Certaines personnes traversent des blessures… Elles en ressortent avec une profondeur indicible. Quelque chose d’impalpable qui vient nous toucher en plein coeur. Je viens  de recevoir ce matin un Courrier d’Anastasia Grima qui entame la formation « Au Nom du Corps » sur Internet. A ces mots, je suis traversée de part en part . Quelque chose de sacré transparait dans cet écrit. Avec sa permission je partage non sans une certaine émotion… 

Lundi 25 Janvier 2016

Chère Caroline, Je trouve courageuses dans votre formation (et vous avec) celles qui s’expriment sur ce qui est de l’intime sans savoir qui est en face…. Vos mots écrits sont des paroles porteuses de la puissance du verbe ! c’est évident et cela fait ( me fait) tellement de bien de les lire, et de les entendre ! J’ai fêté mes 63 ans le 12 janvier. Maman de trois jeunes adultes (37 , 35 , 32 ans) , mariée pendant plus de 30 ans avec un homme que j’ai aimé…. Dans l’attachement…. Une bombe, un tsunami, un ouragan en 2003 , j’ai mis 5 ans pour prendre la décision de divorcer. Je me sentais mourir à petit feu…

Professionnellement j’ai toujours été une fonceuse, une pionnière , une tête chercheuse… j’ai aimé ce que j’ai appris, vécu, exploré, réalisé. Treize ans infirmière, j’ai vécu la présence auprès de l’humain appelant à l’aide dans son corps de souffrance.

Ce métier , cette profession a été pour moi une école d’humanisme et d’humilité , riche de valeurs humaines et de découverte des ressources inestimables et souvent méconnues dont nous sommes porteurs. Puis cadre de santé pendant 10 ans j’ai aimé intégrer la méthodologie de la recherche , l’analyse systémique, jouer avec les concepts, cadres conceptuels….

Avec toujours l’humain et son développement au cœur de ma vie : Analyse transactionnelle, écoute active, psychosomatique, approches corporelles énergétiques… Et tant et tant…. J’ai découvert des univers qui m’ont permis de sortir d’une vision étriquée et sclérosante… décodage biologique, constellation familiale, psychogénéalogie, kinésiologie, eutonie (j’ai commencé jeune…).

Le corps vivant, oui j’aspirais à vivre cette cohérence entre mes aspirations, mes besoins, et mon identité de femme, de mère, de fille, d’amie… La motivation chevillée au corps j’ai repoussé les évidences, voulu apprendre à voir au-delà des apparences.

Mon fils ( le troisième de mes enfants ) a été un « propulseur » au-delà des barrières érigées par les institutions (familiales, médicales, éducatives). Pour l’accompagner j’ai osé tant et tant ( tout au long de mon chemin j’ai écrit , rempli des cahiers avec l’envie un jour de témoigner, de confirmer « oui ! l’énergie suit l’intention, oui ! le mouvement est la clé de l’apprentissage « Paul Dennisson » )….

Ce fut un long chemin, et ça valait le coup, pour lui, pour nous, pour moi !

J’ai interrogé, exploré la place du corps dans la relation de soin, dans la relation éducative, … J’ai accepté d’exprimer ma créativité, mon intuition, j’ai réalisé de nombreux projets avec succès… quand il s’agissait «des autres»… Et je me sentais heureuse de cela… Bien sûr je passe sur mon conditionnement de sauveteur, bien vérouillé par le modelage judéo chretien dont j’ai été pétrie et dont je me suis rassasiée à la hauteur de mes angoisses existentielles.

Ma foi me servait de rempart pour endiguer mes incertitudes existentielles et identitaires. J’ai quitté ma fonction cadre en 1997 pour m’installer en libéral comme formatrice indépendante et praticienne en relation d’aide. Je n’ai jamais regretté ce choix, une belle aventure humaine , riche et enrichissante… Là aussi j’ai beaucoup écrit (pour moi)

Dans ma pratique : reconnue, appréciée, mais toujours l’impression que ça ne suffisait pas , que je devais faire mieux et plus. Pourtant je ne compte pas les années de thérapie par la parole, mais aussi le passage par le corps.

Et ce divorce a été un arrachement. Je divorçais à mon corps défendant, moi la dépendante affective, je me coupais d’un être dont je ne voulais pas voir le comportement manipulateur narcissique ! C’était en 2008.

Ma traversée du désert, je l’ai faite en menant une double vie : la journée je continuais d’assumer mes engagements et la nuit venait la souffrance émotionnelle et s’ouvrait comme un vortex palpable contre lequel je luttais, alors, je cherchais désespérément de l’aide…EMDR, EFT, sophrologie, méditation, biodanza…. J’ai grossi.

Et j’entendais, « c’est normal …faire ton deuil, exprimer tes émotions, Hoponopono, tu retraverses tes blessures d’abandon, de rejet, de trahison, d’humiliation, d’injustice……J’ai écrit, écrit, …..pour exorciser, me désencombrer….

