J’ai rencontré Hervé, il y a 10 ans. C’est devenu un ami intime, un frère.
Il est spéléologue, guide de haute montagne… Il m’accompagne dans les stages que j’anime en pleine nature. Il apporte cette touche masculine, cette force tranquille qui sécurise tout en douceur… C’est une personne que j’aime particulièrement et que je me fais une joie de vous faire découvrir ici à travers son roman.

J’ai consacré plus de 40 ans de ma vie à parcourir la montagne, courant toujours plus vite, plus loin, plus haut, jusqu’au jour où en 1989 une chute me cloua au sol.

Un atterrissage forcé me plaçant de la verticalité à l’horizontalité.

Me voilà devenu non pas un lézard des falaises, mais un rampant terrestre tributaire des chirurgiens qui en passant ont fait un travail merveilleux en rassemblant mes os à l’aide de vis et de plaques.

Me voilà super bionique, mais quand même couché sur mon lit d’hôpital durant plusieurs mois, ah oui, avec 2 fractures dans le dos en plus… et pesant tout au plus 40 kg.

Me voici à l’état de larve, ne pouvant plus bouger, si ce n’est un bras que j’allongeais souvent pour tirer le signal d’alarme afin d’appeler l’infirmière à cause des douleurs atroces que je subissais.

De morphine en morphine, d’hallucinations en hallucinations, mon corps et mon esprit essayaient tant bien que mal de retrouver son équilibre.

J’en passe et des meilleurs… j’écrirais peut-être ou pas un livre de cette malheureuse et douloureuse aventure qui s’est étalée sur 10 ans.

Aujourd’hui, je ne suis pas là pour parler de ça. Cet épilogue sert juste à planter le décor, simplement pour exprimer que la chute a quelques fois du bon, en tous cas pour dire haut et fort « stop ».

« Écoute-toi, écoute-toi… »

J’ai maintenant 53 ans et, malgré les aléas de la vie, je suis dur d’oreille ou bien « bouché ». À vous de voir… j’ai récidivé encore et encore, à ne pas écouter ma partie féminine qui hurlait « Stop, arrête — toi, écoute-moi… écoute — toi ! »

Alors toujours en quête de réponses, tantôt debout, tantôt couché, mais toujours là avec l’espoir qu’un jour ou l’autre je sortirais vainqueur de ce cauchemar, je me suis mis à entreprendre une descente dans les profondeurs de l’enfer, ce que certain nomme « el diablo », le féminin !

Enfin, c’est l’image que j’en avais…

Pour moi ce fut les grottes, le retour à la matrice féminine, le début intra-utérin, la grossesse, l’accouchement, les 9 mois de traverse périlleux qui pour moi dureront en fait 9 ans. Dur, dur à déboucher le mec !

Il y a toujours du bon dans chaque expérience. Pour moi cela a été la traversée des grottes de plus en plus longues, de plus en plus noires, de plus en plus étroites, de plus en plus… et toujours seul, avec l’espace et le temps qui à l’intérieur se distordent, jusqu’à toucher l’intemporel.

De là, plus rien. Juste le vide et rien que moi dans le cosmos et oui dedans c’est le tout, le cosmos en quelque sorte, l’univers, la lumière originelle, les origines… Alors on se faufile… traversant encore ses peurs les plus profondes, sa grandeur, sa lumière si étincelante qu’elle fait mal aux yeux…

Tout à coup, tout s’éteint, le mental se tait, je suis là avec moi, tout seul, sans peur, je suis avec le monde, avec toi, avec nous.

C’est ainsi que de ce « nous », j’ai fait un accompagnement, j’ai compris que je devais partager ce vécu, j’avais trouvé un moyen de libérer les peurs enfouies depuis le fin fond des âges, et plus encore.

À cet instant-là, je suis devenu en quelque sorte un pont vers l’autre côté, l’autre soi, plus paisible. Un pont pour qui veut l’espace d’un moment, entrevoir l’autre côté.

Voici une partie de qui je suis, de là où je viens.

Mais tout n’est pas fini loin de là. On avance encore et encore et on retombe et on se relève : la vie quoi… On apprend à être la tout simplement. On écrit, on sculpte, on se trouve et on finit par aimer qui l’on est.

Hervé SEMPERE

Auteur du livre BUGARACH – Porte multidimensionnelle de l’expérience sur terre