un corps féminin, c’est la possibilité offerte de transmettre la Vie.

J’ai accepté le cadeau avec joie, ignorant alors qu’il contenait en plus de trois bébés magnifiques, un avortement et quelques fausses couches conscientes et inconscientes, des règles parfois douloureuses, un syndrome prémenstruel, et quelques autres surprises que je n’ai pas encore toutes fini de déballer.

« Tu enfanteras dans la douleur » n’a jamais été ma tasse de thé, et je n’avais pas peur d’avoir mal, et même si mon intention n’était pas d’endurer, j’avais déjà la conviction que tu saurais, mon corps, sortir vainqueur de cette épreuve.

À 24 ans, lorsque mon premier enfant s’est annoncé, je savais que je ne voulais pas de péridurale, et surtout, pas d’épisiotomie — c’était ma hantise depuis que j’avais assisté à plusieurs accouchements et césarienne lors d’un stage en maternité : l’épisio est le geste qui m’a le plus choqué à l’époque.

Je savais que je voulais accoucher de manière naturelle, dans un environnement chaleureux et, par chance, à trente minutes de chez moi il existait une petite maternité qui proposait en salle nature de plonger dans un bain bouillonnant.

C’est là que nous sommes restés, toi et moi — un peu surprise de l’intensité des contractions — durant les trois dernières heures d’ouverture et de préparation au passage du bébé qui se préparait à naître.

Je serais bien restée là pour l’accueillir cet enfant, sauf que le protocole ne prévoyait pas la possibilité d’un accouchement dans l’eau. La sage-femme m’a donc incité à sortir lorsqu’elle a estimé que c’était le moment. Et j’ai « expulsé » bébé et placenta, assise sur un canapé, adossée au futur papa.

Cette première naissance a été merveilleuse pour moi. Merveille de découvrir mon fils — qu’est-ce qu’il était beau !

Ravie d’avoir échappé à l’épisiotomie. Fière de quitter la salle d’accouchement au bout de quelques heures, debout, en poussant le berceau à roulettes dans lequel dormait ce premier enfant, qui a fait de moi une mère.

Merci, mon corps, tu avais fait le job à la perfection, et pendant des années, la petite maternité ayant fermé entre-temps, j’ai pensé que je n’aurais plus jamais d’enfants : je n’imaginais pas possible de vivre un accouchement plus beau que celui que je venais de vivre là.

Et pourtant, seize ans et un long bout de chemin plus tard, la Vie nous a offert un cadeau presque inattendu : un nouvel enfant allait nous rejoindre à Noël.

Le projet d’un accouchement à domicile a mûri durant toute cette grossesse avec un seul frein, de taille : dans notre région aucune sage-femme n’acceptait de le pratiquer !

Ça n’avait aucun sens pour moi de me délocaliser pour accoucher dans une autre région, comme ça n’avait aucun sens non plus de me rendre à la maternité du CHU tout proche et de m’astreindre à rentrer dans des cases bien trop étroites pour moi désormais : avec ma vision d’un cadre au service de l’humain (et non l’inverse), qui met de la protection pour le plus vulnérable, je devenais de plus en plus exigeante.

J’ai fini par accepter, à contrecœur, un compromis avec une sage-femme qui allait inaugurer avec nous un nouveau protocole d’accès au plateau technique.

Une grande première dans la région, une ouverture de la part des professionnels de l’obstétrique… mais pas suffisant pour moi qui était tiraillée entre mon cœur qui me soufflait « tu peux le faire, seule, chez toi » et ma tête (et celle d’une grande majorité de celles et ceux à qui je confiais cette étrange intuition) pleine de doutes.

Alors il arriva que, la poche des eaux ayant percé la nuit de Noël, nous avons appelé la sage-femme au petit matin. Elle a constaté que le bébé allait bien et, le col étant encore fermé, elle est retournée à ses occupations, jusqu’à ce que mon mari la rappelle, quatre heures plus tard, pour lui demander si c’était normal que je perde un peu de sang.

A ce moment-là, j’étais sous la douche, traversée par des contractions de plus en plus intenses, quand j’ai senti, sous ma main la tête du bébé qui se présentait, et une irrépressible envie de pousser…

J’ai eu le temps de sortir de la douche, et de m’accroupir, suspendue au lavabo de la salle de bain.

Mon mari a posé le téléphone, la sage-femme au bout du fil tentait de nous diriger, peine perdue. C’est toi, mon corps, qui a pris les commandes. Et trois contractions plus tard ma fille était là, dans mes bras, et nous étions tous les trois à la fois surpris, chamboulés et fiers de cette arrivée à la maison inopinée, tellement imaginée que ça en paraissait presque irréel de l’avoir vécu en vrai.