J’ai prié Le Sacré Cœur de Jésus, lu les Psaumes, cherché du réconfort , la consolation dans des retraites ignaciennes, bouddhistes . Et fin 2011 , des douleurs physiques nocturnes se sont installes, répétitives, selon le même schéma lorsqu’elles surgissaient … impossible de dormir, le ventre vrillé de douleurs qui me déchiraient jusque dans les jambes.

Je traverse depuis 2012 des étapes qui ont été très douloureuses physiquement ( diagnostics erronés de : coliques spasmodiques pendant près de 10 mois, avec des douleurs nocturnes terribles depuis le diaphragme jusqu’au bout des orteils….) et chaque matin « la paix retrouvée » dans mon corps,épuisée, je me pomponnais et reprenais le chemin de mes activités professionnelles (formatrice en communication et prévention des risques psycho sociaux en milieu sanitaire et social et aussi éducatif, ….).

Au fil du temps ces crises nocturnes se sont amplifiées en intensité et durée . Cette douleur nocturne dévorante, énigmatique avec laquelle j’ai cohabité pendant des mois m’a conduite à me présenter aux urgences le 24 décembre 2012, épuisée après une nuit particulièrement éprouvante, véritable torture.

Ma chance : un médecin qui m’écoute… ENFIN, qui sait lui que cela se nomme « douleurs positionnelles nocturnes » signe d’une compression de la moelle épinière! Et là IRM en urgence ….

Diagnostic : tumeur intracanalaire de 2,5 cm sur 1,5 cm compression de la moelle épinière en D10 D11 !!!! et une autre aventure commence, celle de la chirurgie, des traitements lourds, des complications….. j’ai là aussi rencontré le meilleur et le pire de l’humain!

L’écriture a été ma sauvegarde! je n’arrivais ni à visualiser, ni à méditer, ni a me masser, véritable zombie, pétrifiée par les coktails d’antalgiques puissants, moi qui ai toujours privilégié l’homéopathie, l’aromathérapie, la phytothérapie…. J’ai vécu le repli, l’isolement, le désert intérieur et même ma foi inconditionnelle qui m’a soutenu toute ma vie s’est éteinte. Et puis installée dans la dépendance aux corticoïdes, aux opiacés, vivant les effets secondaires je me sentais détachée de la vie.

En 2015 j’ai eu un sursaut, j’ai mis en place mes démarches personnelles et mes propres rituels et choisi un accompagnement thérapeutique en énergétique. J’ai réussi les sevrages en 6 mois, j’ai retrouvé ma capacité à penser , à éprouver des petites joies un jour après l’autre, un pas après l’autre, à retrouver la marche, et l’ envie de vivre.

Ré apprivoiser mon corps, retrouver le chemin de la présence intime même dans les zones encore insensibles.

Et puis chemin faisant parmi les belles ressources que la vie me propose, votre livre capte mon attention, par son titre… « Au Nom du Corps »

Je ne suis plus seule, et ma féminité blessée se sent rejointe par la communauté des femmes vivantes. Oui ! à vous lire, je sens en moi la femme sauvage qui se redresse , mais aussi la fée intérieure qui enfant parlait aux étoiles lorsqu’elle était triste. Votre écriture est animée et vous lire réveille la femme sensuelle qui a oublié qu’elle est belle , qu’elle a aimé rire et danser, caresser et être caressée .

Vos mots sont des invitations à la vie, et en moi la mamita aimante retrouve le goût de jouer avec ses petites filles et de s’émerveiller devant ces jeunes graines de féminité ! Alors oui le goulot d’étranglement dont vous parlez dans votre formation, j’y suis depuis un moment et le passage a été douloureux physiquement et l’est encore , ainsi qu’ émotionnellement.

Jamais je n’aurais imaginé vivre cela… Après mon chemin de vie , à 60 ans je me retrouve seule, à vivre tant de pertes et de détachements.

A 63 ans me voilà à ré apprendre et même apprendre que je suis en train d’accoucher de moi-même dans la douleur… c’est mon réveil ! Suis-je en train de sortir « pour de vrai » de la caverne de Platon ?

Je comprends en écoutant votre conférence sur le couple destructeur versus couple créateur que j’ai nourri le Soleil et l’Air en moi , en laissant se flétrir l’Eau et la Terre en les négligeant , en ne leur accordant pas toute l’attention légitime, alors même que je croyais m’en occuper.

J’ai manqué de générosité envers moi-même. Parce ce que vous vous offrez cette permission de dire, vous favorisez que chacune d’entre nous sorte de sa tanière, jette sa peau de camouflage pour oser rayonnante entrer dans la ronde de la vie et danser sa musique . Mes intentions du premier jour de formation restent d’actualité avec en plus la permission de vous dire MERCI Caroline…

Avec ma gratitude,

Anastasia GRIMA.