Alexandra un jour m’a partagé son texte… J’ai aimé…
C’est avec évidence que je lui ai demandé si je pouvais le publier.
Elle est Nous… Nous sommes elle…
Ce petit bout de texte nous plonge dans ce que c’est qu’ÊTRE FEMME…
Merci à elle…

Reconnecter.
Etre une femme, être la femme, en étant toutes les femmes…

Comment suis-je devenue celle que je suis ?
Pourquoi je ne suis pas une autre ?
Qu’est-ce qui est précieux en moi ?
Qu’est-ce qui est précieux en nous, toutes ?
C’est quoi être une « vraie » femme ? Est-on sensées choisir ? Peut-on changer d’avis ? Si oui à quel moment ?

 

Voici quelques-unes des questions, parmi les millions, que je me pose régulièrement sur ma féminité complexe.
Etre cette femme de l’Afrique et toutes les femmes que je veux être, et que je suis au fond déjà. Mais l’être de façon simultanée.
Etre toi, être moi, d’ici et de là-bas.
Etre tout ça…

Je voudrais bien…
Mais comment fait-on ? Soupir… Pas la moindre idée…

Ces derniers mois, j’ai alterné, de façon consciente, entre la femme amante et la mère de deux enfants.
Je n’étais jamais vraiment moi complètement car je compartimentais minutieusement. Lorsque j’étais l’une, je pensais à quel point il me tardait d’être l’autre et inversement.
Éternelle insatisfaite ? Éternellement incomplète ?
Non, juste un mode d’emploi manquant.
Faute d’avoir quelqu’un sous la main pour me filer son pdf, me voilà en quête pour le créer moi-même.

J’ai bien compris les blogs et magasines et leur injonction libératrice « être mère » en restant « femme » et inversement. J’ai bien compris ça, là-haut, dans ma tête.
Mais dans le concret de ma vie, dans mon corps, dans mon cœur, au fond de mon ventre…  A ces endroits-là, quelles sont les femmes qui bougent en moi ? Elles deux seulement ? D’autres encore ? Et comment les vivre toutes sans se sentir, tour à tour, vide ou coupable ?

Alors voilà l’histoire de mes femmes.

Quand mes bébés ont fait de moi une maman, j’ai été tellement fière que je n’ai plus songé à la beauté d’être la femme d’un homme. Avec du recul, j’en revendique le droit.
C’était un temps nécessaire pour faire connaissance avec la nouvelle part de moi qui venait d’émerger, dans la magie de la vie.
Je me connectais pour la première fois à ma puissance de femme, à la puissance de mon corps à donner la vie, à nourrir la vie, à sentir la vie.
Je comprenais instinctivement et spontanément la beauté de la chair et la beauté du sang, le mien et le leur maintenant.
Je plongeais délicieusement pour et par l’amour de mes si précieux enfants.
Je comprenais également le poids de l’éducation reçue et de l’éducation que j’allais leur donner.
A corps perdu je me suis donc lancée dans une profonde réflexion sur la parentalité. Et je me suis mise à faire mon possible pour déconstruire les automatismes éducatifs qui ne me plaisaient pas afin de donner du sens à chacune des interactions avec mes enfants. Ces années-là se remplirent de cela, de la joie de leurs rires, de leurs joues rondes, et des plats bio que je voulais apprendre à leur offrir.
A la MÈRE qui donne la vie s’ajouta le rôle d’ÉDUCATRICE, de guide pour que nos vies ne soient rien de moins qu’uniques.

Et puis le jeu de la vie m’emmène, je traverse les épreuves.
Je ressens le devoir et le vouloir de protéger les bébés, de leur offrir le meilleur et de me bagarrer.
J’exige à moi-même de maintenir l’équilibre, de fournir un terreau suffisamment riche pour qu’ils poussent au mieux, fille et fils.
Et moi… je suis mère.
Dévouée et toute entière.
Voilà ma joie et mon péril.
Etre mère m’est essentiel mais cela ne suffit plus. Il me faut sortir de ce rôle unique, de cette case ou j’étouffe.

