Par Sabryna Berthoud

 

Je suis devenue « ingénieur » malgré moi…

Voici ce qui pourrait qualifier une « errance d’aiguillage » !

Je m’explique. Enfant puis adolescente, j’étais plutôt une élève brillante. Alors selon les codes du système éducatif, j’ai écouté les conseils de mes paires : j’ai suivi « la voie royale » en faisant un bac scientifique. Et dans la logique des choses, j’ai ensuite fait des études d’ingénieur. Et pourtant, dès mon premier stage en entreprise, je sentais comme une distorsion en moi. Me retrouver dans un bureau, avec un cadre professionnel dont les relations humaines me semblaient fausses, fut pour moi une épreuve. Mes besoins de nature, de liberté et de me sentir « en lien » n’étaient pas remplis. Tantôt traversée par des envies de tout arrêter, je suis allée « jusqu’au bout », et ai décroché mon diplôme. La suite : un très bon poste de cadre au sein d’un grand groupe, qui m’offrait également des avantages inespérés qui m’ont permis de « tenir ». Car dès la deuxième année, je me sentais souvent traversée par un grand vide d’énergie. Assise devant mon ordinateur, je me retrouvais incapable de travailler. La motivation m’avait quittée. Je me sentais coupée de mes intuitions, de mon essence, qui n’avaient pas leur place dans ce milieu dans lequel les valeurs de performances ont bon droit. J’avoue qu’à cette période, pour ne pas craquer, je me suis éclipsée plusieurs fois pour aller lire au CE ou sortir dans le parc d’à côté !

J’ai tenu bon et ai continué ainsi 11 années. Une traversée du désert, durant laquelle j’ai été confrontée au harcèlement moral avec un supérieur hiérarchique. À l’occasion d’une mutation pourtant choisie, j’ai même expérimenté le fait de me retrouver jeune femme, cadre, au milieu d’un monde d’hommes que j’ai qualifié à l’époque de « vieux routards », dont le côté « macho » était bien affirmé ! Les quelques femmes-cadres, chefs de services présentes à l’époque, semblaient pourtant bien mener leur barque : j’admirai leur assurance et leur aplomb…mais quelque chose ne collait pas vraiment. J’avais cette impression de les voir jouer un rôle de femmes fortes, à la répartie impeccable, dans une dimension de dureté qui me gênait. À l’époque, je pensais que c’était moi qui ne rentrais pas dans le cadre. J’avais l’impression d’être le « Candide de Voltaire » : sans cesse ballotée par les flots de cette vie professionnelle que je ressentais comme bien froide, je m’accrochais, persuadée que cette expérience était pour moi l’occasion de mieux m’enraciner, et gagner en maturité.

Et puis à l’orée de mes 34 ans, un raz de marée a traversé ma vie. Licenciement, séparation du père de mes enfants après la naissance de mon deuxième enfant. Changement de cap. Reconversion professionnelle, qui m’a amené peu à peu à me rapprocher de mon essence. J’ai mis le turbo en participant à des stages de développement personnel. Tantra, biodynamique, thérapies humanistes et transpersonnelles ont rythmé mon cheminement, qui a trouvé la saveur que je cherchais depuis si longtemps. Je me suis orientée vers une formation de thérapeute, avec l’EPB (École de psychologie biodynamique), où je suis actuellement en troisième cycle.

Et le vide qui me traversait si souvent, avec le « qui suis-je ?! », peu à peu s’est comblé. Ce froid que je sentais au niveau de mon sacrum s’est réchauffé. Je me suis sentie vivante, dans mon corps, qui s’est réveillé. La femme qui sommeillait en moi s’est révélée.

La Femme…justement…c’est une des clés de voute de mon cheminement.

Je souris souvent en repensant à mes années étudiantes : l’école d’ingénieurs que j’ai choisie était à l’époque…réservée aux femmes. Créée dans les années 1920 par la première femme ingénieure de France, qui souhaitait donner leurs chances aux jeunes filles, pour que les femmes puissent avoir leur place dans cet univers de l’entreprise, à l’époque fermé aux femmes.

La présence des femmes m’a toujours été nourrissante. Protectrice également, car ma peur des hommes était bien tenace.

Il fut ainsi très naturel de me retrouver il y a quelques années, dans un cercle thérapeutique de femmes, et de m’y rendre de manière assidue. Puis de prolonger ce cercle avec des regroupements périodiques entre femmes. Et de participer à des stages entre femmes, de tantra notamment (avec Marisa Ortolan). À ce niveau là aussi, j’ai eu l’impression de me réanimer : mon corps, ma sexualité se sont réveillés. Mon côté mystique a pu mieux s’enraciner, mon mental et mes croyances ont laissé place à l’univers du ressenti, de l’intuition, enfin reconnu.

J’ai eu l’opportunité d’être formée par Nathalie Giraud (fondatrice de « Piment Rose ») et de proposer des réunions « sexy-shopping » : me voici face aux femmes, et avec elles à parler de manière simple et décomplexée de sexualité. Cette expérience a été une révélation. Je me suis sentie touchée et émue de voir à quel point nous, les femmes, sommes coupées de cette dimension du corps et de la sexualité ! Les tabous et les croyances sont tellement forts, que bien souvent, nous ne connaissons pas ou peu notre intimité ! Et nous donnons le pouvoir et la responsabilité aux hommes, qui eux sont en capacité de nous donner du plaisir (quand bien même nous nous l’autorisons !).

De fil en aiguille, ces réunions à vocation de « ventes » ont changé de teneur, et ont rejoint une dimension plus d’atelier, de conseil.

Et c’est à cette période, il y a deux ans, que je me suis sentie prête et en confiance, pour proposer des « Tentes Rouges » : inspirée des traditions amérindiennes, ces cercles sont un lieu d’échanges et de partages entre femmes, dans un cadre intimiste, tel un cocon, dans lequel on se sent sécurité, en « sororité », où chacune peut prendre la parole et être écoutée, dans le respect et le non-jugement. Un espace de créativité, d’expression et de ressourcement, pour mettre en résonance sa féminitude, pour s’enrichir les unes des autres de son vécu.

Au cœur du féminin sacré. En reliance avec notre essence de Femmes, où le corps et le divin sont reliés, et où le féminin a vraiment sa place. Pour reprendre des forces, reconnecter sa puissance. Et se sentir nourrie et plus solide dans le quotidien. Pour mieux rencontrer l’autre. Et mieux rencontrer l’homme.

Je suis actuellement facilitatrice de ces « Tentes Rouges » sur Aix en Provence (13) et Cadenet (84), et d’ateliers autour du féminin et de la sexualité sacrée.

Cette expérience est peu à peu étayée par mon cheminement, avec notamment l’apport de mon initiation de « Moon Mother » avec Miranda Gray (auteur du livre « Lune Rouge » et « La Femme Optimale »).

Ce cercle intègre ainsi les Bénédictions Mondiales de l’Utérus qui ont lieu 5 fois par an.

 

SABRYNA BERTHOUD

Thérapie psycho-corporelle en psychologie Biodynamique
Moon Mother – Cercles de Femmes et Ateliers autour du Féminin
Aix en Provence
06 63 17 71 80