La suite fut moins drôle, avec un transfert à la maternité que je ne voulais pas, que je ne sentais pas nécessaire « laissez mon corps faire ce qu’il a à faire » au lieu de déverser sur moi, ouverte à 200 % vos peurs de « professionnels » qui craignent plus que tout l’hémorragie de la délivrance.

Pardon mon corps parce que ce jour-là, après ce que nous venions de traverser ensemble, j’ai choisi d’accepter la révision utérine, et l’anesthésie qui va avec, pour LES rassurer et avoir la paix.

Les trois années qui ont suivi, ont été des années de guérison profonde et de transformation, des années de documentation aussi, sur la physiologie de la naissance, de rencontres et de partages avec d’autres femmes ayant vécu un accouchement non assisté (ANA).

Et puis, mon corps, tu m’as fait la surprise d’un troisième enfant. Et là, c’était clair et évident qu’il naîtrait à la maison, avec personne d’autre que son père et moi.

Après tout, quand nous l’avons conçu il n’y avait aucun « professionnel de la conception » dans notre chambre pour nous dire comment procéder !

Je me suis préparée à accueillir ce bébé dans la confiance et dans l’amour. J’ai travaillé à enlever une à une toutes les peurs qui pouvaient subsister. Et surtout j’ai appris à faire un pas de plus dans l’écoute de ton langage, c’est à dire lâcher-prise, ne rien vouloir de toi, juste te suivre, être avec, sourire et te laisser mener la danse : la naissance de cet enfant fut d’une simplicité et d’une fluidité sur tous les plans.

Il est né à la maison, la seule nuit depuis trois ans et demi où sa sœur a dormi d’une traite sans se relever, il est né dans la douceur et la présence de moi à lui, de moi à moi, de mon homme à moi, à nous, il est né dans le sacré de l’énergie de sa conception, dans le lit de l’amour qui a permis sa venue. Il est né divinement, tendrement, magnifiquement. Et son placenta l’a suivi quelques heures plus tard.

Merci mon corps de femme, parce qu’avec toi par trois fois, j’ai approché le mystère de la Vie et de la Mort d’une façon magistrale.

Lorsque pour la première fois tu t’es ouvert, si grand qu’une tête de bébé, puis son corps entier ont pu glisser hors de moi, c’est ma conscience qui s’est élargie en même temps que mon bassin.

L’empreinte qu’a laissé mon fils au passage, c’est un temps hors du temps, un espace hors de l’espace, comme un fil tendu entre la vie et la mort et la conscience que tout peut basculer d’un côté ou de l’autre, à chaque instant.

Voilà où j’étais au moment où j’ai senti la brûlure, le « cercle de feu », qui annonçait l’atterrissage imminent d’un nouvel être sur la terre.

Merci mon corps de Femme, parce qu’avec la naissance de ma fille seize ans plus tard, j’ai su que tu avais toutes les ressources en toi. Que tu es fait pour donner la Vie, et que la seule limite à ta puissance créatrice, c’est la peur et les croyances qui en découlent.

Ma peur, et celle de tous ceux qui t’entourent à ce moment crucial. J’ai senti la puissance de la lionne, et l’importance de protéger le processus à l’œuvre de toute intervention extérieure. J’ai capté la nécessité d’un masculin présent, confiant, à l’écoute et protecteur qui ne laissera personne te détourner de ce que tu es en train de manifester.

J’ai mesuré la force de l’attachement, et j’ai plongé encore plus au fond de mes tripes où se joue l’essentiel.

Merci mon corps de Femme, parce qu’avec l’arrivée de mon deuxième fils, il y a presque deux ans, j’ai senti, dans toutes mes cellules, ce que veux dire « vivre l’instant présent ». Pendant trois heures j’ai lâché les commandes, et j’ai baigné dans une vibration d’Amour Absolu.

J’ai perçu au plus profond de moi, ce que Confiance veut dire. J’ai observé la lumière me traverser à mesure que tu t’ouvrais, mon corps, et que mon enfant s’approchait.

Ma conscience s’est déployée avec une gratitude infinie. J’apprends depuis à l’intégrer petit à petit dans ma vie de tous les jours.

Je suis passée de la maîtrise de mon corps au lâcher-prise et à l’obéissance. Et ce mot qui jadis me faisait hurler et bondir, aujourd’hui je l’écris avec la conscience de tout ce qu’il contient de grâce, de créativité et de liberté.

Merci mon corps de Femme parce que tu m’as permis de sentir la Joie Absolue et la Puissance de l’Amour.

Désormais, je sais que tout cela existe et bien plus encore, et je sais que je suis venue sur terre pour l’incarner jour après jour, avec toi mon corps, et dans toutes les dimensions de mon être.

Delphine Ravaux-Lefavrais

Site internet : www.delphinelefavrais.fr

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