Ces expériences m’ont, en partie, menée à cheminer sans homme dans ma vie, sans homme dans mon lit. Et c’est le manque qui a jailli.
Soudainement je veux être cette femme… AUSSI.
De l’expérience de l’absence naît la reconnaissance du vide qui pourtant était là, bien avant ça.
Je me trouve face à face avec la nécessité de rencontrer de nouveau cette FEMME SAUVAGE, sensuelle, douce mais sexuelle, à la fois légère et brute, au plus près de sa nature.
Et quelle exaltation de réaliser qu’elle n’est pas loin.
Quel bonheur de toucher l’homme, celui qui la réveille brutalement de son rêve cotonneux. Quelle effervescence de retrouver la puissance de son bassin, le feu dans ses reins. Et le pouvoir quelle découvre… celui de faire tourner la tête des hommes, celui de pouvoir les choisir, celui de pouvoir en chasseresse, en mode louve, goûter celui-ci puis goûter celui-là. C’est la célébration du corps, et dans ce charnel état le bonheur de goûter le moment présent, complètement incarnée.
Cette femme, je la goûte et elle revit, enfin, elle AUSSI.

Au milieu de cette effervescence des sens, émerge timidement l’AMOUREUSE.
Je lui interdis le passage, ce n’est pas le moment. Mais elle force, dur.
Cette femme est intense, elle ne demande pas d’autorisation. Elle veut vibrer, elle doit vibrer, elle l’exige, alors elle vibre.
L’homme n’est pas l’élu mais elle le veut lui, elle est têtue.
C’est les « mensonges à soi-même », puis les « tu le vois bien qu’il n’est pas fait pour toi ». C’est l’envolée des sentiments, c’est la tête enfoncée dans le firmament et la légèreté de l’amour naissant qui se heurte violemment, brutalement, au principe de réalité.
Il est beau, il est fort, il est…, il est…, mais il est aussi plus libre que l’air. Insaisissable.
Et pourtant, elle l’aime lui sans réédition, mais elle s’aime elle du plus profond.
De la douleur naît l’amour, l’amour quand m’aime. L’amour malgré tout. L’amour qui sépare mais l’amour qui perdure car cette femme est pure.
L’amour de soi et l’amour de l’autre se mélange, il n’y a plus de début et il n’y a plus de fin. Cet homme, elle le laisse filer mais dans son sillage, au milieu de la poussière en nuage qu’a soulevé sa peine, elle découvre celle qui aime sans limites, celle qui peut donner ce qu’elle a de plus précieux, celle qui persiste et celle qui signe.
L’amoureuse intense, sans limites, aime à présent comme elle respire.
Elle me fait vibrer partout cette femme-là et elle me rend fière.
Alors je la cultive et je fais mon possible pour ne plus la perdre, pour qu’elle reste ici, elle AUSSI.

Puis de très près, suit la FEMME FRAGILE, la fille sans père, que la force physique de l’homme peut briser mais qui se trouve protégée dans les bras de l’homme en qui elle a confiance. Celle qui est démunie devant un pneu dégonflé, qui est fatiguée de lutter et qui veut une épaule pour pleurer.
La femme vide qui a besoin, besoin d’amour, besoin de soutien.
Elle a besoin d’accepter sa vulnérabilité pour la livrer à l’homme qui saura la combler sans en jouer. Cette femme fragile, les larmes aux yeux, se loge dans mon cœur.
Je l’aime et je l’accueille, AUSSI.

Mais j’exige d’être FEMME SANS HOMMES aussi.
Je suis Beyoncé qui dirige le monde, je suis de ces femmes au pouvoir émergeant.
Je suis femme de la terre et femme de la lune aussi.
Alors… cyclique et fertile, le mot acerbe, le mot pointu je suis la CRÉATRICE.
Après mes bébés c’est la femme qui fait naître des lignes, celle qui revit chaque émotion et ressent le besoin impérieux de les partager.
Celle qui se dit qu’elle n’est pas écrivaine mais qui, tout de même, écrit sa vie.
Sa vie elle la veut sur mesure, elle veut tout et sait que pour y parvenir il faut passer au mode créatif.
Elle a conscience qu’elle est à l’origine de tout ce qui l’entoure, elle ne sait pas exactement comment faire pour matérialiser tous ses rêves mais elle comprend aussi qu’elle est justement là, ici, pour ça.
Cette femme est là, de façon parfois encore translucide mais je la sens, là, elle AUSSI.

