LE COMMENCEMENT DE LA FIN : INTERVIEW D’ODILE CHABRILLAC SUR LA SORTIE DE SON ROMAN ( Cliquez ici )

Odile est une amie. Elle écrit de nombreux livres, passe à la Télé, reçoit dans son cabinet de Naturopathie… C’est une femme extraordinaire. Vous savez comment on s’appelle entre nous ? « Ma fée », pour une raison qui n’appartient qu’à nous. En fait, là, elle signe son premier Roman que je suis heureuse de vous présenter.

Êtes-vous prêts à lire le bouleversement que ce Roman propose ? En fait, ce livre commence… quand tout s’arrête : Plus d’électricité, plus de moyen de transport, ni de communication, plus d’argent non plus… Et vous que feriez-vous ?

C’est l’histoire d’un livre que j’ai longtemps porté. Je l’ai écrit il y a plus d’une dizaine d’années, puis j’ai fini par le mettre de côté, pour le jour où ce serait juste pour moi de le retravailler.

Initié en Arizona, en une nuit, il correspond aussi à une période de ma vie qu’il fallait que je pacifie. Pourtant je ne l’ai jamais oublié. Comment aurais-je pu ? L’actualité ne pouvait que m’y ramener : le tsunami en Asie du Sud-Est a eu lieu après son écriture, les attentats de Paris, de Bruxelles aussi alors que j’y évoque des évènements similaires… Les quelques lecteurs qui m’avaient fait l’honneur de s’y plonger m’en reparlaient alors à chaque fois avec étonnement et enthousiasme, évoquant une éventuelle prémonition, m’enjoignant de tout faire pour qu’il soit édité.

Mais je savais qu’il fallait que je reprenne son écriture, que je l’améliore. C’était mon premier livre, un roman qui plus est, et un roman vraiment spécial, anticipatif, écologique, initiatique. Non pas de la science-fiction, mais bien de la nature-fiction…

J’ai été très heureuse cet été de le retrouver, de prendre le temps d’écouter ses mots, leur musique, de les ajuster.

Ma vie depuis a tellement changé : j’étais journaliste, je vis maintenant la moitié du temps à la campagne, je soigne avec les plantes, j’ai appris à jardiner, l’autonomie – en tant que capacité à s’éloigner d’un système qui me correspond de moins en moins -, me passionne de plus en plus.

Mais parallèlement, le dérèglement climatique semble s’emballer, le risque terroriste augmenter, nous sommes en pleine crise des réfugiés.

Je ne pensais jamais me retrouver à me demander s’il fallait fuir Paris ou rester. C’est arrivé. Alors, oui, je crois que ce livre a sa place aujourd’hui. Car il parle d’espoir aussi. Sommes-nous prêts à accepter de perdre un mode de vie pour nous tourner vers des habitudes plus respectueuses de la Terre, de la vie, des hommes aussi ?

Je ne sais pas si nous pourrons revenir en arrière, calmer le processus. Lorsque je l’ai écrit, il était encore temps de se ressaisir. Peut-être. Aujourd’hui, il se peut qu’il soit déjà trop tard.

Je ne pense pas que l’humanité va disparaître. Mais je pense que les générations futures ont du souci à se faire. On verra. J’ai coutume de dire qu’il faut danser sur le Titanic. Célébrer la vie, faire du mieux que l’on peut malgré les difficultés, l’inquiétude ou la peur, faire notre part, appuyer de tout notre poids sur la balance. Ce livre parle de ça. Ensuite, effectivement, on verra.

En fait, ce livre commence… quand tout s’arrête : Plus d’électricité, plus de moyen de transport, ni de communication, plus d’argent non plus…Je m’étais souvent interrogée de ce qu’il faudrait faire dans ce genre de circonstances. Comment je réagirais, moi avant tout. C’est tout le cheminement, tout ce bouleversement qui est évoqué.

Il pose aussi plus profondément la question de ce qui donne sens à nos existences, de comment survivre, puis vivre, comment créer du lien hors de nos habitudes dites modernes, comment remettre les choses à leur place peut-être. Retrouver nos priorités. Je pense que nous les avons perdues et que cela risque de nous coûter cher, voire très cher.

Il souligne l’importance de valeurs comme la sobriété, la solidarité, l’écologie. De sortir de cette fuite en avant que nous propose la société dans laquelle nous vivons et de s’interroger sur les solutions pour ne pas nous retrouver dans la situation de l’héroïne de ce livre, lorsque celui-ci commence :

« La fin est proche. Le compte à rebours a commencé. Je sursaute brusquement dans mon lit. Qui a crié ? Je m’assieds. Retrouver mes esprits. Respirer. D’abord penser à respirer. Surtout, ne pas paniquer. Rien. Pas un bruit. Dehors, le silence est immense. J’ai peut-être rêvé. Juste un mauvais rêve. Impossible, c’est sûr, de me rendormir. A quoi bon essayer ? L’homme de la Sécurité Civile est passé en début d’après-midi. La majorité des gens d’ici était déjà partie. Il n’arrêtait pas de répéter qu’il fallait évacuer la ville avant vendredi. Vendredi ? Ça fait toujours deux jours. « … Mais le plus tôt sera le mieux, a-t-il ajouté. Il faut que nous puissions assurer votre sécurité ». J’ai ri. A tort peut-être. Je n’imaginais pas ce petit homme en train de me protéger. « Le plus tôt sera le mieux », répétait-il avec cet air sérieux que les circonstances exigeaient. Pour autant, il était incapable de répondre à la moindre question. Il ne savait rien. Personne ne savait rien. Ni ce qui se passait. Ni où il fallait aller. Juste qu’il fallait partir. Fuir. (…) »

ODILE CHABRILLAC

Auteur du Roman Initiatique, « Le commencement de la fin » : Cliquez ici