A l’époque, j’avais la croyance que parce que j’allais faire tout correctement, j’allais recevoir une rétribution : celle de mes parents qui m’auraient donnée une dose d’amour parce que j’aurais été à la hauteur de leurs attentes, celle de mon patron, celle de mes enfants, et pourquoi pas même une rétribution divine !!!

Alors parce que j’avais cette croyance, j’ai tout BIEN FAIT ! PARFAITEMENT !

J’ai passé un bac + 12 en étant major de promotion avec la mention bien… Impec

J’ai travaillé dans un poste où j’allais chercher des entreprises à l’autre bout du monde pour les installer en France… Top non ? 

J’ai épousé un bel homme qui brillait de partout ; j’ai acheté une maison avec piscine et un 4X4 ; j’ai élevé mes deux enfants… Pas mal, hein ?

J’y ai mis toute mon énergie. J’ai travaillé comme une forcenée.

J’ai donné tout ce que j’avais comme temps pour faire bien tout ce qui m’était demandé : j’étais une bonne professionnelle, une bonne épouse, une bonne mère… une bonne à tout faire quoi . sic…

« Quand on veut, on peut ! », tel est le dicton , non ?

L’image d’Épinal était parfaite… J’avais 10 sur 10 sur le papier…

Quel fut le résultat d’une telle entreprise entamée depuis des années ?

L’écroulement total :

  • Mon corps a explosé de bon matin.
  • Mon mari s’est barré un bon matin.
  • Mon patron m’a virée un bon matin.
  • Les huissiers sont venus taper à ma porte un bon matin.
  • J’ai tout perdu, un bon matin.
  • Je n’avais plus rien un bon matin.

Quelle incompréhension !!! Moi qui était si parfaite !!! Pourquoi cela arrivait à MOOOAAA !!

J’ai hurlé vers le ciel, comme si quelqu’un pouvait m’entendre :

« MAIS ENFIN, J’AI TOUT BIEN FAIT !!! » « CE N’EST PAS JUSTE » «  AVEC TOUT CE QUE J’AI DONNÉ, JE DEVRAIS RECEVOIR !! »

Manifestement, ce n’est pas comme cela que cela marchait…

Face au dégât qui se tenait là devant mes yeux, je n’ai pas eu d’autres alternatives que de sortir une immense colère venue du plus profond de mes entrailles.

Moi la reine du contrôle, j’ai à cet instant précis, plus rien maîtrisé du tout !!!! On aurait dit une DINGUE !!! ARGGGGG !!!

Cette colère s’est d’abord tournée vers les autres, les responsables de mon échec cuisant : patron, huissier, société, mari….

Puis, épuisée, au milieu de ma rage et de mes sanglots… une évidence s’est imposée !

Cette colère, c’était à moi qu’elle était destinée, à moi seule qui AVAIS TOUT BIEN FAIT, au lieu de VIVRE et SENTIR ce qui était juste pour moi.

J’avais attendu toute ma vie de recevoir une rétribution d’amour, d’argent, de reconnaissance ; et j’avais tout fait ce qu’il fallait pour cela. Mais j’avais oublié une chose essentielle !

À aucun moment dans ma vie, je n’avais été présente à moi-même, à la vie qui circulait et qui palpitait dans mes cellules, à mes élans, à mes envies, à mes besoins.

MA TÊTE ET MES INJONCTIONS AVAIENT TUÉ LES ÉLANS DE MON CORPS, AU LIEU D’ÊTRE À SON SERVICE !

J’avais suivi des techniques ; j’avais rempli mes devoirs ; j’avais répondu à des injonctions mentales provenant de ma tête, au lieu de sentir ce qu’il y avait dans mon cœur et dans mes tripes…

J’avais construit à la sueur de mon front un édifice qui n’était pas le mien. J’avais essayé de faire pousser un arbre, sans savoir quelle était sa graine initiale. Pas étonnant que personne ne veuille de mes fruits ! Ils étaient exsangues, sans sève, sans nutriment !

Je n’étais pas dans ma nature ; et la nature c’était donc chargée de faire le ménage pour me mettre en lien enfin avec mon moi profond…Dieu, le ciel, la nature, l’intelligence cosmique avaient donc oeuvré en ma faveur en détruisant tout !

Voilà une sacré découverte !!!