Et puis il y a la FEMME QUI SE MARRE, la bouche ouverte mais avec grâce, ou peut-être pas tant que ça.
Celle qui cherche les bons mots pour faire marrer les copines, celle qui adore l’irrévérence et les batailles de pieds sur le canapé.
Celle qui s’auto proclame « Trotrobelle » et qui adore se moquer d’elle-même.
Celle qui voit bien que l’univers la mène en bateau, qui trouve ça fun et qui dit « encore » en tapant des mains. Celle qui saute sur les lits quand les enfants ont le dos tourné, celle qui cherche des histoires drôles avec eux.
Celle qui fait des grimaces avec ses pieds, chouette elle est là, AUSSI.

La FEMME QUI VEUT CONTRIBUER et qui se dit que les galères vécues et les apprentissages récoltés pourraient aider, a bien sa place parmi toutes.
Elle aime écouter, tendre des mouchoirs, faire réfléchir et guider vers l’action. Elle qui aime les femmes, veut voir toutes les femmes s’accomplir et changer le monde.
Elle tâtonne encore pour savoir au mieux les aider mais elle apprend avec ivresse tous les jours que Dieu fait.
Je l’autorise tout doucement à émerger alors debout et bien ancrée elle se tient bien là, elle AUSSI.

La FEMME SPIRITUELLE qui a la tête dans les étoiles, qui récite des vers à la lune et regarde les pierres. Celle qui découvre que la mort n’existe pas, qui contacte son papa, qui parle à ses anges et demande l’aide de son guide qui lui souffle son prénom.
Celle qui entend des voix et qui médite sous un drap, qui entrevoit l’invisible, l’univers et ses lois.
Celle qui veut accepter de jouer le jeu sans connaître toutes les règles.
Au plus profond de moi, et loin dans le passé, à côté, devant moi, elle pousse cette femme-là. AUSSI

Et puis il y également la FEMME BUSINESS qui veut faire du cash et vivre l’harmonie.
Elle aime le confort et le revendique. Elle sait où elle veut vivre. Sa maison idéale et son futur cabinet qu’est-ce qu’elle les visualise. Les vacances en famille à l’autre bout du monde, déjà dans son cœur elle les fait vivre.
La femme sapée, la femme sophistiquée qui veut briller de paillettes et vivre dans les plumes elle débarque en talons, belle manucure, et tout ça elle assume.
En battante souriante elle fait sa place, elle AUSSI.

Je suis tout ça et puis il y a la marraine, la tante, la fille, l’amie, la sœur de cœur, la web copine.
Elles sont là, et je ne les lâche pas, elles AUSSI.

La Parisienne qui court les conférences, la Hyéroise qui a son sanctuaire au Mont Fenouillet, la Crauroise de naissance, la Française, l’Africaine.
Elles sont toutes là, elles AUSSI.

Je les vois, toutes ses femmes. Je les aime toute ses femmes.
Elles dansent autour de moi. Je veux les faire entrer en moi.
Je les aspire dans mon ventre et je suis elles et elles sont moi.

Dur pour un homme de suivre là, ici, au loin, plus loin là-bas.
Aime-la elle, non elle, ou non, attends, plutôt celle-là.

Car dans ma tête je suis trop, je suis toutes.
Ici, là-bas et tout à la fois.
C’est la ronde, le bazar.
On se rentre dedans elles et moi. On veut les mêmes choses elles moi, mais parfois… On se dispute, on cherche la priorité, la fluidité.
On regarde les autres femmes du dehors. Elles et moi on se demandent, et au moins sur ces points-là on est d’accord :
« Mais comment fait-on pour marcher, ensemble avec toutes nos jambes, et penser avec toutes nos têtes. Le sang qui coule entre nos jambes, qui vient d’ici, qui vient d’ailleurs comment on l’honore ? »

C’est ainsi que revient la question du comment. Peut-être avez-vous la réponse ?
En tout cas je décide pour l’heure, d’observer toutes celles que je suis, se succéder au-devant de la scène.
Sans que vraiment je ne le décide, elles se montrent à moi tour à tour.
Et plutôt que de me demander comment les contrôler je choisis de les laisser vivre comme elles viennent, toutes ses femmes, que je suis …

Et vous quelles femmes êtes-vous ?

ALEXANDRA TROTOBAS

 

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