Véronique, un jour, m’a écrit pour me demander de lire un de mes textes lors d’un congrès médical…
Quelle ne fut pas ma surprise que mes textes puissent être lus devant ce public…
Voici son témoignage touchant.

Lorsque j’ai découvert le poème « Sortir de la souffrance » de Caroline Gauthier, j’ai été bouleversée.

C’est exactement ce qui se trouvait au plus profond de mon Être. J’ai eu la sensation qu’il avait été écrit pour moi.

En mai dernier, je suis intervenue à un congrès paramédical à Angers, non pas en tant que soignante, mais patiente. Et oui, en tant que patiente greffée d’un rein en avril 2016.

La greffe s’étant déroulée parfaitement bien dès le début, ce fut un grand honneur pour moi que la psychologue du service de néphrologie-dialyse-transplantation me demande de témoigner.

L’envie de partager mon expérience de patiente et de transmettre ce beau poème qui me parle tant a vite été une évidence. Il a d’ailleurs suscité de vives émotions chez le public.

Intervenir à un congrès fut une magnifique expérience, cela donne tellement de sens à toutes ces souffrances endurées depuis juin 2010, période à laquelle j’ai appris mon insuffisance rénale chronique soudaine et irrémédiable.

Femme active, mariée à l’époque, maman de deux adolescentes, ce fut un véritable tsunami dans ma vie. Tout a basculé du jour au lendemain, une terrible épreuve à laquelle je ne m’attendais évidemment pas, où je perdais toute maîtrise, je n’y comprenais absolument rien.

J’ai donc été inscrite sur liste d’attente de greffe en septembre 2011 et là encore, un nouveau tsunami puisque l’on me découvrait un problème carcinologique à un sein. J’ai donc été placée en contre-indication temporaire (CIT).

Après dix-huit mois seulement, les médecins ont levé la CIT et se sont faits très insistants pour la transplantation. Dire « OUI » au projet de greffe m’était alors extrêmement difficile.

Du côté médical, toutes les conditions étaient réunies, mais de mon côté, il y avait un blocage, comme une nécessité absolue de prendre mon temps.

Je voulais et devais comprendre ce qui bloquait. L’écriture m’a aidée à poser les choses, fut libératrice et me fit prendre conscience que ce bouleversement de vie venait dire des choses.

Ne dit-on pas « la maladie, le mal a dit » ?

Que voulait me dire mon corps qui me mettait à l’arrêt, au repos le plus complet ?

Qu’allait-il ressortir de tout ça ?

Je réalisais, petit à petit, que ma vie telle qu’elle était avant que la pathologie survienne ne me convenait plus véritablement. J’avais l’impression de ne plus être en phase avec ce que je vivais et qui j’étais réellement au fond de moi.

Alors, j’ai écrit un texte relatant parfaitement mon cheminement et que j’ai appelé :

Ma traversée du désert

J’étais donc dans le désert portant une valise lourde, devenue bien trop lourde pour moi.

Valise que j’avais d’ailleurs eu bien du mal à boucler, car je souhaitais tout emmener avec moi et ne me séparer de rien.

Puis la maladie est arrivée et à donner un grand coup de pied dans cette fameuse valise, elle a explosé, tout son contenu s’est dispersé sur le sable.

J’étais anéantie, désemparée, complètement perdue, j’avais envie de hurler, mais à quoi bon puisque personne ne m’entendrait…

Alors faire le tri était devenu inévitable, je le savais fort bien.

Qu’allais-je devoir laisser ?

Que voulais-je emmener ?

Qu’est-ce qui m’était devenu essentiel ?

Comment voulais-je poursuivre ma route ?

Je devais faire des choix, laisser aller ce qui ne devait plus faire partie de moi, emporter ce qui m’était indispensable.

Ce fameux coup de pied, au combien douloureux pour moi, aura déclenché la colère. Je m’étais donné tant de mal à bien ranger ma valise afin que tout puisse y rentrer.

Une fois mes choix effectués qui, sur le moment me paraissaient insurmontables, m’ont permis plus de visibilité concernant mon avenir et de trouver le chemin que j’allais désormais emprunter.

À mon grand retour du désert, j’avais la force de dire « OUI » à la greffe, « OUI » à la vie !

Le hasard n’existe pas, certains évènements de vie sont là pour nous bousculer et nous faire évoluer.

Alors MERCI à la vie !

 

Je pense que la transplantation s’inscrit, en effet, dans une histoire, des événements de vie, qui s’ils ne sont pas pris en considération ni reliés peuvent venir parasiter l’expérience si particulière d’une greffe.

La transplantation que j’ai reçue m’a permis une véritable renaissance. Je vis chaque nouvelle journée tel un cadeau.

Véronique LEBRETON

Contact : linstantpresent49@gmail.com