Le Roman « Au Nom du Corps » témoigne de cette renaissance douloureuse et magique : Cliquez-ici pour voir les commentaires du roman

Aujourd’hui, je dis merci à cette crise sans précédent qui a su me mettre dans mes racines.

Je suis aujourd’hui dans ma vie, dans mes pieds.

N’est ce pas là le sens de toute crise ! De nous remettre à l’endroit ? et de détruire ce qui n’est pas en lien avec la nature ?

Aujourd’hui, je ne suis plus parfaite… au risque de paraître suspecte ou même complètement dingue !

J’ai eu beaucoup de mal à assumer les écrits de mon livre qui peuvent paraître complètement hallucinants pour les gens de mon entourage qui sont eux très cartésiens… Mais justement ! Aujourd’hui, j’accepte de ne pas TOUT BIEN FAIRE ! ET J’ACCEPTE DE PARAÎTRE SUSPECTE ! Cela fait un bien fou de ne pas faire ce qu’il faut, mais d’ÊTRE JUSTE VIVANTE !

Et quand je me surprends encore à VOULOIR TOUT BIEN FAIRE, je hurle face à la lune ce poème.

 

« ELLE A TOUT BIEN FAIT »

Elle écoutait ses parents pour être aimée.

Elle avait dix sur dix et travaillait toute la journée

Elle achetait des livres qui lui parlaient de spiritualité, d’unité, d’émotions positives, de lumière et d’amour inconditionnel.

Elle essayait de toutes ses forces d’être parfaite, et de l’atteindre ce ciel que ces récits décrivaient !

Elle essayait de gommer ses ombres, pour atteindre cette lumière.

Elle essayait d’être joyeuse alors qu’elle était souvent triste.

Elle essayait d’être linéaire alors que tout en elle n’était que chaos et tsunami.

Elle essayait d’être calme alors qu’elle sentait la tempête.

Elle tentait de répondre à ce que ces sages écrivaient.

Mais, plus elle lisait, plus elle essayait ; et plus elle échouait.

Elle restait immuablement humaine et duale, avec ses émotions paradoxales.

Elle était l’inverse de tout ce qui était écrit.

Et s’écroulait donc accablée et accroupie.

Pourquoi donc n’était-elle pas parfaite comme tous ces gens qui savaient, qui étaient des êtres illuminés et éveillés ?!

Épuisée, elle alla se coucher et se mit à rêver.

En songe, elle vit une grande salle : d’un côté des hommes cravatés et même certains sages ; de l’autre des musiciens, chanteurs et poètes délurés dans un vaste bordel coloré.

Les cravatés ne pouvant tolérer une telle pagaille partirent sur le champ !

Et il ne restait dans cette salle que tous ces gens étonnants !

Surprise au réveil elle comprit.

Elle mit de côté tous ses livres, et décida de vivre !

Elle accepta alors toute son humanité, ses sautes d’humeur et son cœur parfois fermé.

Elle accepta toutes ses parts et sa dualité !

Et grâce à cela, elle trouva enfin son unité.

Son cœur s’ouvrit alors en corolle, car elle ne jouait plus aucun rôle.

Pour une fois elle s’aimait, même si rien n’était parfait.

Elle aimait même tout ce qu’elle avait tant cherché à masquer toutes ces années.

Elle arrêta donc de se faire violence, et entra dans sa propre danse.

Elle n’écouta plus les savants, mais son élan vibrant.

Elle devint une femme sauvage capable parfois d’être en rage.

Elle pouvait pleurer, car elle en connaissait la beauté.

Elle accepta sa nature de femme cyclique, et devint magnifique.

Elle comprit que tout ce qui vivait en elle était divin, et la lumière vint enfin !

Elle ne cherchait plus la perfection linéaire car elle sentit qu’elle était comme le mouvement de la Terre.

Elle dansait, chantait et riait maintenant de sa nature paradoxale et cyclique.

Et tout en elle était apaisé car il n’y avait plus besoin de chercher.

Juste sentir la brise des étoiles sur sa peau et écouter le cantique des oiseaux.

Elle était maintenant l’océan qui voyait ses vagues.

Elle était la conscience qui vivait ses émotions.

Elle était le divin qui vivait dans son corps humain.

Elle était l’espace infini qui vivait le temps fini.

Elle était le calme qui regardait ses tempêtes.

Elle était l’unité qui vivait sa dualité.

Tout en elle s’était réuni.

Et elle vivait sa vie

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CAROLINE GAUTHIER